Bataille autour de la Cei: Le Pdci et l’opposition préparent du lourd contre Ouattara

  • 22/07/2019
  • Source : Soir info
Passage du projet de loi en Commission à l’Assemblée nationale. Réaction par la force dans les rues par l’opposition ? La bataille qui a fait rage, pendant 5 h d’horloge, au Parlement, autour de ce projet de loi, va certainement se déporter dans les rues, à court terme. Et, sur ce terrain, c’est le rapport de force qui s’imposera…

Par vingt quatre (24) voix pour, seize (16) contre et zéro abstention, des députés de la Commission des affaires générales et administratives (Cagi) ont voté, le jeudi 18 juillet 2019, la loi portant recomposition de la Commission électorale indépendante (Cei). Il s’agit de la loi n °2001-634 du 9 octobre 2001 portant composition, organisation, attributions et fonctionnement de la Cei. Ce qui choque, au plus haut point le Pdci et l’opposition parlementaire, c’est cette disposition qui autorise la présence des représentants du « président de la République et du ministre chargé de l’administration », même s’ils ne sont pas éligibles au poste de président de la Cei. Le vote de cette loi, dans les conditions et le contexte que l’on sait, laisse derrière lui, une opposition, toute tendance confondue, sur le pied de guerre. Très en colère, elle se prépare à une grande riposte. D’autant que toutes ses propositions sont restées lettres mortes. Ce qui lui faire dire «  que les conditions de futurs troubles sont en train d’être réunis ». L’opposition, vent debout contre ce projet, mais qui a échoué à obtenir son retrait avant d’être battu dans l’urne en Commission, va maintenant trouver une autre stratégie. Celle de «  la confrontation ».

Le compte à rebours d’une autre déflagration post-électorale en 2020 vient d’être lancé par les deux camps opposés. Vu que le ministre de l’Intérieur et de la sécurité, Sidiki Diakité, exclut tout nouveau débat. « Nous n’avons pas le temps de passer tout le temps en discussions. Le gouvernement n’a rien inventé. Il n’a fait que prendre en compte les conclusions des travaux menés six mois durant...Une élection ne se gagne pas à la Cei. Il faut bien confier l’organisation des élections à un groupe. L’indépendance, elle, ne se décrète pas », a-t-il sèchement indiqué, au terme du vote. Sidiki Diakité, n’est pas seulement ministre de l’Intérieur et de la Sécurité. Il est membre N° 36 du Bureau politique et du Conseil national du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp).

A l’opposition qui soutient que «  les choix du gouvernement ne respectent ni la lettre ni l’esprit des recommandations de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples », accusant, par ailleurs le gouvernement d’avoir «  tiré des accords avec des partis factices proches du Rhdp », le ministre de la Justice et Garde des sceaux, Sansan Kambilié, brandit l’argument selon lequel, «  l’arrêt de la Cour africaine des droits et des peuples du 18 novembre 2016 sur lequel se base la reforme n’a pas imposé à la Côte d’Ivoire d’organiser des discussions avant d’y parvenir ».

Urgence démocratique …

Les juges, selon lui, « ont simplement dit de modifier les dispositions de la loi électorale pour la rendre conforme aux principes d’équilibre, donc d’indépendance. La Côte d’Ivoire n’y était tenue à moitié ». « Car, s’ils sont obligatoires, les arrêts de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples ne sont pas, pour autant, exécutoires », fait valoir Sansan Kabilé. De ce dialogue de sourds, pourrait, si rien n’est fait, en termes de concessions, résulter un choc très violent entre les deux camps.

Maurice Kakou Guikahué, Secrétaire exécutif en chef du Pdci, n’écarte pas cette éventualité. «  Si la loi sur la Cei est votée, vous allez voir ce qu’on va faire », a-t-il glissé, dans une interview qu’il a accordée au journal Le Nouveau Réveil, proche du Pdci. « Le président de la République et le ministre de l’Intérieur ne doivent pas avoir de représentant, parce qu’ils ne sont pas concernés par les élections. Et, encore plus grave, au niveau local, on met une Commission de 7 personnes, 3 de l’opposition, 3 du parti au pouvoir, le représentant du préfet et du sous-préfet et il n’y a pas de représentant de la société civile. Là encore, c’est déséquilibré. Ça fait 4 contre 3. Dans tous les cas, la recomposition qu’ils ont faite n’est pas équilibrée… En cas de vote de cette loi, vous allez voir ce qu’on va faire », a sévèrement averti Maurice Kakou Guikahué.

Au Pdci, comme dans les autres partis de l’opposition, dont le Front populaire ivoirien (Fpi), il y a aujourd’hui en Côte d’Ivoire, une urgence démocratique, vu le péril qui plane sur les élections futures. Le ton de ce que l’opposition entend faire va être donné, ce samedi. D’abord, le Pdci ira en croisade contre cette loi. Il va chauffer à blanc ses responsables à la base, à travers des réunions. « Ce sont des séances de travail. Sont concernés, tous les délégués départementaux et communaux, les permanents des délégations, les membres du Bureau politique de la zone concernée, les membres du comité de base, les membres du grand Conseil régional, les membres du comité des sages, tous les Secrétaires généraux de section, les présidentes des femmes, les présidents des jeunes, les présidents des mouvements de soutien qui opèrent dans la zone et des Coordonnateurs régionaux de la Coordination des enseignants Pdci-Rda », a précisé M. Guikahué. Ce sont-là les personnes que le Pdci va ameuter ces prochains jours.

Dès aujourd’hui, samedi 20 juillet 2019, la commune de Yopougon abritera un meeting géant à la «  Place Cpi ». Le Président du comité d’organisation (Pco), Koné Boubakar, estime que le «  pays est en lambeaux, tout le monde souffre. Il faut bien qu’une force politique se lève pour prendre le devant afin que les autres le rejoignent dans ce dessein commun au plan national ». Le choix de Yopougon s’explique, selon lui, par le fait « que c’est le bastion du Fpi ». Après Yopougon, le parti de Gbagbo entend investir le pays profond, à al rencontre des populations ivoirienne, pour leur demander «  de se tenir prêtes », dans la perspective des prochaines joutes politiques. «  Les Ivoiriens ont compris que ce n’est pas la torpeur et dans la peur que qu’ils vont réaliser leurs souhaits, en terme de besoin de liberté, en terme de besoin de plus de démocratie, en terme de besoin de plus de justice sociale », a martelé Koné Boubakar, chargé de l’organisation des manifestations, Directeur national du protocole dans le « Parti de Gbagbo ». Il invite le Pdci, l’Eds, le Mfa, l’Urd et tous les partis d’opposition à les rejoindre…

Armand B. DEPEYLA