Acer Liquid S2

Le Liquid S2 est un pari risqué pour Acer, puisque le constructeur taïwanais s'attaque cette fois-ci à un marché déjà bien occupé par des marques comme Samsung, LG ou HTC : celui du smartphone haut de gamme. Surtout réputée pour ses produits d'entrée et milieu de gamme, la firme a-t-elle les moyens d'imposer un produit de haute volée ?

Sur le marché sur smartphone, Acer s’est jusqu’à présent surtout illustré sur l’entrée et le milieu de gamme, avec des produits à moins de 300€ globalement convaincants comme le Liquid E2 ou le Liquid S1. Pour sa nouvelle phablette, le constructeur taïwanais a cependant décidé de venir chatouiller les ténors du genre et propose un appareil qui, sur, le papier, n’a pas à rougir face à un Galaxy Note III, un HTC One Max ou un Xperia Z Ultra : écran de 6 pouces en Full HD, SoC Snadpragon 800 quatre cœurs, cadencé à 2,2 GHz, 2 Go de RAM, un APN de 13 mégapixels capable de filmer en 4K, une batterie de 3300 mAh… Le tout pour un prix intéressant et inférieur à ses concurrents, puisqu’on peut trouver pour moins 500€. La question est maintenant de savoir si cette phablette haut de gamme offre une expérience utilisateur à la hauteur de ses promesses.

À l’extérieur, tout d’abord, Acer a soigné son produit et a tout fait pour lui donner l’aspect qualitatif qu’on attend d’un téléphone à ce tarif : à l’avant, les rebords d’écran son assez fins et la vitre très légèrement bombée, donnant un côté rond très agréable. Le cerclage en métal renforce l’impression de solidité, tandis que le liseré rouge au dessus de la mention de la marque est du plus bel effet. La coque arrière (non amovible) est constituée d’un plastique qui semble de bonne qualité et au revêtement légèrement gommé, évitant ainsi les risques de glissade une fois l’appareille en main. Assez lourd, surtout par rapport à ses concurrents (231g contre 217g pour le HTC One Max et 168g pour le Galaxy Note III), le Liquid S2 se prend en revanche très bien en main, mais on regrette cependant que ses boutons soient difficiles à « sentir », malgré leur position impeccable sur les deux côtés de l’appareil.

En effet, Acer a eu la mauvaise idée de ne pas les faire dépasser de la coque, tant et si bien que l’on a souvent de mal à les repérer de manière naturelle sous les doigts… Enfin, au rayon des regrets, évoquons également l’emplacement du port microUSB sur le côté droit du produit, qui n’est pas des plus pratiques pour la recharge. Un mot rapide sur le son délivré par le téléphone, toujours affublé d’une mention DTS un peu ronflante. Via les écouteurs intra-auriculaires fournis (de bonne facture), la qualité d’écoute est au rendez-vous, d’autant plus que l’on peut régler précisément le spectre sonore via un égaliseur intégré. Sur les haut-parleurs en revanche, le constat est beaucoup moins rose : de la puissance certes, mais un manque cruel de basse et de médium.

L’écran IPS Full HD de 6 pouces, quant à lui, se montre tout à fait convaincant, surtout en comparaison de ce à quoi nous avait habitués Acer sur des produits moins chers. Doté d’excellents angles de vision, il offre également un bon niveau de contrastes et des couleurs très chaudes, mais on peut toutefois regretter des blancs tirant un peu vers le jaune et, surtout, une luminosité maximale un peu juste, rendant son utilisation en plein soleil assez difficile. Il se montre toutefois extrêmement réactif et bien proportionné par rapport à la taille de l’appareil.

Jusqu’à présent, le Liquid S2 cumule donc les bons points, malgré quelques légers défauts relevés, qui n’ont heureusement pas d’incidence sur son usage au quotidien. Malheureusement, le tableau va quelque peu se ternir à cause de la qualité de son appareil photo, pas vraiment du niveau de ce qu’on est en droit d’attendre sur une phablette à 500 euros. Malgré la présence d’un capteur de 13 mégapixels et d’un flash « ring », en fait composé de quatre petites LED entourant l’objectif, le rendu global des clichés est assez décevant. En extérieur, de jour et en mode automatique, on constate un réel manque de précision et des blancs largement cramés (regarder le ciel fait presque mal aux yeux) et il faut alors opter pour du HDR pour obtenir un résultat plus convaincant. Dès que l’on passe de nuit ou en intérieur, les choses se gâtent encore un peu, avec un grain très présent et un flash qui ne rend pas vraiment honneur à l’éclairage de la scène…

