Allocution de monsieur le premier ministre lors du lancement d’Eurobond 2014

  • 06/05/2014
  • Source : Le Démocrate
Allocution de monsieur le premier ministre lors du lancement d’Eurobond 2014

Madame le Ministre auprès du Premier Ministre chargé de l’Economie et des Finances ;
Monsieur le Ministre auprès du Premier Ministre chargé du Budget ;
Monsieur le Représentant Résident du FMI ;
Monsieur le Directeur des Opérations de la Banque Mondiale ;
Monsieur le Représentant du Conseil Financier BOA/BMCE ;
Monsieur le Représentant du Conseil Juridique, CLEARY GOTTLIEB STEEN & HAMILTON LLP ; 
Messieurs les Représentants des agences de notation, Bloomfield Investment Corporation, FITCH RATINGS et MOODY’S ;
Messieurs les Représentants des Banques Co-Chefs de File, Citigroup, BNP Paribas et Deutsche Bank ;
Monsieur le Président de l’Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financier de Côte d’Ivoire ;
Monsieur le Directeur Général de la BRVM ;
Monsieur le Secrétaire Général du Conseil Régional de l’Epargne Publique et du Marché Financier ;
Messieurs les Directeurs Généraux ;
Mesdames, Messieurs ;
 
Le lancement officiel ce jour de l’Eurobond 2014 de l’Etat de Côte d’Ivoire, traduit les progrès accomplis par notre pays afin de rétablir sa crédibilité sur le marché financier international. 
A cet égard, je voudrais féliciter Madame le Ministre en charge de l’Economie et des Finances maître d’œuvre de cette opération ainsi que le Ministre en charge du Budget pour avoir su associer leurs expertises et conjuguer leurs efforts et ceux de leurs collaborateurs, sur cet important dossier.
En dépit des contraintes évidentes de temps, le processus a été constamment marqué par la rigueur et la transparence des procédures. Je note avec satisfaction l’approche inclusive et collaborative qui associe diverses compétences, dont notamment :
 
- Un Conseiller Financier local, BOA intervenant avec la Banque marocaine BMCE,
- Un Conseiller Juridique international, CLEARY GOTTLIEB STEEN & HAMILTON LLP, 
- Trois (3) banques co-chefs de file du syndicat de placement de l'émission,
- Une agence de notation locale, Bloomfield Investment Corporation, pour une mission d’assistance en évaluation souveraine,
- deux (2) agences internationales de notation, FITCH RATINGS et MOODY’S.
 
Une étape décisive est franchie ce jour avec la finalisation de la sélection des trois banques co-chefs de file de la syndication pour la levée des fonds. Il s’agit de Citigroup, BNP Paribas et Deutsche Bank, sélectionnés à l’issue d’une consultation à laquelle étaient conviées sept (7) banques de référence mondiale.
 
Je voudrais saluer et féliciter tous ces intervenants qui sont nos partenaires pour le succès attendu de cette première intervention de l’Etat de Côte d’Ivoire sur le marché des capitaux, depuis la restructuration de sa dette envers les créanciers privés en avril 2010, parachevée en novembre 2012 après la crise.
 
Ainsi, le lancement de cette opération marque une étape importante dans la normalisation financière de la Côte d’Ivoire, après une très longue absence du marché des capitaux résultant de la crise d’endettement des années 1980.
 
En effet, notre pays s’est principalement financé sur les ressources fiscales, complétées par celles provenant de l’aide publique au développement et du marché financier régional. 
 
Le Gouvernement envisage de mettre en œuvre une importante réforme fiscale, avec l’appui du Fonds Monétaire, en vue d’améliorer l’assiette et le rendement de toutes les natures d’impôt.
 
S’agissant de l’aide publique au développement, la crise financière de 2008 dont les effets persistent sur les économies des pays développés, principaux partenaires, en limite le potentiel. 
 
Au plan multilatéral, le succès enregistré dans la reconstitution de l’IDA du Groupe de la Banque Mondiale, avec un niveau de 52 milliards de Dollars US, soit une hausse de 6% par rapport au précédent, demeure cependant modeste au regard des besoins importants des pays en développement, pour une croissance robuste, durable et inclusive.
 
Par ailleurs, le marché financier régional dont la contribution au financement de notre économie n’est pas négligeable, avec 863 milliards de F.CFA en 2013 et 984 milliards en 2014 (y.c. le besoin de financement du TOFE de 121,1 milliards), ne semble pas assez profonds, notamment sur les instruments de long terme, pour soutenir nos ambitions de croissance rapide et robuste.
 
Dans ce contexte, le retour de la Côte d’Ivoire sur le marché des capitaux vise à accélérer la mise en œuvre du Plan National de Développement 2012-2015. L’objectif visé est de « réduire le taux de pauvreté de moitié à l’horizon 2015 » en mettant en œuvre la grande ambition du Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA de « faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020 ». 
 
