Paris: Amadou Koumé, 33 ans, mort au commissariat

  • 20/04/2015
  • Source : leparisien.fr
Les proches d'un père de famille de l'Aisne, décédé début mars après son interpellation musclée à Paris (Xe), réclament des explications qui tardent à venir.

Amadou Koumé avait 33 ans. Ce père de deux enfants, originaire de Saint-Quentin (Aisne), est mort dans la nuit du 5 au 6 mars dernier au commissariat du Xe arrondissement de Paris.

Cet intérimaire, venu chercher un emploi dans la capitale, avait été interpellé quelques heures plus tôt, à proximité d'un café du secteur de la gare du Nord. Ce décès dans une enceinte de police n'avait jusqu'ici jamais été ébruité.

Dans un premier temps, le parquet de Paris avait ouvert une enquête préliminaire pour recherche des causes de la mort, avant de requalifier très rapidement les faits en homicide involontaire. L'enquête a été confiée à l'inspection générale de la police nationale (IGPN). Mais, depuis l'annonce de ce décès brutal, les proches d'Amadou Koumé vivent dans l'incompréhension et se sentent exclus de la procédure.

La semaine dernière, ils ont chargé leur avocat, Me Eddy Arneton, de déposer une plainte contre X pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner et abstention de porter assistance à une personne en péril. « Il faut qu'un juge d'instruction soit désigné pour conduire les investigations », assène Me Arneton.

Selon les premiers éléments de l'enquête, Amadou a été interpellé le 6 mars à 0 h 5 alors qu'il tenait des propos incohérents. « Il n'était manifestement pas bien, détaille une source judiciaire. Quand les policiers ont voulu le menotter, il s'est débattu. Ils ont dû procéder à une manœuvre d'étranglement pour lui passer les menottes. A l'arrivée au commissariat à 0 h 25, ils se sont rendu compte qu'il était amorphe. Le Samu a tenté de le ranimer, en vain. » Le décès d'Amadou a été officiellement constaté à 2 h 30.

Pour ses proches, les circonstances doivent être éclaircies. « On ne sait pas comment il est mort, s'indigne Habi, sa grande soeur. Le matin de son décès, il a fallu que je passe trois appels à l'IGPN et que j'implore la personne au standard pour enfin obtenir des informations sommaires. Au téléphone, on m'a dit qu'il avait été transporté couché dans le fourgon et qu'il était mort à 0 h 30. En découvrant l'acte d'état civil, j'apprends que son décès n'a été déclaré que deux heures plus tard. Je me demande si on ne veut pas nous cacher quelque chose. » Lorsqu'ils se sont rendus à l'Institut médico-légal, plusieurs membres de la famille du jeune homme se sont aperçus qu'il présentait une plaie au visage.

Les parents d'Amadou ont été reçus trois jours après le drame dans les locaux de l'IGPN. Depuis, malgré leurs courriers, les proches n'ont pas été informés des résultats de l'autopsie. Les demandes se sont, semble-t-il, perdues dans les méandres de la machine judiciaire. « Tant que je ne sais pas ce qui s'est passé, je suis incapable de faire mon deuil, s'emporte Jessica, la compagne d'Amadou et mère de leur garçon de 4 ans. J'imagine tous les scénarios possibles. C'est insoutenable. On a l'impression de ne compter pour rien. » La famille d'Amadou a été recontactée en milieu de semaine dernière par les enquêteurs. La direction générale de la police nationale n'a, elle, pas donné suite à nos appels.