Bill Gates soutient le FBI face à Apple

  • 23/02/2016
  • Source : lefigaro.fr
Dans l'affrontement qui l'affronte au FBI, Apple n'a pas que des amis. Bill Gates, cofondateur et ancien PDG de Microsoft, a affirmé lundi soir qu'il ne soutenait pas Tim Cook.

Ce dernier est engagé depuis une semaine dans un bras de fer juridique avec la justice américaine, qui réclame à Apple la création d'un logiciel «passe-partout» pour ouvrir un iPhone ayant appartenu à Syed Rizwan Farook, l'un des auteurs de la tuerie de San Bernadino. D'après le groupe américain, cette demande n'est pas recevable, car un tel programme permettrait ensuite d'ouvrir n'importe quel autre iPhone. Le FBI, lui, affirme que sa requête ne porte que sur ce cas précis. Une version soutenue par Bill Gates: «il s'agit d'un cas spécifique où le gouvernement demande l'accès à des informations», a affirmé l'entrepreneur dans une interview accordée au Financial Times. «Ils ne demandent pas un accès général, mais une aide sur un cas particulier.»

«Il s'agit des mêmes enjeux que le droit de demander des informations à un opérateur télécom, ou des relevés de carte bancaire», continue-t-il. «C'est comme si la banque avait entouré son serveur de stockage d'un ruban et disait ‘ne me faites pas couper le ruban, sinon vous allez me forcer à le couper de nouveau après'»

Le soutien de Mark Zuckerberg

La position de Bill Gates détonne de ses confrères, jusqu'ici plutôt prompts à soutenir Apple face au FBI. L'entrepreneur n'est plus le PDG de Microsoft, mais reste une figure proéminente de l'industrie des nouvelles technologies aux États-Unis. Apple a déjà reçu le soutien officiel de plusieurs grands acteurs du secteur, dont Google et la fondation Mozilla, qui édite le navigateur Web Firefox. Lundi soir, Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, a également affirmé qu'il avait de la «sympathie» pour la cause d'Apple. «Nous croyons au chiffrement. Ce n'est pas une bonne chose d'empêcher les produits grand public d'avoir accès à cette technologie.» Il a néanmoins précisé que Facebook aidait toujours les autorités à combattre le terrorisme, lorsque cela était possible. Même discours du côté d'Apple, qui a même affirmé ce week-end avoir proposé plusieurs solutions au FBI pour récupérer les informations nécessaires sans créer de passe-partout.

Les entreprises de nouvelles technologies redoutent particulièrement la création d'un précédent judiciaire, qui les forcerait ensuite à répondre positivement à toute demande des autorités (des États-Unis ou d'ailleurs) pour ouvrir leurs produits. Le département américain de Justice chercherait actuellement à ouvrir une douzaine d'iPhone dans le cadre d'enquêtes judiciaires, d'après des informations du Wall Street Journal. Aucun de ces téléphones n'est impliqué dans des affaires de terrorisme.

«Nous ne voulons pas casser le chiffrement, ou jeter une clé dans la nature», affirmait lundi le chef du FBI, James Comey. «Ce conflit ne doit pas être réglé par des entreprises, dont le but est de vendre des choses, ni par le FBI, dont le seul objectif est d'enquêter. Il doit être résolu par le peuple américain, qui doit décider comment nous gouverner dans ce monde inconnu.» Tim Cook, de son côté, a appelé à la création d'une commission d'experts sur les technologies et les libertés civiles pour débattre du sujet. D'après une étude réalisée par le Pew Research Center, 51% des Américains pensent qu'Apple devrait aider le FBI, contre 38% soutenant l'entreprise.