« Mon mari était riche mais impuissant. Je l’ai alors quitté »

  • 28/09/2013
  • Source : leuksenegal
Sokhna Diop est comptable de profession. Elle vit présentement à Golfe Océan. Elle a vécu avec un homme victime de dysfonction érectile. Elle nous raconte cette aventure, au final, très douloureuse.

Comment avez-vous découvert que votre ex-mari était impuissant ?
 
Je voudrais préciser que c’est une épreuve difficile aussi bien pour celui qui connaît une dysfonction érectile que pour sa partenaire. Je n’avais pas eu de relations hors mariage avec mon ex-mari puis qu’il vit à l’étranger. Huit jours après notre mariage, il n’avait pas encore consommé le mariage. Cela m’a étonnée. Après je lui ai demandé ce qui n’allait pas, il m’a dit que ce n’était rien.
 
Mais qu’est ce que vous faisiez pour le mettre en forme ?
 
Je faisais tout pour l’aguicher, pour me rendre appétissante, en fait tout ce qu’une femme doit faire pour séduire son mari : faire mes « salagne salagne », les petits pagnes et autres fer (perles). En fait, il se limitait juste aux baisers et aux caresses comme s’il avait un blocage. Il en fallait plus pour me faire sentir des choses. Je me disais que le gars m’aimait tellement que cela l’inhibait. C’est l’émotion qui lui faisait perdre ses capacités. A partir d’un certain moment, j’ai commencé à douter non pas de lui mais de moi. De ma féminité. Je me disais qu’avec mon potentiel de charme si malgré tout, il y a un homme que je n’excite pas, il y a des choses chez moi que je devais revoir. Au fil des jours, j’ai posé le problème sur table. Je lui ai clairement dit que cela ne pouvait pas continuer. Mieux valait tout arrêter dès le début parce que je voulais avoir des enfants. Et je ne pouvais pas attendre un mari qui ne vit pas avec moi et le peu de temps qu’il reste ici au pays, il ne se passe rien au lit. C’était difficile pour lui de m’avouer qu’il était malade.
 
Il avait déjà eu une femme et des enfants je suppose donc que c’est un problème qui est arrivé en cours de vie. J’étais une deuxième femme. Je crois que la première femme pouvait supporter cette situation. J’étais jeune. Et puis avoir une vie sexuelle participe de l’épanouissement de l’individu. Mes nuits étaient très longues. C’est très dur à supporter et pas évident d’en parler ici au Sénégal.
 
Ça a duré combien de temps ?
 
Il était juste venu en vacances pendant trois mois. Et il ne s’est rien passé, dara !
 
Et il n’a pas essayé de vous satisfaire autrement ?
 
Vous savez avec les doigts ou autres, vous restez sur votre faim. Et puis les attouchements sont une étape. Si rien ne se suit, vous restez sur votre faim.
 
Il n’est pas venu un moment où il se dit écoute on va essayer ?
 
Mais il a toujours essayé. Il faisait des efforts mais il bandait à peine. Ses attributs ne prenaient même pas une forme satisfaisante pour la pénétration.
 
A peine ou pas assez ?
 
Il ne bandait pas.
 
Et cela vous faisait quoi ?
 
Je passais beaucoup de nuits à pleurer. La société sénégalaise étant ainsi faite. On comprend mal quelqu’un divorcer juste après s’être marié. Étant donné qu’il est difficile d’expliquer cela à quelqu’un. Donc le tort vous revient. Ils se disent « xaley bi togoul sey » alors que le gars, machala, m’assurait tout sur le plan matériel. Il était bien nanti et était généreux. Il ne faut pas qu’on se voile face. La richesse, aucune femme ne crache dessus. Mais il faut que quelque chose l’accompagne. Donc si cette chose n’existe pas, on ne voit plus l’argent.
 
Pensez-vous que la puissance sexuelle est plus importante que la richesse ?
 
Tout à fait. Quand on vit en couple, on veut être épanoui sexuellement. Et avoir des enfants qui puissent l’aider plus tard.
 
Mais s’il faut faire un choix ?
 
