Après le CNP, Gnénéma Coulibaly tire sur la presse: "Votre rôle est d'informer le public"

  • 24/01/2014
  • Source : L'Intelligent d'Abidjan
Le ministre de la Justice, Coulibaly Gnénéma, aurait voulu voler dans les plumes des journalistes qu'il ne s'y prendrait pas autrement. Saisissant l'occasion d'une cérémonie organisée hier jeudi 23 avril par l'Ong Transparency Justice, il a tiré à boulets rouges sur la presse, accusée de menacer la cohésion sociale.

Le ministre a en effet pris prétexte du lancement d'un projet de formation initié par cette Ong à l'intention des professionnels des médias, pour charger les acteurs de ce milieu. Il n'était certes pas présent physiquement, mais son discours, lu par son chef de cabinet, Guillaume Tanh, n'a pas été tendre envers les hommes de média. Le Garde des sceaux a en effet décrié le rôle néfaste des animateurs des médias en Côte d'Ivoire.

Pour lui, ils y sont pour quelque chose dans la survenue de la crise post-électorale. « Bien des Etats abonnés à la paix ont fait l'expérience du désordre à cause du mauvais usage que des journalistes ont fait de leurs plumes ou de leurs langues.

La Côte d'Ivoire, notre pays, sort d'une crise désastreuse dans laquelle la presse, ayons l'honnêteté et le courage de le reconnaître, a une part de responsabilité », a-t-il commencé par déplorer, avant d'asséner : « Loin de prendre la mesure du tort qu'ils ont fait à notre pays et de chercher à s'amender, des journalistes continuent d'allumer ou d'attiser le feu au moment ou des efforts sont en train d'être faits en faveur de la réconciliation nationale ».

Et le ministre de la Justice de s'offusquer de « ces dérives funestes », qui peuvent avoir pour conséquence de mettre à mal la stabilité politique. Pour lui, le risque est plus grand quand les animateurs des médias souffrent d'un déficit de formation. «  Tous nous connaissons l'influence des médias sur la vie socio-politique d'un pays. Leur grande capacité à stabiliser et à déstabiliser un Etat leur vaut (aux journalistes) d'être appelé « le quatrième pouvoir ».

Dans bien des pays, ce pouvoir est d'autant plus redoutable qu'il est entre les mains de journalistes dont beaucoup n'ont pas la formation, l'expérience et la conscience professionnelle requises », a-t-il relevé, non sans appeler à une formation des hommes des médias, notamment sur le fonctionnement de l'appareil judiciaire.
 
La formation s'impose d'autant que les journalistes qui écrivent sur les procédures judiciaires en cours dans le cadre de la crise post-électorale n'ont pas, selon lui, des connaissances juridiques requises. Puis le magistrat-ministre d'exhorter les journalistes à se familiariser au droit afin de jouer plus efficacement leur rôle. « Votre rôle, dira-t-il, au-delà de vos sensibilités politiques et religieuses, est avant tout d'informer le public.

C'est ce but qui doit vous guider dans toutes les publications que vous ferez à l'avenir. Si vous vous laissez guider par d'autres considérations, vous sortez de votre rôle et, du coup, vous cessez d'être utiles à la société », a-t-il conclu son propos, non sans saluer l'initiative de Transparency Justice d'initier une formation à l'endroit des professionnels des médias.
 
A sa suite, le représentant de Friedrich Ebert, Kouamé Adjobi, s'est lui aussi félicité du projet de formation au droit d'autant que, dira-t-il, « la non-attribution du super prix Ebony et la suspension de certains journaux et journalistes pour une affaire de corruption montrent que beaucoup reste à faire ».

Quant au représentant de l'ambassadeur de France, Alain Demaison, il a indiqué que son pays a contribué au financement du projet parce qu'il participe de la consolidation de l'Etat de droit. Selon le président de Transparency Justice, Laurent Manlan, il s'agit, à travers ce projet, de former 320 professionnels des médias, dont les journalistes, les correspondants et animateurs de radios de proximité.

Des séminaires seront organisés aussi bien à Abidjan qu'à Abengourou et Bouaké et porteront essentiellement sur l'organisation du monde judiciaire, les actes de justice, et la terminologie juridique.
 
Assane NIADA