Heureusement, tout ceci est (un peu) rattrapé par des fonctionnalités très complètes et agréables à utiliser (beaucoup de filtres assez jolis à appliquer, de nombreux réglages manuels…) et une interface assez réussie. La capture vidéo, qu’elle se fasse en 1080p ou en Ultra HD, est quant à elle trop sujette à une mise au point manuelle capricieuse… Bref, les mauvais points prennent le dessus sur les bonnes choses concernant ce capteur photo et ce n’est sans doute pas pour cet aspect que vous craquerez pour le Liquid S2…

Autre paramètre un peu décevant, mais plus gênant pour ce type de produit : l’autonomie. La durée de vie de la batterie, pourtant de 3300 mAh, semble en effet assez mal gérée, et reste très inconstante. Ainsi, le résultat en lecture vidéo est très bon (presque 9 heures), mais un usage quotidien et polyvalent sera beaucoup gourmand en énergie et vous pourrez très bien perdre 30% d’autonomie au bout d’une matinée à laisser la phablette en veille, WiFi activé, et en ne la consultant que de temps en temps. Après une session de jeu prolongée, l’appareil aura également tendance à chauffer dans sa partie inférieure, tout en voyant son niveau de batterie drastiquement chuter… Cette gestion hasardeuse semble en tout cas très étonnante, étant donné que des configurations équivalentes, ou presque, font bien mieux. Il ne reste plus qu’à espérer que ce genre de souci puisse être réglé de manière logicielle et qu’une mise à jour salvatrice vienne améliorer tout ça.

Côté performances, le tableau est plus idyllique même si, là encore, certains aspects étonnent. Les résultats sous AnTuTu Benchmark et 3D Mark sont par exemple bien en deçà de ce à quoi nous sommes habitués avec le Snapdragon 800, qui approche la plupart du temps la barre des 30.000 points. Ici, il ne faut pas espérer dépasser les 20.000 points sous AnTuTu ou les 9.000 points sous le test Ice Storm de 3D Mark. Bref, des scores peu engageants, mais qui ne représentent heureusement pas la qualité de l’expérience utilisateur et le niveau de performance générale du produit. Vous allez pouvoir jouer tranquillement à Asphalt 8, Sine Mora, Real Racing 3 ou Dead Trigger 2 sans vous soucier du niveau de détails graphiques, tout comme vous pourrez regarder n’importe quelle vidéo en 1080p sans craindre la moindre saccade. Sur le web, le temps de réponse est très rapide et la navigation parfaitement fluide, que l’on zoome d’un pincement de doigt ou que l’on fasse défiler une page à toute vitesse.

Même discours au sein de l’interface, réactive en tous points. On apprécie d’ailleurs toujours autant le fait qu’Acer propose un Android (4.2.2) très peu modifié, et se contente d’ajouter quelques applications maison. Phablette oblige, on trouve ainsi différentes fonctions de prises de notes rapides et de captures d’écran « à main levée », qui rappelle ce qu’on trouve sur l’Optimus G Pro de LG. Côté téléphonie et réseau, RAS : le fix GPS est rapide et précis, tandis que le son en conversation est de bonne qualité.

Pour conclure, il parait évident qu’Acer a été plein de bonne volonté dans la conception de son Liquid S2. En essayant de conserver un prix relativement attractif et un hardware haut de gamme, la firme a cependant dû faire quelques concessions et l’on devra par exemple faire l’impasse sur un appareil photo de qualité. L’autonomie est également un point problématique, même si nous soupçonnons surtout un souci d’ordre logiciel, qui pourrait être réglé via une mise à jour. Enfin, notons tout de même que l’appareil reste assez lourd et volumineux, même pour une phablette. Mais il ne faut pas oublier que le Liquid S2 fait partie de ces rares smartphones à très grand écran équipés d’un SoC haut de gamme - le snapdragon 800 - et vendu moins de 500€. Les défauts du produit sont donc bien réels, mais s’avèrent en partie contrebalancés par ce positionnement tarifaire intéressant.