Touré Mamadou met en garde (1ère partie) : ‘‘KKB ne doit pas franchir la ligne rouge sinon…’’

  • 27/08/2013
  • Source : L'Intelligent d'Abidjan

La jeunesse ivoirienne est au labo. Elle prépare activement la troisième édition de ses assises. Une plate-forme qui permet aux jeunes de prendre langue avec le monde des entreprises, afin de saisir leurs chances pour des stages ou un emploi. Touré Mamadou, conseiller technique du Président de la République chargé de la jeunesse, initiateur de cette plate-forme, s’est prêté aux questions de L’IA. Dans cette interview, le collaborateur du Chef de l’Etat par ailleurs concepteur de la Coalition Pour le Changement (CPC), veut redorer selon lui, l’image de la jeunesse ivoirienne et lui coller l’éthique d’une jeunesse républicaine consciente de son avenir.

Vous êtes le conseiller technique chargé de la jeunesse et des sports à la Présidence de la République. Et vous préparez en ce moment les troisièmes assises de la jeunesse ivoirienne. Pourquoi les troisièmes assises ?
En novembre 2009 et en juillet 2011, nous avons organisé la première et la seconde édition des assises de la jeunesse ivoirienne. Les assises sont pour nous, une plate-forme de rencontres d’abord entre les jeunes pour échanger sur leurs préoccupations et ensuite entre ceux-ci et certains acteurs tels que les pouvoirs publics, les entreprises, les grandes écoles et les cabinets en orientation, recrutement ou financement de projets.

On a pourtant constaté que les deux premières assises n’ont rien apporté à la situation des jeunes. N’est-ce pas ?
Je ne suis pas de votre avis. En 2011, les assises ont vu la participation de 6437 jeunes au carrefour de l’emploi, 88 organisations de jeunesse et 280 jeunes délégués issus de ces organisations ont pris part aux journées de réflexions. Elles ont mobilisé 47 entreprises, grandes écoles et cabinets. Elles ont eu le soutien de l’Etat à travers les ministères de la promotion de la jeunesse, de l’emploi, de l’Enseignement supérieur, de la Construction et certaines institutions telles que le PNUD. Cette plate-forme a permis aux jeunes de se frotter au monde des entreprises et pour certains de saisir leurs chances pour des stages ou un emploi.
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N’empêche que de nombreux jeunes ivoiriens continuent de broyer du noir malgré les promesses faites par le Président de la République…
Le Président de la République, lors de son interview télévisée à l’occasion des festivités du 53ème anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, a été explicite sur la question. Nous venons de loin. Dans ce pays, je peux prendre le risque de l’affirmer, aucune politique cohérente n’a été mise en œuvre en faveur des jeunes, ces treize dernières années. Les choix politiques et économiques ont conduit au désastre au niveau de la jeunesse. Nous n’avions plus d’université au sens vrai du terme, certains programmes de formations ne correspondaient à aucune logique d’employabilité des jeunes, beaucoup d’entreprises ont fermé ou se sont délocalisées à cause de la crise. Savez-vous par exemple que notre système scolaire éjectait chaque année plus de 400 000 jeunes dehors sans qualification ? Voici les défis auxquels le Président de la République et son gouvernement ont été confrontés, et auxquels ils essaient d’apporter des réponses. Même si beaucoup restent à faire, il faut avoir l’honnêteté de reconnaître que beaucoup a été fait en deux ans pour corriger cette situation. Notre pays a renoué avec la croissance au niveau de la création d’emploi. Selon l’enquête de l’AGEPE, l’économie ivoirienne a généré près de 900 000 emplois dans le secteur informel et plus de 100 000 dans le secteur formel en 18 mois, alors que nous avons enregistré des pertes d’emplois ces dix dernières années, selon la chambre de commerce et d’industrie. De même, notre système d’enseignement supérieur, technique et professionnel est en cours de réformes.

On vous voit un peu partout, véritablement en quoi consiste votre mission ?
Je suis conseiller technique chargé des sports et de la jeunesse à la Présidence de la République. Ma mission a deux volets : Un volet principal qui est technique. Je traite tous les dossiers relatifs au secteur de la jeunesse et des sports à la Présidence. A ce titre, c’est le suivi du programme présidentiel dans les secteurs des sports et de la jeunesse et les projets y afférent pour le compte de la Présidence de la République. Il y a une aussi une dimension un peu plus politique à ma mission, celle du contact permanent avec les organisations de jeunesse et du suivi de leurs activités. Nous essayons d’être à l’écoute des jeunes. Ce qui vous donne le sentiment qu’on est partout, c’est aussi le caractère transversal de la cible dont nous nous occupons.

