Une mère tue son bébé avec l'aide d'un collègue dans les toilettes d'un supermarché et… le jette à la poubelle

  • 15/02/2014
  • Source : AFP
Une mère de famille, accusée du meurtre de son nouveau-né, a été condamnée à six ans de prison dans la nuit de vendredi à samedi par les assises du Gers, malgré ses dénégations et le fait que le corps n’ait jamais été retrouvé, a-t-on appris auprès de l’une des parties.

Audrey Pujos, 35 ans, s’est toujours défendue d’avoir tué la fillette dont elle a accouché le 3 septembre 2011 avec l’aide d’une collègue dans les toilettes du supermarché de Lombez où elle travaillait, et qu’elle dit avoir jetée à la poubelle.

Malgré l’absence de cadavre, le jury a retenu contre elle les circonstances très troubles de l’affaire et de la vie de l’accusée, une jolie femme mariée, appartenant à une classe moyenne éclairée, diplômée et décrite comme supérieurement intelligente.

Audrey Pujos avait dissimulé sa grossesse à tous ses proches, à commencer par son mari avec lequel elle avait déjà eu trois filles.

Elle a constamment répété que, rentrée chez elle à un quart d’heure de son lieu de travail après l’accouchement, elle avait mangé un peu et pris une douche, et qu’elle avait retrouvé le bébé mort. Comme sidérée, elle serait alors « passée en pilotage automatique », selon les mots de son avocat, et aurait jeté le cadavre dans un conteneur à ordures près de la maison. Les enquêteurs avaient retourné une déchetterie, sondé un lac, mais n’avaient pas retrouvé l’enfant.

Audrey Pujos était jugée à Auch jeudi et vendredi pour meurtre d’un mineur de moins de 15 ans et atteinte à l’intégrité d’un cadavre, pour lesquels elle encourait la réclusion à perpétuité.

Le procès a mis en lumière la personnalité de la jeune femme, qui ressentait la vie partagée depuis une quinzaine d’années avec un professeur de musique comme une cage dorée, et qui avait des amants. Elle a eu une liaison avec le responsable de son magasin pendant quelques mois avant l’accouchement. La question de la paternité de cette quatrième fillette a affleuré au cours des débats. Son mari, lui, n’aurait tout appris qu’au cours de l’enquête.

Audrey Pujos a fait face au cours du procès aux expertises et aux témoignages défavorables, la confrontant à ses mensonges et mettant à mal d’un point de vue médical sa version de la mort de l’enfant.

Elle-même a présenté comme un « enfer » une vie sans rapport avec ce dont elle avait rêvé et la pression qu’aurait exercée sur elle sa belle-famille. Elle était « comme une princesse en prison ».

Le procureur Pierre Aurignac avait réclamé huit années de prison contre l’accusée, qui a passé six mois en détention provisoire. Elle n’aurait pas eu de raison de se débarrasser du corps si elle n’avait pas tué, a-t-il fait valoir.

« Il n’y a dans cette histoire aucun doute raisonnable » quant au meurtre, a abondé Me Eric Mathias, avocat de l’ex-mari. « Pourquoi déposer un bébé dans une poubelle si on n’a rien à cacher ? »

L’ancien mari d’Audrey Pujos s’était constitué partie civile, non pas pour accabler celle qui fut et reste peut-être « la femme de sa vie » et qui est la mère de ses enfants, mais pour faire éclater la vérité, a expliqué Me Mathias.

La vérité n’a pas éclaté au procès mais peut-être le verdict, en signifiant formellement à Audrey Pujos qu’elle a bien été mère, l’aidera-t-il à le reconnaître et à « libérer sa parole », a dit l’avocat.

Son client, lui, s’est effondré devant la lourdeur, à ses yeux, de la peine prononcée, a rapporté Me Mathias.