Etats-Unis: Un condamné à mort reçoit 15 fois la dose normale

  • 03/08/2014
  • Source : lematin.ch
Le 23 juillet dernier, l'exécution par injection létale de Joseph Wood en Arizona a duré plus de deux heures. Son avocat réclame une enquête.

Le condamné à mort américain Joseph Wood, exécuté le 23 juillet en Arizona à l'issue d'une procédure inhabituellement longue de près de deux heures, a reçu quinze fois les doses mortelles prescrites de deux produits, selon son avocat. Il réclame l'ouverture d'une enquête indépendante.

«Le protocole d'exécution en Arizona stipule que le prisonnier doit être exécuté en recevant 50 milligrammes d'hydromorphone et de midazolam. Mais le rapport d'exécution rendu public vendredi soir par le département pénitentiaire d'Arizona (ADC) montre que ce protocole expérimental n'a pas fonctionné comme il aurait dû», a souligné dans un communiqué les des défenseurs du condamné.

«Au lieu de recevoir une dose comme le requiert le protocole, l'ADC a injecté 15 doses séparées de cette combinaison de médicaments, ce qui a prolongé l'exécution et en a fait la plus longue de l'histoire récente», a-t-il expliqué. Il a exigé l'ouverture d'une enquête menée par une autorité non gouvernementale.

«Haleté», «grogné» et «suffoqué»

L'exécution de Joseph Wood, 55 ans, condamné pour le double meurtre de son ancienne petite amie et du père de celle-ci en 1989, avait duré 117 minutes, au lieu d'une dizaine de minutes habituellement. Le condamné a «haleté», «grogné», «suffoqué et cherché sa respiration pendant environ une heure et 40 minutes», avait rapporté l'avocat à l'issue de l'exécution.

Le directeur de l'ADC, qui a lui-même supervisé cette exécution controversée, s'est dit favorable à une telle enquête dans le New York Times samedi. Selon lui l'accumulation de doses d'anesthésiant était destinée à s'assurer que «le détenu restait profondément sédaté durant le processus et ne souffrait pas».

L'agonie sans précédent de Joseph Wood avait relancé aux Etats-Unis la violente polémique sur l'injection létale comme méthode d'exécution. A la fin avril, c'est en Oklahoma qu'un prisonnier avait succombé dans d'apparentes souffrances 43 minutes après l'injection d'un cocktail de trois produits.