Afrique du Sud: Une statue de Cecil Rhodes couverte de caca

  • 19/03/2015
  • Source : AFP
Une statue du célèbre colonisateur britannique trônant à l'entrée de l'Université du Cap a été couverte de caca par des étudiants dénonçant un symbole de l'oppression blanche dans l'histoire de l'Afrique du Sud.

Depuis quelques semaines, des militants étudiants demandaient que cette statue érigée en signe de gratitude pour le terrain donné par le magnat des mines (1853-1902) soit déboulonnée. Ces terres avaient été volées aux premiers habitants noirs de l'Afrique du Sud, disent-ils.

La direction n'a pas fait la sourde oreille et serait même plutôt d'accord pour déplacer la statue mais les étudiants jugent que cela traîne en longueur.

«Je ne pense pas que la statue doit être démolie ou cachée. Je pense juste qu'elle ne doit pas être là où elle est -- elle devrait avoir un autre emplacement», a ainsi estimé le vice-chancelier de l'université Max Price dans un communiqué, notant les «nombreuses injustices de la conquête coloniale sous l'ère Rhodes».

Il a programmé une réunion du conseil d'administration mi-avril pour en débattre et proposé d'y associer les étudiants mobilisés que cela n'a pas suffit à calmer.

Une marche doit avoir lieu vendredi après dix jours de polémique causée par le barbouillage fécal de la statue.

Cecil John Rhodes (1853 - 1902) fit fortune en mettant la main sur l'exploitation du diamant à partir de la découverte en 1866 du gisement de Kimberley, dans le centre de l'Afrique du Sud, créant la compagnie diamantaire De Beers qui demeure aujourd'hui numéro un mondial du secteur.

Fondateur de la British South African Company, il s'installe à Harare avec d'autres pionniers partis de Kimberley en 1890 dans un territoire qui deviendra une colonie de la Couronne britannique en 1923 sous le nom de Rhodésie du Sud, l'actuel Zimbabwe.

Il est resté célèbre dans l'histoire pour avoir voulu fonder une ligne de chemin de fer reliant Le Cap au Caire à travers tout le continent. Un autre établissement sud-africain réputé porte son nom, l'université de Rhodes de Grahamstown (sud), où la personnalité controversée du colon alimente également un débat.

«Les dirigeants universitaires commettent une erreur stratégique de penser que ces manifestations visent uniquement les statues», commentait jeudi dans les médias le vice-chancelier de l'université de l'Etat Libre, Jonathan Jansen.

«Ils réclament une transformation plus profonde des universités, y compris du corps enseignant qui n'a pas beaucoup changé», sous-entendu depuis la fin de l'apartheid.