Concours de la fonction publique : diplômés, l’étau se resserre.

  • 11/09/2013
  • Source : Nord-Sud

Suspendus pendant la période post-crise, plusieurs concours de la fonction publique ont été relancés cette année. Mais la sélection des candidats est de plus en plus rigoureuse. Dur, dur d’être fonctionnaire ! Le nombre de places disponibles aujourd’hui dans les concours de la fonction publique s’est réduit comme peau de chagrin. De sept mille pour l’Ecole normale supérieure (Ens) (Ndlr : dans les années 2002) on est passé à 2.500 places en 2013, selon un informateur à l’Ens. Notre interlocuteur précise que le concours n’a pas encore été lancé.

L’arrêté se trouve pour le moment sur le bureau du ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Mais là encore, il a fallu batailler dur au niveau de l’Ens pour obtenir l’ouverture de ces épreuves. Du côté de l’Ecole nationale d’administration (Ena), le nombre de places disponibles a basculé de mille environ (Ndlr : en 2009) à 250 à ce jour…pour onze mille candidats inscrits. Le site de l’Ena a dû faire face à une avalanche de postulants devant le taux de chômage que connaît le pays. Le concours d’entrée au Centre d’animation et de formation pédagogique (Cafop) a, lui, été ramené au niveau du baccalauréat, entrainant du coup l’exclusion de milliers de candidats détenteurs du Bepc.

Beaucoup parmi eux se sont donc tournés vers la police et la gendarmerie. Mais là également les recrutements ont été revus à la baisse. «Dans les années 2000, le nombre d’élèves gendarmes de Toroguhé et d’Abidjan tournait autour de 1.300. Aujourd’hui, on atteint les mille difficilement », indique une source au ministère de la Défense. Devant toutes ces restrictions, de nombreux Ivoiriens sont à l’affût des concours sectoriels organisés au sein des ministères. Comme celui lancé en ce moment par le ministère de la Fonction publique et qui concerne le recrutement de chauffeurs exerçant dans les cabinets ministériels.

Le travail est plutôt… « modeste » et le nombre de places très restreint (Ndlr : une quarantaine), mais ont-ils le choix ? Pour ces nombreux diplômés sans emploi, l’horizon s’assombrit de jour en jour. « Les entreprises n’embauchent plus. Et si on ne peut plus compter sur les concours, je ne sais pas ce que nous allons devenir », se lamente Doukouré Stéphane, titulaire d’un brevet de technicien supérieur (Bts) en gestion commerciale depuis 2004, et sans emploi. Plusieurs diplômés comme lui traînent encore sur le carreau depuis plus d’une dizaine d’années, avec pour seule consolation l’idée d’avoir fait de hautes études. Ils se font vieux et la porte d’accès à l’emploi se verrouille chaque année avec un cadenas de plus.

«Le gouvernement nous demande d’entreprendre, mais les structures de financement de projets se contentent de recenser», dénonce Amadou Koné, détenteur d’un maîtrise en droit, également au chômage depuis une demi-douzaine d’années. Koné a 32 ans et se demande si son âge lui permettra, l’année prochaine, de postuler à un concours.

Raphaël Tanoh