Transfèrement à la CPI : Le ministre Gnénéma parle du cas Blé Goudé

  • 06/12/2013
  • Source : L'Inter
La Cour pénale internationale (Cpi) a enjoint le gouvernement ivoirien de transférer à la Haye, Charles Blé Goudé, poursuivi pour crimes contre l’humanité, au plus tard le 13 janvier 2013.

Face à cette demande expresse, l’équipe du président Alassane Ouattara prépare la réponse qu’elle va donner au Bureau de Fatou Bensouda, la procureure de la Cpi.  C’est ce qu’a laissé croire Mamadou Coulibaly Gnénéma, le ministre de la Justice, des Droits de l’Homme et des Libertés publiques, après l’ouverture du séminaire de la rentrée judiciaire 2013-2014 qu’il a présidée, hier jeudi 5 décembre dans un complexe hôtelier à la Riviera.

Avant de dire ce que le gouvernement entend faire de ce dossier, le Garde des Sceaux a indiqué que l’exigence de la juridiction internationale est légitime. « C’est leur droit de réclamer Blé Goudé », a-t-il reconnu. Puis de dire comment le gouvernement entend réagir à cette invitation. « Lorsqu’il y a une décision à prendre qui concerne la nation, c’est sur la base d’une concertation », a déclaré Coulibaly Gnénéma.
 
En effet, le ministre de la Justice a expliqué que les décisions concernant des questions d’intérêt national ne peuvent pas se prendre par un seul membre du gouvernement. Mais, il a précisé que ''la concertation, pour l’instant, n’a pas encore eu lieu''. A quel moment le gouvernement entend-il répondre à la CPI? A cette question, le chef de la justice ivoirienne a fait savoir qu’il faut attendre ''le moment opportun''. Accusé de vouloir entretenir la langue de bois, Gnénéma Coulibaly s’est défendu en affirmant : « Je ne suis pas le gouvernement, je suis le Garde des Sceaux et nous travaillons en équipe ».
 
Pour ce qui est du séminaire de  la rentrée judiciaire qui a porté sur le thème ''La bonne gouvernance et les réformes du système judiciaire et pénitentiaires'', le Garde des Sceaux a indiqué aux 200 participants issus du système judiciaire ivoirien, qu’il vise ''la moralisation de notre institution et surtout de ses animateurs''. Ce thème qui, selon le ministre, ne traduit pas une profonde corruption de la justice ivoirienne, se veut un moyen de prévention.

«  Ce n’est pas parce que votre véhicule n’est pas en panne qu’il ne faut pas aller au garage pour en faire la révision. On peut aussi prévenir. C’est une méthode qui évite d’en arriver à la mal-gouvernance. Dès lors que nous avons l’opportunité de le rappeler ou d’attitrer l’attention des collègues là-dessus, ils sont plus enclins à s’éloigner, parce qu’on peut s’oublier. Le rappel est donc un moyen de revenir dans les normes », a-t-il dit.
 
Mais si un magistrat est pris en flagrant délit de corruption, Gnénéma Mamadou Coulibaly a déclaré qu’''il sera puni''. « La punition existe pour les magistrats ; ils ne sont pas au-dessus de la loi, sinon ils n’auraient pas pu l’appliquer. Ils sont eux-mêmes dans la loi. En étant acteurs de la loi, ils sont soumis également à la loi. S’il était avéré qu’un magistrat était auteur de prévarication, il fera l’objet de poursuites, comme la loi sur le statut de la magistrature le prévoit », a-t-il prévenu.
 
 César DJEDJE MEL