Après leur libération provisoire : Des ex-prisonniers reconnaissants au village d’Ebra

  • 19/12/2013
  • Source : Notre Voie
«Soyez dans la joie !». Le chant d’entrée du culte a été exécuté dans l’allégresse, le dimanche 15 décembre 2013. Avant, toute l’église a fait une ovation nourrie. L’évènement, c’est que ce «3ème dimanche d’Avent», les populations du village d’Ebra, dans la circonscription de Bassam, à moins de 30 km d’Abidjan, reçoivent des prisonniers en liberté provisoire.

Le programme de la journée de communion et de solidarité entre Ebra et la communauté des libérés provisoires prévoit, pour 9h, une messe d’action de grâce à la paroisse Sacré cœur du village. La messe présidée par Mgr Paul Dacoury-Tabley, évêque émérite, est donc placée sous le signe de la joie. Surtout ce 3ème dimanche de l’Avent, qui annonce l’arrivée de Dieu. C’est aussi dans la perspective d’une fête que l’homélie est livrée, que le co-célébrant, l’Abbé Thomas Loba Memi, exhorte à la joie et à la patience. Et que les échanges de poignées de mains «dans la paix du Christ» se transforment en un moment intense de communion. Pour les populations, mais aussi pour les ex-prisonniers, «beaucoup reste à faire», mais «l’histoire continue». Il est donc important de «dire merci à Dieu pour ce qui a déjà été fait». C’est pourquoi cette journée de communion, de solidarité et de reconnaissance commence par une messe d’action de grâce. Pour dire « merci » d’une seule voix à Dieu, lui demander « d’aider à la libération » des personnes encore détenues et au retour des exilés.
 
La messe terminée, les ex-ministres Alcide Djédjé, Christine Adjobi, Georges-Armand Ouégnin (les deux derniers cités sont des fils de la région), l’honorable Sokouri Bohui, l’ex-gouverneur Dacoury-Tabley et son épouse, le couple Seka Obodji et sa fille, les confrères Franck Anderson Kouassi et Armand Bohui se sont rendus à la salle de réunions du roi. A cette deuxième étape de la journée de reconnaissance, les ex-prisonniers, en particulier ceux de la prison de Boundiali sont reçus par Jean-Baptiste Kotokou, représentant le roi, Ernest Nogbou Assemian Aka, en exil, et toute la notabilité où siège Mgr Paul Dacoury-Tabley. Tout le village s’est retrouvé dans la salle de réunions. Cette fois, les anciens de la prison de Boundiali étaient avec le village qui a envoyé des vivres et non-vivres, et avec Mgr Dacoury qui a prié avec eux, pendant qu’ils étaient en détention. 
 
Après les échanges de nouvelles, l’ex-gouverneur de la Bceao a pris la parole pour dire merci, mais aussi «yako» aux populations pour tout ce qu’elles ont subi. A sa suite, l’honorable Sokouri Bohui a retracé sur fond d’humour, les péripéties de leur capture à la Nouvelle Pergola, à cause de l’Onuci, de leur détention, de leur périlleuse déportation avec ces étranges séances pipi sans pipi, de la vie à Boundiali et de leur libération. Puis l’ex-ministre Christine Adjobi a parlé, à la demande de toutes les femmes présentes à la cérémonie de ce jour. Elle a évoqué, en langue locale, le parcours de la résidence officielle du président de la République à Boundiali en passant par le Golf Hôtel, La Nouvelle Pergola et la Pisam. Parcours fait de violence, de difficultés et de souffrance. Mais, comme l’ex-gouverneur Dacoury et Sokouri Bohui, la fille de la région a terminé son speech en insistant sur le pardon, estimant que les difficultés n’ont pas pu susciter en eux l’esprit de vengeance. Message bien perçu par les populations qui se disent prêtes à pardonner, surtout si ce sont les victimes qui le demandent. Le soleil d’Ebra «Miami» éclairait encore les jolis toits de ses rayons quand l’on est passé à la troisième étape de la journée : le repas de la confraternité. Au cours de celui-ci, l’anniversaire de la naissance de Mgr Dacoury a été évoqué. L’évêque a eu 79 ans le 5 décembre dernier et tout le monde a levé le verre pour saluer l’évènement. Mgr Dacoury est désormais à la retraite et réside à la Maison de retraite des évêques à Yamoussoukro. Les ex-prisonniers lui ont demandé de revenir à Ebra pour faire d’une pierre deux coups : lui dire merci et dire merci au village.
 
Koulibaly Doucy