Terrorisme au Sahel : Macron hérite du bourbier malien

  • 19/05/2017
  • Source : france24.com
Le président Emmanuel Macron se rend vendredi à Gao, dans le nord du Mali, auprès des troupes françaises de l’opération Barkhane. Quatre ans après le début de l’intervention, le niveau d’insécurité est "sans précédent" dans le pays, selon la FIDH.

Pendant l’entre-deux-tours de la présidentielle, Emmanuel Macron avait promis de se rendre rapidement, s’il était élu, auprès des troupes françaises engagées dans une opération extérieure. Moins d’une semaine après la passation de pouvoir, le nouveau chef des armées se rend vendredi 19 mai à Gao, dans le nord du Mali. Une zone dans laquelle son prédécesseur, François Hollande, a engagé l’armée française en 2013 dans le but d’en chasser les jihadistes qui y prospéraient.

Emmanuel Macron, qui s’est dit favorable pendant la campagne à la poursuite de l’intervention française au Sahel, hérite d’une opération militaire – Barkhane, autrefois Serval – qui s'est étendue en août 2014 à quatre autres pays (Burkina Faso, Mauritanie, Niger et Tchad). Cette opération mobilise 3 500 soldats français, épaulés par les casques bleus de la mission des Nations unies au Mali (la Minusma), ainsi que l’armée malienne.

Si l'opération a connu des succès incontestables à ses débuts - notamment avec la libération de Tombouctou et Gao occupées durant un an -, la stratégie antiterroriste menée dans cette vaste zone désertique est aujourd’hui largement remise en question. Dans un rapport intitulé "Mali : terrorisme et impunité font chanceler un accord de paix fragile", la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) fait le constat d’un niveau d’insécurité "sans précédent" dans le pays, quatre ans après le début de l’opération militaire et deux ans après la signature d’un Accord pour la paix et la réconciliation qui "peine à produire ses effets".

"Après avoir opéré un retrait stratégique après la reprise du Nord par les forces maliennes et françaises en 2013, les groupes armés terroristes ont réinvesti le terrain et exercent leur influence sur de larges portions du territoire", constate l’ONG. Signe de cette influence grandissante, le centre du pays, longtemps épargné par la menace jihadiste, est aujourd’hui l’épicentre du conflit. Épargnés aussi, le nord du Burkina Faso et la zone frontalière du Niger sont devenus des zones d’action pour ces groupes.

"Le jihad ne prospère pas au hasard"

Cette stratégie terroriste d’expansion et de déstabilisation régionale s’est matérialisée en mars 2017 par l’alliance des principaux mouvements terroristes au sein du groupe Nusrat al-Islam wal-Muslimin ("Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans") sous l’égide de Iyad Ag Ghaly, leader du mouvement terroriste Ansar Dine. "Ce développement (…) démontre que ces groupes persistent, se recomposent, et parviennent à mettre en place des mécanismes de coordination, en dépit de la lutte antiterroriste engagée depuis plusieurs années", analyse la FIDH...