Ce que le régime prépare pour casser le FPI

  • 12/09/2013
  • Source : Nouveau Courrier

Les vieux démons sont de retour. Comme ce fut le cas en 1992, et après le 11 avril 2011, une stratégie semble mise en oeuvre par le régime Ouattara - qui voit d’un mauvais oeil le retour en force d’Affi N’guessan et ses camarades – pour décapiter le parti. Par la manière forte.

«FPI : ce retour des faucons qui menacent la réconciliation». Tel est le titre d’un quotidien de la place, que le porte-parole du Rassemblement des républicains (RDR), Joël N’Guessan, reprend à son compte dans une déclaration dont Le Nouveau Courrier a obtenu copie.

L’homme politique qui dit réagir aux propos d’Affi N’Guessan lors de la passation de charges qui a eu lieu samedi, au siège provisoire du FPI à Attoban, soutient que «depuis la réinstauration du multipartisme en 1990, la logique politique du FPI, c'est la négation permanente des réalités et des évidences avec en toile de fond la lutte synonyme de violence (verbale et/ou physique) »

Diabolisation. Le ton ainsi donné, et c’est tout naturellement qu’il approuve les termes comme «faucons», «durs à cuire», «va-t-en guerre», etc. utilisés pour désigner Affi N’Guessan et ses camarades de parti. Notamment ses principaux collaborateurs au sein de la direction du FPI qui renaît de ses cendres et dont le réveil, à ce qu’il est donné de voir, trouble profondément la quiétude de Ouattara. Joël N’guessan peut dire qu’il n’est pas «surpris par l'orientation du discours du Président Affi N'Guessan. Mais sa sortie trahit ce qui se trame contre le parti Laurent Gbagbo dont il avait réclamé la dissolution au lendemain du 11 avril, et alors que les leaders du parti étaient systématiquement emprisonnés ou contraints de prendre le chemin de l’exil.

Même mode opératoire


A bien observer les jérémiades de Joël N’Guessan – et bien avant lui Alphonse Soro – rappellent les moments qui ont précédé l’emprisonnement des membres de la direction du FPI ou de simples militants et sympathisants au lendemain du 11 avril. La stratégie consiste à présenter ceux que le régime envisage de priver de liberté comme étant des ennemis de la cohésion et la paix sociales, des comploteurs qu’il faut mettre hors d’état de nuire. Le secrétaire général par intérim, Laurent Akoun, le ministre Alphonse Douaty, le secrétaire national de la jeunesse, Koua Justin, l’ex-président par intérim du COJEP Yavo Martial, etc.

D’innocentes personnes ont ainsi été injustement emprisonnées, après avoir été accusées d’atteinte à la sûreté de l’Etat, de collusion avec des commandos qui attaquaient les positions des FRCI, de trouble à l’ordre public, etc. Sans preuve. Il est à craindre aujourd’hui que le régime use nouveau de cette stratégie diabolique face au réveil du FPI, plus que jamais debout depuis la libération de son président. Sur la liste des hommes à ‘‘abattre’’, bien sûr le président Affi N’Guessan et son vice-président Aboudrahamane Sangaré dont le francparler dérange énormément les tenants du pouvoir. Il y a également Lida Kouassi, ancien ministre de la Défense très craint du régime Ouattara et les secrétaires généraux Akoun Laurent et Marthe Agoh qui seraient des anti-Ouattara pur et dur. Que dire de Koua Justin qu’on sait dans le collimateur du sécurocrate en chef du régime, Hamed Bakayoko, tout-puissant ministre de l’Intérieur et de la Sécurité.

Des raisons de s’inquiéter

Face à cette situation, il y a de quoi craindre pour la sécurité des responsables du FPI qui ne bénéficient d’aucune protection véritable. Contrairement aux leaders du RHDP qui, déjà dans l’opposition, étaient protégés par des éléments de l’ONUCI. Et dont la garde a été renforcée par des éléments de la police et la gendarmerie nationale. Ayant échoué à confiner le FPI dans la clandestinité, face à l’engagement de ses militants conduits par Miaka Oureto, en l’absence d’Affi N’guessan qui aura passé plus de deux ans à la prison de Bouna, revoilà le RDR d’Alassane Ouattara qu’il a toujours su camper : la victime sans pitié pour ses victimes.