Aujourd’hui le conseil national de la jeunesse qui a été créé par le gouvernement, a des difficultés pour se mettre sur les rails. Récemment, des jeunes ont organisé une cérémonie pour protester. Avez-vous été approché et que savez-vous à ce sujet ?
Le conseil national de la jeunesse en Côte d’Ivoire, à l’instar d’autres pays en Afrique, est une instance qui devrait fédérer l’ensemble des organisations de jeunesse en vue de mieux organiser leurs activités ou leur participation au processus de prise de décision. Vous avez une multitude d’organisations de jeunesse et on n’arrive pas toujours à se retrouver devant cette multitude d’organisations aux activités et objectifs souvent très variés. Donc, l’un des objectifs voulus par le ministère de la promotion de la jeunesse en créant le conseil national de la jeunesse, c’était de mettre un peu d’ordre au niveau des organisations de jeunesse. Maintenant, c’est quelque chose de nouveau en Côte d’Ivoire et cela peut susciter quelques interrogations légitimes, mais il faut faire confiance au ministère de la jeunesse qui est en train de tout mettre en œuvre, pour que le conseil national de la jeunesse soit une réalité dans notre pays.

Quels sont vos rapports avec le ministre Alain Lobognon?
Il est le ministre de la jeunesse et un aîné. Nous travaillons en bonne intelligence.

Monsieur le conseiller, pourquoi on ne vous sent pas trop sur le terrain de la réconciliation ?
Ah bon, je suis surpris que vous le disiez, parce que nous avons pris beaucoup d’initiatives allant dans le sens de la réconciliation. Soit au niveau des universités avec les organisations d’étudiants à travers différentes médiations, soit au niveau politique avec les jeunes des partis politiques de l’opposition. Dès ma prise de fonction, j’ai établi un contact avec eux tous, sans exception. Cela a permis par exemple, l’implication de ceux-ci avec leurs frères proches du RHDP dans la visite d’Etat à l’Ouest du Président de la République. J’ai rencontré à plusieurs fois, Koua Justin au siège du FPI pour parler de décrispation et nous avons parlé à sa sortie de prison. Au niveau des certains exilés je parle régulièrement avec Zasso patrick dit « en global » et Ahoua Stallone. D’ailleurs Zasso Patrick maintes fois eu téléphone pour me dire qu’il veut rentrer au pays. Est-il sincère quand il le dit ? Je ne sais pas. Une chose est sûre je lui ai dit que rien ne s’oppose à son retour. J’ai également rencontré les parents de Koffi Serge dit STT à Gonaté sous-préfecture de Bédiala pour l’invité à rentrer. Beaucoup de ces initiatives se font hors médias et presses et je rends compte régulièrement à mes hiérarchies.

La revendication est devenue un effet de mode au RHDP. Surtout à la veille du congrès du PDCI, Konan Kouadio Bertin dit KKB donne de la voix. Et mieux, il tente tance le principal allié le RDR en disant que le PDCI n’arrivera pas au pouvoir par la prise d’armes…
Franchement, nous n’avons pas vocation à nous immiscer dans le débat interne au PDCI. Maintenant, j’ai bien évidemment suivi KKB qui est un grand frère, mais j’avoue que je n’ai souvent pas compris certaines positions ou la cohérence de sa démarche. C’est ensemble que nous avons fait élire le Président Ouattara dans les urnes et c’est ensemble que nous avons porté le Président Ouattara au pouvoir. KKB je rappelle, était directeur de campagne adjoint chargé de la jeunesse auprès du ministre Hamed Bakayoko et à ma connaissance, en aucun moment, KKB, ni quelqu’un d’autre n’a utilisé des armes pour que Ouattara ait 54% des voix. De même, toutes les actions menées en vue de restaurer la démocratie et faire respecter le résultat des urnes ont été fait ensemble. Nous avons fait ensemble les réunions au golf pendant le blocus et toutes les décisions se prenaient ensemble. Dans ce cas, si le RDR et Alassane Ouattara sont des putschistes comme semble l’insinuer KKB, alors lui et ceux qui le soutiennent le sont aussi. Soyons sérieux ! A la vérité, toutes ces manœuvres ne visent qu’à séduire les militants du FPI, qui d’ailleurs, ne sont pas dupes, en leur faisant croire que la cause de leurs malheurs, c’est le Président Ouattara et le RDR seul. Elu sous la bannière du RHDP, KKB semble pourtant manœuvrer pour fragiliser cette alliance en ayant un discours tribaliste comme pendant les municipales à Oumé. Toutes cette démarche faite d’incohérences et de reniements est appelée malheureusement sous nos tropiques faire de la politique. Je me suis refusé jusque-là de répondre à certaines attaques de KKB, pour moi le débat doit rester au sein du PDCI. La ligne rouge dorénavant, c’est le Président Alassane Ouattara et le RHDP. Si elle est franchie, je me verrai dans l’obligation de porter certaines informations à la connaissance de l’opinion.

