Belgique: A 93 ans, il est poursuivi pour avoir tenté d'assassiner son locataire

Cinq ans de prison avec sursis ont été requis jeudi au tribunal correctionnel de Namur à l'encontre de Paul M., 93 ans, poursuivi pour tentative d'assassinat sur son locataire le 28 janvier 2014 à Sambreville. Vers 5h40 du matin, le nonagénaire avait tiré à bout portant sur Christian L. avec un revolver Smith & Wesson de calibre 38.

Un litige au sujet d'un bail commercial serait à l'origine des faits. La justice ne pourra cependant jamais le savoir avec certitude car le prévenu ne se souvenait plus de rien jeudi au tribunal et était incapable de s'expliquer ou de s'excuser. Il souffrirait de troubles mnésiques et d'un début d'Alzheimer. Mais il est considéré comme pénalement responsable de ses actes.

Pourtant, quand il avait comparu devant un juge d'instruction juste après les faits, le nonagénaire disait connaître la victime et "se souvenait de tout", d'après Me Mayence, avocat des parties civiles. "La balle a quand même explosé le bras de mon client et si elle n'a pas touché le coeur, c'est un miracle". Il avait dû être opéré d'urgence.

Attitude "hautaine et dédaigneuse"
Christian L. louait la librairie depuis neuf ans et en 2013, il avait décidé de ne pas reconduire le bail. Ce pourrait être l'élément déclencheur. Me Mayence dénonce l'attitude dédaigneuse, hautaine et têtue du prévenu qui "reste sur sa position de dire qu'il n'a rien fait".

Plusieurs preuves
Pour lui, plusieurs éléments prouvent qu'il y a eu tentative d'homicide volontaire avec préméditation: l'arme utilisée, la distance de tir (un mètre), le nombre de coups tirés (trois), la détermination du prévenu qui avait fait du repérage et était arrivé ganté et vêtu de noir avant de tirer sans dire un mot, ainsi que les endroits du corps visés. La victime s'était protégée avec son bras empêchant ainsi que la balle ne lui transperce le coeur. Me Mayence réclame une somme provisionnelle de 10.000 euros pour son client et déplore que le prévenu passera à côté d'une justice normale en raison de son âge.

Cinq ans de prison avec sursis
Le parquet requiert cinq ans d'emprisonnement avec sursis. Si le prévenu avait été moins âgé et davantage apte à comprendre, les réquisitions auraient été plus sévères. Le nonagénaire est désormais en seigneurie et ne constitue plus aucun danger. Me Preumont pour la défense est du même avis. "Cela n'aurait aucun sens de l'envoyer en prison. L'administration pénitentiaire serait elle-même embarrassée", a-t-il commenté. Jugement le 21 janvier.