Pour des considérations mystiques, Niédiékaha refuse d'occuper son marché rénové

  • 22/11/2015
  • Source : APA
Pour des considérations d'ordre mystique, les commerçants de Niédiékaha, une sous-préfecture du département de Niakaramandougou, située à 489 km au Nord d'Abidjan, la capitale économique de la Côte d'Ivoire, refusent d'occuper le marché rénové.

Les populations de cette agglomération rurale, Niédiékaha, demeurent encore ancrées dans la tradition ancestrale, refusant même souvent d'utiliser des réalisations modernes mises à leur disposition par les autorités.

Prétextant des considérations d'ordre mystique, les populations de Niédiékaha opposent depuis belle lurette un refus catégorique à une décision du sous-préfet de la localité d'installer les commerçants et vendeuses dans le nouveau marché réhabilité à leur profit par le Conseil régional du Hambol (Katiola, Centre-Nord).

Assise sous un arbre à une centaine de mètres du marché rénové par le Conseil régional du Hambol, dame Yaha, la soixantaine révolue présente des aubergines disposées à même le sol aux rares clients qui s'aventurent vers son étable.

Interrogée par APA sur les raisons de sa présence en cet endroit, au lieu d'intégrer l'espace du marché, elle est d'abord réticente avant de finir par lâcher le morceau. "Franchement en ce qui concerne notre intégration dans le marché, beaucoup de choses se racontent ici", relève-t-elle, avant de lancer "on dit que la première personne qui va s'installer dans ce marché va mourir. Donc pour le moment; comme personne ne veut mourir, on n'est ici en attendant".

Pour le sous-préfet de Niédiékaha, Laiméhé Coulibaly, "le problème du marché d'ici est un sérieux problème". En effet, regrette-t-il "depuis la réhabilitation de ce marché, les villageois sont rentrés dans des considérations mystiques comme quoi, le premier qui s'y installe va mourir ou il faut un certain nombre de personnes à tuer, et cela n'est pas intéressant".

De nombreux fonctionnaires de la ville sont affectés par cette situation, car ils sont obligés de payer 2000 FCFA de transport pour aller s'approvisionner dans la ville voisine, Tafiré, ajoute M. Coulibaly qui ne se lasse pas de toujours sensibiliser les parents. "On fait donc mains et pieds pour enlever cette peur et les gens ont commencé petit-à-petit à s'installer autour de ce marché", conclut-il.

Le marché de Niédiékaha, a bénéficié d'une réhabilitation qui a coûté 12 893 921 F CFA au Conseil régional du Hambol, présidé par Gnoumaplin Ibrahim Traoré. Ce marché avait été déplacé de son ancien emplacement par l'ex-Conseil général qui l'a construit sur le site actuel. Mais, pour ces considérations mystiques, ce marché n'avait jamais été occupé par les commerçants, jusqu'à ce qu'il tombe en ruine.


  CK/ls/APA