Après la crise, l'épineuse question de la réinsertion des ex-combattants (ANALYSE)

  • 16/08/2013
  • Source : Xinhua

Les mouvements de mécontentement des ex-combattants de la crise post-électorale ivoirienne ont pris de l'ampleur ces derniers mois, selon le constat de plusieurs observateurs.
Les actes de colère des ex-belligérants de la crise ivoirienne réclamant leur réinsertion ont été successivement enregistrés dans plusieurs régions du pays, dont notamment Korhogo (nord), Bouaké (centre) et Man (ouest).
A Korhogo, les ex-combattants ont assiégé les locaux de la préfecture pour exprimer leur exaspération et réclamer l'amélioration de leurs conditions de vie.
Les démobilisés de Bouaké (centre) qui ont pris le relais ont pour leur part obstrué les voies d'accès à la ville, afin d'attirer l'attention des autorités et se faire entendre.
Dans la région de Man, les ex-combattants démobilisés ont bruyamment manifesté pour réclamer le versement de primes et "l'accélération de leur réintégration" dans le cadre du processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) mis en place par le gouvernement ivoirien.

INQUIÉTUDE DES DÉMOBILISÉS

Dans chacune des actions de protestation, les anciens combattants se disent oubliés des programmes de réinsertion annoncés à cor et à cri par les autorités.
"Nous nous sentons des laissés-pour-compte dans le recrutement prévus dans les corps de la Douane, des Gardes pénitentiaires, des Eaux et forêts", ont tour à tour déploré leurs porte-parole.
L'un des représentants des protestataires a pour sa part déploré une lenteur dans le processus de réinsertion et accusé des responsables des démobilisés eux-mêmes de favoriser la prise en charge par les programmes gouvernementaux de personnes "qui n'ont jamais fait la guerre".
A plusieurs occasions, des responsables de l'état-major des armées ont assuré aux protestataires que les promesses du chef de l'Etat seraient tenues et que très bientôt ils seraient pris en compte dans les programmes de l'Autorité pour la démobilisation, le désarmement et la réinsertion (ADDR).

APPELS A LA PATIENCE

Le gouvernement ivoirien a de son côté appelé à la "patience" les 65.000 ex-combattants qui doivent être réinsérés après la crise politico-militaire meurtrière de 2010-2011, dénonçant de récents incidents causés par des éléments mécontents.
"On est en train de trouver des solutions avec l'ADDR", avait déclaré le ministre de la Défense Paul Koffi Koffi lors d'une rencontre à Bouaké, la plus grande ville du centre du pays, avec des ex-combattants .
"On ne peut pas réintégrer 65.000 ex-combattants en un an. Soyez un peu patients", avait-il lancé, soulignant que "L'Etat ne peut pas tolérer le désordre".

UN PROGRAMME LOURD ET COÛTEUX

Toutefois, les mouvements de colère se sont poursuivis, ce chantier étant particulièrement "lourd et coûteux".
De source officielle, le programme de démobilisation et de réinsertion va coûter 92 milliards de francs CFA (140 millions d'euros).
Quelque 30.000 ex-combattants devraient être réinsérés à la fin de l'année et les 35. 000 autres en 2014.
"La réinsertion suppose une activité pour chaque démobilisé et beaucoup d'ex- combattants démobilisés qui avaient des petits métiers dans le secteur informel avant de prendre les armes, ne veulent pas revenir à leur ancienne vie et aspirent à un métier stable", a expliqué un officier des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI).

La Côte d'Ivoire sort de manière progressive d'une crise post-électorale aiguë qui avait opposé des combattants armés proches de l'ex-président Laurent Gbagbo à ceux proches du président Alassane Ouattara.
Face au grand nombre d'ex-combattants en attente de leur réinsertion, les autorités ont mis sur pied l'ADDR qui, depuis 2012 qui procède progressivement à la réinsertion de ces jeunes à risque.

Pour plusieurs observateurs, la problématique de la réinsertion des anciens belligérants démobilisés est une question certes difficile, mais pas impossible.
A l'occasion d'une vaste tournée dans le nord du pays, le président de la République Alassane Ouattara avait lui-même abordé la question, demandant aux ex-combattants de lui faire confiance et assurant qu'ils ne seront pas des laissés-pour-compte.