Au Donbass, un pas de plus vers l'indépendance

  • 13/05/2014
  • Source : RFI
La commission électorale de Donetsk a donné ce lundi les résultats définitifs du référendum d'autodétermination de dimanche. Le « oui » est confirmé avec près de 90% des voix. Idem à Lougansk (96%). Les séparatistes de Donetsk demandent le rattachement à la Russie. L'Union européenne a décidé de prendre de nouvelles sanctions.

C’est une large victoire du « oui » avec plus de 74% des voix et une participation de près de 90% selon des chiffres définitifs qui ont donc été donnés par le président de la commission électorale mise en place par cette République populaire de Donetsk. Les dirigeants pro-russes qui estiment avoir donc obtenu le soutien franc et massif de la population de la région de Donetsk.

« Ce vote valide la création de notre République indépendante », a déclaré Denis Pouchiline qui se présente comme l’un des dirigeants du comité populaire censé gouverner cette République et qui a présenté les premières décisions de cette République indépendante. « D’abord, a-t-il dit, il n’y aura pas d’élection présidentielle le 25 mai prochain sur le territoire de la région de Donetsk et des élections auront lieu en revanche, mais à l’automne prochain et pour désigner un gouvernement élu de cette République de Donetsk. »

Denis Pouchiline a affirmé par ailleurs que les soldats ukrainiens présents dans la région auraient le choix entre quitter l’armée ukrainienne ou quitter le territoire. Sur l’avenir de la République, deux options sont avancées : l'indépendance ou le rattachement à un autre pays. A titre personnel, Denis Pouchiline a déclaré qu’il était, lui, favorable à un rattachement à la Russie. Ce lundi après-midi, les séparatistes de la capitale régionale ont d'ailleurs demandé ce rattachement.

Sur des questions très concrètes comme le paiement des salaires et des retraites des fonctionnaires, sur la levée des impôts ou sur la surveillance des frontières, le dirigeant pro-russe a systématiquement botté en touche affirmant que toutes ces questions seront réglées par la suite. L’essentiel, a-t-il conclu, c’est que ce vote se soit déroulé, que la volonté du peuple ait pu s’exprimer et que la République populaire de Donetsk ait donc été validée a posteriori par les électeurs.



S'émanciper des autorités de Kiev ? « Oui », ont dit aussi les populations de la région de Lougansk à 96%, selon l'agence russe Ria. Le chef séparatiste de la province annonce, lui aussi, que Lougansk ne participera pas à l'élection présidentielle du 25 mai.

Un scrutin que continuent de dénoncer les Etats-Unis et l'UE
Si Kiev et les grandes capitales étrangères continuent de dénoncer ce scrutin. Moscou indique respecter l'expression de la volonté des populations de ces régions. La Russie compte désormais sur un « dialogue » entre ces régions séparatistes et les autorités ukrainiennes.

A nouveau ce lundi matin, les ministres européens des Affaires étrangères se sont réunis à Bruxelles avec le président de l'OSCE insistant sur l'importance du maintien de l'élection présidentielle anticipée du 25 mai. L'UE juge le référendum séparatiste « illégitime », a dit le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy.Washington « ne reconnait pas le référendum illégal » et fauteur « de division et de désordre », a déclaré la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki.

De nouvelles sanctions également actées
Les Européens ont décidé de prendre des sanctions limitées, car ils n’avaient pas l’intention d’en arriver dès ce lundi à la troisième étape, à savoir les sanctions économiques.Treize nouvelles personnes, des Russes et des Ukrainiens pro-russes sont donc ajoutés à la liste des 48 déjà frappés de gels des avoirs et d’interdiction de visas. Une liste à laquelle ont été ajoutées ce lundi deux entreprises ayant profité de l’annexion de la Crimée.

La tenue des élections présidentielles en Ukraine le 25 mai est en fait la principale priorité des Européens. Le président de la Confédération suisse, Didier Burkhalter, qui assure actuellement la présidence de l’OSCE, leur a présenté dans la matinée la feuille de route de l’OSCE. Celle-ci appelle à une action immédiate qui passe par un dialogue national entre Ukrainiens. Un dialogue pour lequel l’OSCE propose sa médiation, avec une extension prévue de sa mission qui compte déjà 200 observateurs en Ukraine.

L’Union européenne affirme apporter son soutien sans faille aux efforts de l’OSCE pour tout faire afin d’aider à la réussite des élections. Tous estiment le référendum d’hier illégal, et s’ils jugent légitimes les manifestations pacifiques, ils reconnaissent le droit du gouvernement ukrainien d’utiliser la force pour protéger ses populations.