Le choix ne se résume pas seulement à la vie sexuelle. Mais on dit que souvent : « jabar dagnoukoy deukeul deuko ko » (on doit entretenir sa femme aussi bien matériellement qu’au lit). Et d’ailleurs ce sont les deux aspects qu’on demande à quelqu’un lorsqu’il a des problèmes avec sa femme. Et s’il y a une faiblesse au lit, c’est un motif de divorce. Ceux qui ont des maris impuissants vont voir ailleurs avec un jeune homme très en forme. Étant donné que je ne veux pas me faire une mauvaise réputation. J’ai choisi de rompre ce mariage. Parce que cela ne pouvait pas continuer. J’aurais pu jouer le jeu le temps qu’il parte. Après je vais tirer mon plaisir ailleurs. Mais je me suis refusée à cela. Donc j’ai décidé de rompre le mariage. Il a essayé de me retenir en disant qu’il comptait se soigner. Mais je ne pouvais pas rester attendre quelqu’un alors que je savais que le problème n’allait pas être réglé.
 
Comment avez-vous gérez cela sur le plan familial ?
 
Cela a été très dur. Car la sexualité au Sénégal est taboue. Et les gens cultivent la sutura dans les ménages. Mais vue la situation, j’étais obligée de dire à mes parents la vérité.
 
Et vous ont-ils compris ?
 
Oui ils ont compris mon choix. Car quand quelqu’un qui veut vivre en mariage décide de tout laisser tomber c’est parce qu’il a des raisons valables.
 
Si cette aventure vous est arrivée, c’est parce qu’avant de vous marier vous n’avez pas vécu ensemble. Si vous devriez vous marier encore allez-vous « tester » votre futur mari ?
 
(Rires). Ça je peux pas le dire. La société et la religion interdisent certaines choses. La chasteté est importante chez nous.
 
Allez vous le tester ?
 
Bon, je ne vais pas le tester, mais bon je vais voir un peu, toucher…pour savoir. Pour savoir si ça marche ou pas. Parce que si ça ne marche pas, je ne vais pas rester.
 
D’après ce que vous entendez autour de vous. Comment les gens vivent cette impuissance masculine ?
 
Vous conviendrez avec moi que ce ne sont pas de sujets de discussion. Il arrive parfois qu’on soit sur le point de craquer, de basculer dans la dépression. Car le divorce est difficile à vivre. Ceci à plus forte raison si c’est pour une raison qui n’a rien à voir avec une dispute, des violences conjugales ou un problème de dépense quotidienne, mais un problème de lit. C’est difficile. Donc à chaque fois que fois que je vois un homme qui en souffre ou qui recherche quelque chose pour augmenter ses capacités sexuelles, cela me renvoie à mon histoire. En ce moment par exemple, je ne suis pas bien. Parce que cette affaire fait partie des choses qui m’ont fait le plus mal dans ma vie.
 
Mais comment votre ex-mari a décidé de contracter un mariage alors qu’il avait ce problème ?
 
En fait quand, nous avons mis le problème sur la table, il m’a tout raconté. Il m’a dit que les choses lui sont arrivées suite à des maux de ventre. Ensuite, il a constaté sa dysfonction érectile. Il a tout tenté. Il m’a même dit qu’il devait se faire des injections avant les rapports sexuels. Mais il pensait que je pouvais supporter tout cela parce que sa première femme s’en accommodait très bien. A la limite si c’était quelque chose qui est arrivé au cours du mariage j’aurais pu comprendre. Mais là…
 
C’est quand même un peu bizarre car avant de prendre le volant, il faut savoir conduire…
 
Mais vous pouvez voler une voiture. Vous pouvez juste entrer afin de tester la voiture. Mais étant donné qu’il avait sa première femme qui s’en accommodait, il croyait que c’était possible pour moi. Je lui ai conseillé de trouver une autre femme plus âgée que moi. Une dame qui ne s’intéresse pas à ces choses. Et quand je lui ai demandé d’ailleurs pourquoi moi ? Il m’a dit que c’était l’amour qui le guidait. J’avais déjà eu un premier et j’avais une vie sexuelle normale. Donc je ne compte pas me retrouver dans un contexte où c’est le vide sexuel. Je crois que ceux qui sont dans cette situation doivent impérativement se faire soigner. Il faut se soigner avant de se marier. Parce que cette affaire est dure pour l’homme certes mais également pour la femme. C’est très très dur pour la femme. Celles qui vivent cela, sont très courageuses. Mais il y a des limites à tout. Car connaître quelque chose et y renoncer un beau jour, c’est très dur très dur. Donc celles qui ne sont pas encore mariées ne doivent pas aller jusqu’à l’acte mais qu’elles vérifient si tout fonctionne normalement. Sinon elles vont pleurer toutes les larmes de leur corps.