Le vendeur d'un château bordelais et son acheteur chinois s'écrasent en hélicoptère.

  • 21/12/2013
  • Source : AFP
L'affaire s'était conclue jeudi avec l'achat par un milliardaire chinois d'un vignoble bordelais, le Château de La Rivière, mais la fête a tourné vendredi au drame après le survol de la propriété à bord d'un hélicoptère qui s'est abîmé dans la Dordogne, le vendeur français et l'acheteur chinois étant portés disparus.

Vendredi soir un cadavre, encore non-identifié, a été repêché dans l'épave de l'hélicoptère localisé dans les eaux de la Dordogne et les recherches ont été suspendues peu après 23H30, a indiqué la préfecture de la Gironde, ajoutant qu'elles devaient reprendre samedi dès 08H00.

La journée devait être placée sous le signe de la fête avec une conférence de presse lancée avant midi, la présentation du nouveau propriétaire aux équipes du Château de La Rivière et ses 65 hectares de vignes dans l'Appellation d'origine contrôlée (AOC) Fronsac, ainsi que le repas de clôture.

Mais en fin de journée, James Grégoire, propriétaire et pilote d'hélicoptère, décidait d'embarquer Lam Kok, 46 ans, qui préside la société Brillant, basée à Hong Kong et spécialisée dans le négoce de thés prestigieux et l'immobilier de luxe, pour survoler la propriété et ses alentours. Prenaient également place à l'arrière de l'appareil le fils du milliardaire, un adolescent de 12 ans, et un interprète. L'épouse de Lam Kok avait décidé au dernier moment qu'elle ne désirait pas monter à bord, expliquant qu'elle "avait peur de l'hélicoptère", a témoigné un photographe de l'AFP, présent sur place.

Selon ce dernier, James Grégoire a effectué patiemment toutes les procédures, check-list posée sur les genoux, invitant même à ne pas fermer les portes tant qu'il n'avait pas terminé ses vérifications.

Quelques vingt minutes après le décollage, ne voyant pas l'hélicoptère revenir alors que ce devait être un "simple tour", les équipes restées dans les jardins du château ont appelé les pompiers. Et l'angoisse à commencé à monter. Rapidement, un hélicoptère Dragon des pompiers a survolé la zone à la recherche de l'appareil qui ne répondait plus. La nuit tombant, un second hélicoptère, appartenant à la gendarmerie et équipé d'un puissant projecteur, est venu l'épauler.

Echanges culturels autour du thé et du vin

Finalement, à la suite d'un appel téléphonique d'un témoin à la gendarmerie, il est apparu que l'hélicoptère était tombé dans les eaux de la Dordogne, sur la commune de Lugon-et-l'île-du-Carnay, qui jouxte celle de La Rivière, où se situe le château du même nom.

Un PC de crise était rapidement monté à la nuit tombée et une centaine de gendarmes et de pompiers s'affairaient pour retrouver trace de l'hélicoptère qui a été localisé en début de nuit, trois des quatre occupants de l'appareil étant toujours portés disparus.

Equipés de torches et embarquant sur plusieurs bateaux pneumatiques, des hommes-grenouilles ont sondé les eaux de la Dordogne tandis que des gendarmes inspectaient les berges au lieu-dit le port du Petit Chartron. Un hélicoptère continuait à survoler pendant plusieurs heures cette zone précise de la Dordogne, constatait un photographe de l'AFP sur place.

Sinistre coïncidence, le précédent propriétaire du Château de La Rivière, Jean Leprince, avait, en février 2002, trouvé la mort à l'âge de 66 ans dans un accident d'avion lui appartenant. Le pilote et le co-pilote du Cessna bimoteur avaient également été tués lorsque l'avion s'était écrasé peu après son décollage de l'aérodrome d'Artigues-de-Lussac, près de Libourne. En 2003, James Grégoire avait racheté la propriété.

La vente du Château de La Rivière représentait "le plus gros investissement chinois à ce jour en terme de valeur", avait assuré en début d'après-midi le directeur général du domaine, Xavier Buffo, à l'issue de la conférence de presse.

L'ambition du nouveau propriétaire, "hormis de continuer à élever la qualité des vins", était "de créer un haut-lieu d'échanges culturels autour du thé et du vin", avait-il assuré, annonçant le projet de construction d'un "équipement de très haut standing pour la dégustation de thés et de vins".

"C'est la concrétisation du rapprochement entre les thés de Pu'er et l'excellence des vins de Bordeaux", s'était félicité le maire de Libourne, Philippe Buisson (PS), qui ?uvre depuis 18 mois en faveur d'un rapprochement économique entre sa ville et celle de Pu'er. Le groupe Brillant, qui possède quatre "Relais et châteaux" en Chine, dont un immergé au milieu des plantations de thé de Pu'er, "voulait avoir son pendant dans le libournais", avait précisé le maire.