C’est d’ailleurs à ce titre que le Gouvernement a entrepris l’élaboration du PND 2016-2020 et l’étude prospective 2040.
 
Les efforts du Gouvernement dans ce sens visent à accélérer les réformes structurelles et sectorielles en vue de faire du secteur privé, tant national qu’étranger, le principal moteur de la croissance économique. Ainsi grâce aux mesures vigoureuses mises en œuvre, l’effet récessif de la crise post-électorale a été contenu. Le repli du PIB est ressorti à -4,7% en 2011 contre des prévisions de l’ordre de -10%, suivi d’un rebond important en 2012 de 9,8%. 
 
Cette bonne dynamique économique, conforme aux prévisions du PND 2012-2015, se maintient avec un taux de croissance économique provisoire de 8,7% en 2013 selon les dernières évaluations du FMI et une prévision de 10% en 2014 et 2015 par le Gouvernement.
 
L’investissement global connaît une forte reprise passant de 8,2% du PIB en 2011 à 13,7% du PIB en 2012 et à 16,5% du PIB en 2013. Nos projections en la matière, visent à rattraper voire dépasser les performances passées, notamment les niveaux de 17% du PIB en 1998 et la moyenne de 25% du PIB pour les décennies 1970 et 1980.
 
De façon générale, les dépenses publiques sont orientées vers les actions de réduction de la pauvreté dont le taux de pauvreté a atteint environ 48,9% en 2008.
 
C’est pourquoi le Gouvernement a renforcé ses actions pour la réduction de la pauvreté. Les dépenses pro-pauvres sont passées de 1080 milliards de F.CFA en 2012 à 1337 milliards de F.CFA en 2013 soit une hausse de 23,8%. La prévision pour 2014 est de 1521,8 milliards de F.CFA.
 
La mise en œuvre du PND 2012-2015, conjuguée avec l’assainissement de l’environnement des affaires et la promotion des projets de partenariat public-privé, devrait permettre de maintenir un rythme soutenu de croissance, génératrice d’emplois stables pour lutter efficacement contre la pauvreté.
 
Il nous faut régler à cet effet la contrainte du financement, notamment pour accroître le rythme des investissements dans les infrastructures économiques (routes, autoroutes, chemin de fer, ports aéroport, électricité, eau potable, TIC). 
 
Il convient de rappeler que le PND2012-2015 est soutenu par 60 projets PPP et 54 projets publics évalués à 11.076 milliards de F.CFA, soit environ 22 milliards de dollars US.
 
A cela s’ajoutent 42 projets PPP, d’un coût d’environ 6 milliards de dollars US, présentés aux investisseurs lors du forum « Investir en Côte d’Ivoire – ICI2014 » tenu du 29 janvier au 1er février 2014.
 
Comme nous pouvons le constater, le niveau de la présente émission de l’Eurobond de 500 millions de Dollars US d’une durée de 10 ans, est bien modeste au regard des besoins.
 
Toutefois, au-delà de l’objectif financier, l’attente du Gouvernement est de mettre en place un dispositif permettant d’assurer, non seulement le succès de cette émission, mais également de toutes celles qui interviendront ultérieurement. L’amélioration de notre rendement fiscal conjuguée avec l’optimisation de nos dépenses, devrait servir d’effet levier pour mobiliser plus de financement sur le marché des capitaux, pour les années à venir.
 
En outre, la visibilité créée sur notre pays sera un atout indéniable pour le financement des grands projets PPP en cours de préparation.
 
Je sais pouvoir compter sur l’expérience et le professionnalisme de chacun des intervenants afin d’atteindre ces objectifs. 
 
Au niveau financier, les ressources devront être mobilisées avant fin juillet 2014 pour permettre à l’Etat de poursuivre ses efforts notamment en matière d’apurement des arriérés intérieurs.
 
Le Gouvernement attend également une évaluation souveraine qui reflète :
 
- le plein potentiel de notre économie, 
- sa stabilité macroéconomique, 
- l’assainissement de ses finances publiques, 
- l’amélioration de la gouvernance publique,
- les réformes mises en œuvre pour améliorer le climat des affaires, qui ont notamment permis de classer notre pays parmi les dix (10) premiers pays réformateurs au monde selon le classement du Doing Business 2014 de la Banque Mondiale,
- et enfin, son ancrage au niveau de l’intégration sous régionale (UEMOA, CEDEAO) qui donne de bonnes perspectives de marchés.
 
C’est sur cette attente que je déclare officiellement lancé, le processus de préparation de l’émission de l’Eurobond 2014 de l’Etat de Côte d’Ivoire.
 
Je vous remercie de votre aimable attention.