Le baiser lesbien en plein rassemblement évangélique qui embrase le Brésil.

  • 24/09/2013
  • Source : 7sur7

Deux jeunes femmes, qui se sont embrassées en plein rassemblement d'une église  évangélique, ont été sorties menottées de la salle. L'intervention de la police suscite une vive polémique au Brésil.
Le célèbre "Baiser de Marseille", échangé par deux jeunes filles en octobre 2012 lors d'une manif contre le mariage pour tous, a désormais une version brésilienne.
 
Le 15 septembre dernier, deux jeunes brésiliennes ont profité d'un rassemblement de l'église évangélique à São Sebastião, dans le nord de Sao Paulo, pour échanger un baiser qui, aujourd'hui, divise la société brésilienne, relate Rue89. Car ces deux jeunes filles ont été arrêtées sur ordre du pasteur Marco Feliciano, qui venait de prendre la parole (voir la vidéo ci-dessous, à partir de 04min25 sec.). 

Ce dernier, par ailleurs député fédéral et président de la commission des Droits de l'homme et des minorités à la Chambre des députés, a fait intervenir la Garde municipale et la police pour les sortir de la salle. "Ces deux filles vont devoir sortir d'ici menottes aux poignets. Pas la peine de fuir, la garde civile est en train d'arriver jusqu'à elles. Ici, ce n'est pas un bordel, c'est la maison de Dieu", a-t-il lancé à la foule.  Yunka Mihura, 20 ans, et Joana Palhares, 18 ans, ont expliqué avoir été emmenées par les agents de la garde civile qui leur ont adressé un procès verbal. 
 
Elles sont toutefois déterminées à faire valoir leur droit. "Le rassemblement avait lieu sur un espace public, financé par nos impôts", a raconté l'aînée. "Cette scène, ce micro, tout était payé par l'argent public. Il s'agissait, de plus, d'un espace ouvert. C'était notre droit d'être là". Une défense encouragée par l'avocat des victimes qui évoque une arrestation illégale. Le pasteur s'est quant à lui défendu son compte Twitter.
 
D'après lui, leur comportement contrevient au code pénal brésilien qui, en son article 208, condamne le fait de tourner publiquement quelqu'un en dérision, au motif d'une croyance ou d'une fonction religieuse. Il ajoute qu'elles ont perturbé une cérémonie et que leur comportement n'avait pour but que de dénigrer publiquement un acte ou un objet religieux. Un fait aussi condamnable. Or, d'après les deux demoiselles, d'autres couples s'embrassaient également.
 
Si la loi prévoit jusqu'à une année de prison pour ce type de délit, elle suscite la polémique. Sur Twitter, de nombreux utilisateurs ont vivement critiqué le pasteur, auteur dans le passé de déclarations polémiques et racistes, qui, pour beaucoup, a abusé de son autorité. Rue89 rappelle que sa nomination à la tête de la commission des Droits de l'homme avait été vivement critiquée par la classe politique brésilienne. Une vingtaine d'organisations liées aux droits de l'homme ont déjà réclamé l'annulation de son mandat. L'enquête au sujet du "Baiser de São Sebastião", elle, est toujours en cours.
 
Marco Feliciano a déjà été la cible de nombreuses protestations pour ses prises de position racistes et homophobes.