Camp commando d'Abobo / Des ex-combattants crient à l'injustice et menacent : ''Ce n'est pas ce qu'on nous avait dit'' - ''Que le président prenne ses responsabilités, sinon...''

  • 20/08/2013
  • Source : L'Inter

lIs sont vraiment amers. Eux, ce sont des ex-combattants issus du camp commando d'Abobo.

Hier lundi 19 août 2013, nous en avons rencontrés dans leur fief. “Ils ont commencé à nous chasser du camp. Où veulent-ils qu'on parte? Non seulement, ils ont recruté des élèves pour nous remplacer, mais en plus, ils exigent qu'on quitte le camp. C'est injuste. Nous nous sentons trahis ”, a indiqué un ex-combattant d'un air pathétique. Il a requis l'anonymat pour selon lui, des raisons de sécurité. Son camarade qui était avec lui, abonde dans le sens, mais avec une pointe de colère : "si les jeunes ex-combattants sont laissés pour compte, ils trouveront une terre fertile ". Il est coupé par un autre ex-combattant, qui s'est voulu direct. "Moi, si on me contacte, en me donnant des armes et de l'argent, je serai prêt à faire n'importe quoi, pourvu que je m'en sorte. S'il est vrai que la crise ivoirienne est née des injustices, alors qu'on ne cause pas du tort aux jeunes que nous sommes.

Toute chose a des limites. Non seulement, on ne voit rien venir, on nous maltraite en nous faisant faire des travaux pour 100fcfa la journée, en plus, on veut nous chasser comme des malpropres, sans possibilité de nous plaindre. Trop, c'est trop!".

Pour ces ex-combattants, il est temps que le président de la République prenne les choses en main, au risque d'être confronté à une situation désagréable. "Imaginez que ces jeunes, qui n'ont même pas de quoi s'acheter un morceau de pain se voient démarcher par des personnes de mauvaise foi pour une opération de déstabilisation.

Il faut régler le problème à la racine. Que le président prenne ses responsabilités, sinon il pourrait voir le travail qu'il abat actuellement tomber à l'eau. On vend nos places à ceux qui n'ont jamais tenu une kalach. On nous chasse au profit des enfants des gradés. Il y a un Dieu pour réparer les injustices ", a indiqué celui qui s'est fait passer pour le chef des ex-combattants.

Quand son "frère d'arme" renchérit en ces termes:" Le président de la République nous a demandé de patienter. Ce que nous faisons. Mais après, ils diront qu'on ne prend en compte que ceux qui ont entre 18 et 35 ans. Et ceux qui avaient 35 ans au moment où on leur demandait de patienter? Que fait-on d'eux? Des camarades avaient 35 ans en 2010.

Aujourd'hui, on veut les jeter dehors parce qu'ils ne remplissent pas les conditions. Alors qu'on leur avait pourtant demandé de patienter. Vous comprenez notre impatience. Parce qu'en même temps qu'on nous demande de patienter, ils sont prêts à se débarrasser de nous. Nous sommes vigilants. Ce que nous voulons, c'est qu'on suspende l'opération entreprise au camp commando. Celui qui est désespéré, mais qui sait manier une arme est un potentiel danger". Après quoi, ces ex-combattants ont regagné leur caserne.

La réaction de Jah Gao


Pour en savoir davantage, nous nous sommes rendus au Camp commando d'Abobo. Là, le maître des lieux, le Commandant Ouattara Gaoussou dit Jah Gao nous reçoit et explique, preuves à l'appui, les reformes qu'il entreprend pour assainir le corps militaire sous son commandement.

Concernant la plainte des ex-combattants, il a révélé une vaste opération de récensement des éléments qui résident dans les casernes. L'objectif, selon lui, est de savoir qui est qui et qui fait quoi, étant entendu qu'il est maintenant temps pour tous de savoir qui est chacun. “C'est ce qui suscite autant de commentaires.

De toutes les façons, nous sommes dans un camp de gendarmerie et nous devons partir un jour. Même les cités universitaires devront un jour être libérées au profit des étudiants”, a-t-il soutenu. Pour lui, ceux qui se plaignent sont bien souvent des personnes qui n'ont jamais tenu une arme, et qui ne sont des ex-combattants que de nom. “Leur problème, c'est qu'ils veulent tous devenir militaires. Ce qui n'est pas possible.

Quand il y a des projets, nous réunissons les cinq commandants de compagnies que nous avons mises sur pied pour leur demander de donner le nom de leurs éléments concernés. L'ADDR nous avait octroyé 30 places pour l'intégration dans la fonction des eaux et forêts. Aujourd'hui, la liste est venue que voici (il nous montre la liste ndlr) avec les numéros de profilage et de téléphone.

Tout ce qu'ils disent n'est pas juste”, a indiqué le patron du camp commando, qui nous a fait visité le camp, avant d'afficher sa détermination à assainir Abobo. Nous y reviendrons.

Y. DOUMBIA