Elle brise son rêve, il l'abat

  • 02/06/2014
  • Source : lematin.ch
En 2012, un Vaudois assassine une prostituée à Payerne. Il voulait l’épouser. L’acte d’accusation vient de tomber.

Elle s’appelait Rebecca*. Une nuit de juin 2012, cette prostituée roumaine de 34 ans est morte à demi nue en pleine rue à Payerne (VD). Tuée de deux balles dans la tête tirée par Paul*, installateur sanitaire du même âge, qui rêvait de l’épouser. L’acte d’accusation à son encontre vient de tomber et on en sait désormais plus sur les circonstances du drame.

Elle lui soutire tout son argent
Paul rencontre Rebecca fin 2010 dans un salon où elle vend ses charmes. Le Vaudois y succombe régulièrement et va jusqu’à lâcher 2000 francs pour passer toute la nuit avec elle. Il la présente à ses parents avec qui il vit. La jeune femme, qui a un compagnon au pays, a pourtant accepté de sortir avec Paul. Celui-ci rêve de lui trouver un poste de fromagère, domaine dans lequel elle aurait une formation. Pour qu’elle décroche un permis B, il lui loue un appartement à Fribourg trois mois durant mais sans succès. La jeune femme alterne passes à la chaîne en Suisse et longs séjours en Roumanie.

Fin 2011, elle rentre au pays et de là demande à Paul 30 000 francs pour financer l’opération de sa mère. Le Vaudois les lui envoie. Rebecca lui écrit qu’elle a trouvé un poste de fromagère en Bulgarie mais, en réalité, revient se prostituer à Payerne sous le pseudo de Sara. Elle utilise pour cela un nouveau numéro de téléphone. Avec son ancien, elle continue à entretenir sa lucrative relation avec Paul. En mai 2012, Rebecca rentre en Roumanie pour y recevoir Paul qui croit qu’elle y est toujours restée. Le Vaudois est venu la voir et lui amener 20 000 francs qu’elle réclamait.

Il s’endette de plus en plus et souscrit 150 000 francs d’emprunt hypothécaire sur le petit domaine de ses parents à Moudon. Depuis un an, il passe ses week-ends à y aménager une annexe dans laquelle il espère s’installer un jour avec Rebecca. Le Vaudois va jusqu’à emprunter 5000 francs à une ex pour les envoyer à la Roumaine. Cette dernière prend ce prétexte pour feindre la jalousie et rompre. «Elle commençait à craindre la réaction de Paul s’il découvrait qu’elle n’avait jamais été amoureuse de lui», lit-on dans l’acte d’accusation.

Il lui tire deux balles dans la tête
Ces craintes sont justifiées. Début juin, Paul comprend que Rebecca l’a trompé. «De toute façon, elle va payer!» lance-t-il à l’ami qui lui a ouvert les yeux. Le 12 juin après une journée de travail normale et un repas partagé avec ses parents, Paul téléphone à cette Sara qu’il sait en réalité être Rebecca. Cette dernière le reconnaît et prétend ne pas être disponible. Paul enfourche son quad pour faire un tour dans la campagne comme il en a l’habitude lorsqu’il a un problème. A son retour, il file droit dans son atelier chercher son Beretta et, encore en salopette de travail, monte dans sa voiture direction le salon où travaille la jeune femme à Payerne.

Sur place, il sectionne les fils des caméras de vidéosurveillance permettant aux prostituées de voir qui se trouve sur le palier et sonne. Rebecca lui ouvre et tente immédiatement de refermer la porte.

Paul, dont le visage est recouvert par un foulard, la frappe et la tire par les cheveux hors du salon tout en lui parlant calmement. A deux pas de l’église, Rebecca s’affaisse. Alors qu’elle est encore à genoux et essaie d’écarter l’arme de son visage, Paul lui tire une première balle entre les deux yeux. Le corps de Rebecca est projeté en arrière. Paul lui tire alors une seconde balle dans le front, ramasse calmement les douilles et s’en va.

Les policiers le cueilleront le lendemain matin à son arrivée au travail. Celui que son patron avait décrit à l’époque comme un «gars super» et un «employé modèle» est en prison depuis. D’ici quelques mois, il sera jugé pour assassinat et subsidiairement meurtre.