Apres leur libération – Des ex-prisonniers politiques sans résidences et sans argent

  • 14/08/2013
  • Source : Nouveau Courrier

Injustement emprisonnés depuis la fin de la guerre postélectorale, des détenus pro-Gbagbo viennent de bénéficier d’une liberté provisoire. Mais une fois dehors, ces personnalités sont confrontées à un problème de logis, leurs domiciles étant encore aujourd’hui occupés par les FRCI.

Michel Gbagbo et les autres ex détenus politiques dans des situations difficiles
.

Libérés le mardi 6 août 2013, Affi N’Guessan et ses camarades ont regagné Abidjan. Cela aurait été plus agréable qu’ils eussent retrouvé leurs différentes résidences. Malheureusement, depuis la prise du pouvoir d’Alassane Ouattara, les différentes résidences de ces collaborateurs et proches du président Laurent Gbagbo ont été pillées et saccagées. Et certaines d’entre elles sont encore occupées par la soldatesque de Ouattara. Pareil pour les résidences de la plupart des exilés politiques. Comment le régime entend-il montrer des signes de décrispation politique s’il donne l’impression d’avoir obéi à un «ordre supérieur» qui consistait à «vider» ses goulags des principaux leaders du Fpi ?

Aujourd’hui, au-delà de la question de la liberté provisoire que certains ADOrateurs voient en l’expression de la «magnanimité» d’Alassane Ouattara, se pose la véritable question des bases solides d’un dialogue politique devant aboutir à une décrispation conduisant elle-même à l’amorce d’un véritable processus de réconciliation nationale. De grands serviteurs de l’Etat que le pouvoir a juste libéré de ses goulags, sans mesures minimum d’accompagnement. Notamment, la libération des résidences encore occupées et leurs réhabilitations, le dégel des avoirs des détenus politiques et des exilés. Parce que ce que les Ivoiriens ignorent, c’est que nombre d’entre ces personnalités libérées n’ont pas un «toit» habitable. Certains sont logés chez des proches, ou des amis. Quand d’autres squattent encore chez des «camarades» de parti. Que dire donc de leurs conditions de vie ? Comment devront-ils faire face à leurs besoins les plus élémentaires, quand on sait qu’ils sont sans le moindre sou ? Puisque leurs différents avoirs sont gelés depuis la prise du pouvoir d’Alassane Ouattara. Qui chante à longueur de discours la réconciliation sans le manifester dans ses moindres actes. Des pères de familles, qui continuent d’avoir à leurs charges, en dehors des membres de leurs familles, d’autres «parents».

Ouattara veut-il vraiment la réconciliation?


On ne peut pas vouloir de la réconciliation du bout des lèvres, sans en démontrer la volonté. Alassane Ouattara, lors de son interview le 7 aout dernier, avait fait savoir qu’il avait de tout temps souhaité la mise en liberté des détenus politiques, seulement la justice allait à son rythme à elle. «La libération des pro-Gbagbo a toujours été mon souhait. La justice va à son rythme. Je me réjouis de cette décision. C’est un acte d’apaisement», avait déclaré Ouattara le 7 août dernier devant les caméras de la télévision nationale. Seulement, la traduction de cette volonté exprimée par le chef de l’Etat se fait discrète voire quasi inexistante.

A quand donc le dégel des avoirs d’Affi N’Guessan et de ses camarades, libérés hier mais aussi il y a plus d’un an pour d’autres ? Afin qu’on entre véritablement dans une autre phase du dialogue politique s’inscrivant lui-même dans le processus de réconciliation nationale. De plus, il semble plus que nécessaire de penser à la protection des leaders de l’opposition ivoirienne. Durant presque deux ans, tous les leaders de l’opposition sous Gbagbo, avaient bénéficié de mesure de protection individuelle. C’est cela aussi les signes de la décrispation politique.

Frank Toti