José Mujica, le président pauvre

Pour le trouver, il faut sortir de la capitale, Montevideo, s'enfoncer dans la banlieue rurale où paissent déjà quelques vaches grasses, quitter l'asphalte pour un ruban de terre.

Sur un chemin surveillé par deux policiers qui semblent s'être égarés, une masure en torchis blanc et toit de tôle posée dans un jardin en friche. Le propriétaire ouvre sa porte, en gros pull de laine et survêtement, avant de saluer, d'un bref signe de tête. Cet homme aux manières simples, qu'on pourrait facilement confondre avec un paysan du coin, n'est autre que le président de la République orientale de l'Uruguay.

À la tête d'un petit pays de 3,4 millions d'habitants coincé entre les géants brésilien et argentin, José Mujica, 78 ans, attire aujourd'hui les flashs du monde entier par sa sobriété et des réformes qui bousculent l'Amérique latine. «Le président le plus pauvre du monde», comme on l'a surnommé, a renoncé au palais Suarez y Reyes et reverse les trois quarts de son salaire à des associations d'aide au logement. Non content d'avoir légalisé l'avortement et le mariage homosexuel, tabous dans la région, il entend désormais nationaliser la production de cannabis. Une petite bombe dans une région obsédée par la lutte contre le narcotrafic.