Une psy prise en otage avec une brosse à dents

  • 15/01/2014
  • Source : AFP
On connaît davantage de détails sur la prise d'otage survenue lundi dans un établissement de Toul (Meurthe-et-Moselle).

La prise en otage d'une psychologue par un détenu armé d'une brosse à dent taillée en pointe, dans la nuit de lundi à mardi à Toul (Meurthe-et-Moselle), a mis en lumière les limites de l'interdiction des fouilles corporelles intégrales systématiques.

La prise d'otage s'était achevée sans effusion de sang, vers 0H30, au bout de six heures. Agé de 24 ans, le preneur d'otage avait brûlé «la partie brosse, puis l'avait aiguisée, taillée en pointe comme un poinçon. Une arme qui peut être assez dangereuse car assez rigide et très pointue», a raconté mardi le procureur à Nancy, Thomas Pison.

L'arme de fortune ne dépassant pas une dizaine de centimètres avait été «manifestement dissimulée dans son slip, sous ses parties génitales». Lorsque les détenus se déplacent en prison ils ne sont pas fouillés mais simplement soumis à une palpation, conformément à l'interdiction des fouilles corporelles intégrales systématiques, et c'est la raison pour laquelle la brosse à dent n'a pas pu être trouvée à temps, a dit le procureur.

«Il n'y a pas eu de dysfonctionnement, c'est le protocole de contrôle classique», a-t-il déclaré. «Ce genre d'affaire se répand» et «pose une vraie difficulté» pour l'administration pénitentiaire, soumise à la double exigence du respect de la dignité humaine et des impératifs de sécurité, a dit le procureur.

«Cet incident démontre à nouveau les limites de l'interdiction des fouilles à nu systématiques», a déclaré Fadila Doukhi, déléguée FO pénitentiaire à Nancy, interrogée mardi par l'AFP. «En très peu de temps on a eu beaucoup d'incidents» similaires dans les prisons françaises, a-t-elle affirmé.

«On a aussi de plus en plus de détenus avec des pathologies lourdes, et pas assez de personnel médical. Il faut tirer la sonnette d'alarme», a ajouté Mme Doukhi. L'intersyndicale des surveillants de prison FO-SPS-CTFC réclame la tenue d'«états généraux de la prison» et une réforme de la loi pénitentiaire de 2009 qui, en assouplissant les conditions de détention, a, selon elle, «donné les pouvoirs aux détenus».

Pour se conformer à la jurisprudence européenne, la loi prévoit que les fouilles corporelles intégrales doivent être l'exception et non plus la règle.

Incidents multiples

Mardi matin une centaine de surveillants du grand Ouest ont empêché l'accès à la prison de Rennes-Vezin. Les agressions de surveillants se sont multipliées récemment à la prison de Condé-sur-Sarthe, près d'Alençon, qui a connu une quinzaine d'agressions majeures en moins de 6 mois.

Mardi dernier à Marseille, un détenu avait séquestré pendant près de trois heures la directrice de la maison d'arrêt des Baumettes, muni d'une barre de fer et d'un morceau de miroir brisé, avant de se rendre sans violence. «Les prisons sont devenues une poudrière» et passer les détenus à travers des portiques ne permet «même pas de détecter certains téléphones portables ou des couteaux en céramique», souligne Philippe Steiner, secrétaire adjoint de l'UFAP Grand Est.

Dans l'incident de Toul, le preneur d'otage n'était «pas considéré sur le plan psychiatrique comme quelqu'un posant de problèmes majeurs», mais «comme beaucoup de détenus, (il) était un peu fragile», a précisé le procureur à Nancy.

Le détenu purgeait depuis 2012 deux peines de 2 et 4 ans pour des faits de violence et des cambriolages. A sa demande, il avait été transféré à Toul en juillet dernier, après avoir séjourné dans les prisons de Colmar (Haut-Rhin) puis Montmédy (Meuse), selon de nouveaux éléments à disposition du procureur.

Il réclamait son transfert en Alsace, sa région d'origine. Après une longue négociation menée par un surveillant de la prison puis par le GIPN, le détenu a libéré son otage, une psychologue âgée de 30 ans, puis s'est rendu.

Il devrait être mis en examen mercredi pour «séquestration,» simple ou aggravée, encourant ainsi «de 5 ans à 30 ans» de prison, alors qu'il était libérable en 2017, a dit le procureur.