Il a aussi affirmé tout récemment que le Président Alassane Ouattara serait leur adversaire à l’élection présidentielle de 2015…
Ecoutez KKB et ceux qui le soutiennent tapis dans l’ombre finiront par jeter le masque. Une personnalité politique pour qui j’ai beaucoup d’admiration me disait qu’en politique, vous avez beau fait du bruit en dessous ou caché, pour atteindre vos objectifs vous êtes obligé de sortir la tête au grand jour. La haine que KKB a pour le Président Alassane Ouattara n’est plus un mystère. Blé Goudé l’avait dit à l’occasion des débats pendant les Présidentielles de 2010. Il y a quelques mois au cours d’un café sur les champs Elysée avec une personnalité proche du PDCI qui est une connaissance commune, KKB a dit qu’il détestait le Président de la République et regrettait d’avoir soutenu le Président Bédié en 2000. Le Président de la République, porté au pouvoir par la coalition RHDP, a en toute transparence annoncé son intention de se porter candidat en 2015. En mon sens cette candidature transcendera tous les clivages politiques, vue les grands enjeux qui attendent notre pays. Ceci étant, il reviendra à chacun de se déterminer au moment opportun en toute transparence. En démocrate, le Président affrontera loyalement avec tous ceux qui se porteront candidats.

Pour KKB, si le PDCI n’est pas candidat, cela signifierait la mort de son parti ?
Il ne me revient de discuter d’une candidature du PDCI en 2015. Je ne suis pas PDCI, souffrez que je ne m’immisce pas dans le débat interne dans ce parti. Le candidat du PDCI peut être issu de ce parti ou non. C’est au PDCI seul d’en décider. Mais en tant qu’observateur de la vie politique de notre pays, je voudrais faire quelques commentaires sur ces assertions de KKB qui reviennent de façons récurrentes. L’absence d’une formation politique à une élection Présidentielle ne saurait signifier la mort de ce parti, C’est tout simplement faire preuve d’ignorance. En 1995, le FPI et le RDR ne se sont pas présentés à l’élection Présidentielle et ces partis ne sont pour autant mort. En 2000, le PDCI et le RDR n’ont pas eu de candidat malgré eux, sont-ils pour autant mort ? Plus loin de nous, en Italie, en Allemagne, en Angleterre ou en France, des coalitions de partis politiques ont porté des personnalités lors des élections et ont parfois gagné sans que les partis de ces coalitions ne disparaissent. Qu’on évite de simplifier le débat de la sorte. La meilleure réponse à KKB et ses soutiens cachés, c’est de travailler sans relâche au renforcement du RHDP.

Il a été rejoint par les responsables du PDCI-RDA, qui ont accusé lors du conclave de Yamoussoukro, le Président de la République d’avoir mené une politique de rattrapage au sein de l’alliance et du gouvernement…
Effectivement j’ai entendu KKB dénoncer la mise en œuvre de la politique de rattrapage et cela a été repris dans le communiqué final du conclave. Sans vouloir rentrer dans la polémique, je pense qu’il faut tout mettre en œuvre pour renforcer le RHDP et éviter que naissent des incompréhensions. A mon avis, ce sont des questions qui peuvent trouver leurs réponses dans le cadre de concertation interne et non sur la place publique. En d’autres termes, je dirai que les accusations de KKB ne reposent sur rien. On peut épiloguer sur les patronymes dans les nominations qui se font et les chiffres sont là. Je peux vous dire que le point a été fait il y a quelques mois de cela. Sur près de 180 hauts cadres nommés à des hautes fonctions de l’Etat, le RDR s’en tirerait avec 34 ce qui représentait 32%, et 146 autres cadres étaient issus du PDCI et des autres partis du RHDP. C’est le premier élément d’information que je voudrais apporter. Ensuite, j’ai lu avec beaucoup d’amusement des tracts qui ont circulé sur internet, sur certains sites accusant le Président de la République de faire du rattrapage. On a même poussé le rubicond loin, en faisant croire qu’à la présidence, tout le monde viendrait du parti du Président Ouattara et du Nord. On vous dit de façon très malsaine que le secrétaire général Amadou Gbon Coulibaly est du Nord, le ministre des affaires présidentielles Ibrahim Ouattara est du Nord, le directeur adjoint de cabinet du Président de la République, Koné Drissa est du Nord, Sidi Touré qui est le chef de cabinet est du Nord, ainsi de suite, pour dire qu’il y a une politique de rattrapage. Mais ceux qui le disent ont l’honnêteté ou ont la malhonnêteté de cacher d’autres informations.

S’ils disent que le secrétaire général de la présidence est du nord, il faut aussi préciser que monsieur Koua qui est le secrétaire général adjoint de la présidence est de l’ouest. Dire que Koné Drissa, directeur adjoint de cabinet est du nord, ils ont oublié de dire que M. Amon Tano, directeur de cabinet n’est pas du Nord. Dire que Sidi Touré, chef de cabinet est du Nord, il faut aussi dire que Mme Moulo qui est chef de cabinet adjoint, est du Sud. Je pense qu’il faut éviter de tomber dans l’intox, le Président de la République l’a dit : « Jamais il n’y a eu autant d’équité dans les nominations dans notre pays ». Je vous renvoie à l’interview du président Bédié dans « Jeune Afrique », puisque la question lui avait été posée. Notre pays a traversé ces dix ou quinze dernières années, des moments difficiles. Il ne faudrait pas que pour de simples appétits pour des postes ou des fonctions, que des personnes tiennent des discours qui soient de nature à fragiliser la cohésion sociale.

Réalisée par Dosso Villard