Tentative d’immolation de Dame Mandjara Ouattara: l’analyse du FPI

  • 27/05/2014
  • Source : Partis Politiques
Le mercredi 21 mai 2014, une jeune dame du nom de Madjara OUATTARA, âgée d’une trentaine d’années, a tenté de s’immoler devant le Palais présidentiel dans la commune du Plateau, à Abidjan. Ce drame se déroulait alors qu’Alassane Ouattara fêtait les trois ans de sa deuxième investiture au cours d’un conseil des ministres.

Disons-le tout net. Les ivoiriens et ivoiriennes sont à s’interroger depuis la mise en place de l’actuel pouvoir sur l’avenir de notre pays. L’acte posé par dame Madjara est somme toute motivé, mais c’est surtout le courage avec lequel elle a agi qui montre le degré de son désespoir face au pouvoir Ouattara
Selon les témoignages recoupés à travers les médias, cette jeune dame, aide-soignante, née le 23 juillet 1981 à Bouaflé, dans le Centre-Ouest de la Côte d’Ivoire, s’est aspergée de liquide inflammable puis, à l’aide d’un briquet actionné, a tenté de s’immoler par le feu.

Les éléments de la Garde républicaine en poste dans la guérite d’accès au palais présidentiel ont promptement réagi pour la sauver en l’aspergeant de sable. Dame Madjara Ouattara a été évacuée dans un centre hospitalier spécialisé en traitement des grands brûlés par une ONG de secours, assistée des sapeurs pompiers militaires.
 
Sur les motivations de son acte, des sources concordantes soutiennent que la jeune dame fait ses propres affaires. Elle serait membre du Syndicat National des Fournisseurs de l’Etat de Côte d’Ivoire (SYNAFECI) dirigé par M. Faustin GRE. Elle aurait déposé un courrier au poste de police à l’entrée sud de la présidence de la république tenu par la garde républicaine.
 
Les causes de ce funeste dessein varient selon les versions. Selon la première version, dame Madjara OUATTARA réclamerait à la présidence ivoirienne, sa créance pour location de voitures qui date de 2007 à 2010, sous le régime du président Laurent GBAGBO.
 
Selon la seconde version, le régime OUATTARA lui doit plusieurs millions de FCFA dus à la location au RDR d’une dizaine de voitures lui appartenant, en 2010, pour la campagne présidentielle du leader du RDR.
 
Cette deuxième version est corroborée par les révélations de Moussa TOURE (Conseiller de Guillaume SORO) dans Afrique Essor.Com, lorsqu’il affirme : « Les dettes que Madjara détenaient sur l’Etat de Côte d’Ivoire n’ont jamais été honorées, alors qu’elle est de notre camp, qu’elle connaît personnellement tous les actuels dirigeants, a leurs numéros de téléphone direct, fréquente leurs bureaux…

Personne n’a levé le petit doigt pour aider cette jeune dame, une militante convaincue, jusqu’à ce qu’elle s’enfonce dans la misère, une misère noire. Vidée de son appartement de la Riviera Palmeraie, elle a erré de proche en proche, ses affaires dispersées dans tout Abidjan. Pourtant elle avait des dizaines et des dizaines de millions en créances. Elle ne mangeait pas à sa faim. Et ce qui l’a assassiné, c’est la maladie de sa mère….. Madjara a frappé à toutes les portes pour avoir un peu d’argent sur ses créances pour soigner sa mère. Rien. Par désespoir, elle a décidé de se suicider… ». 

NOTRE ANALYSE
 
L’acte de Mandjara OUATTARA a suscité une vive émotion dans l’opinion et surtout sur les réseaux sociaux. Certains n’ont pas hésité à le comparer à l’immolation par le feu du jeune tunisien Mohamed ou Tarek BOUAZIZI à Sidi bouzid le 17 décembre 2010 et mort le 4 janvier 2011 à Ben Arous. Sa mort qui avait conduit aux émeutes ayant abouti au renversement du régime Ben Ali, avait marqué le début de ce qu’on appelle le Printemps arabe.
 
En tout état de cause, c’est la toute première fois, dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, qu’une personne tente de se donner la mort en s’aspergeant d’essence de façon aussi visible et si proche du cœur du pouvoir politique ivoirien. Ce drame insolite qui s’inscrit au cœur de cette année 2014, succède aux bousculades mortelles à la ‘’fête de la lumière’’ (nuit du 31 décembre 2012 au 1er janvier 2013, au moins 60 morts et 49 blessés) et à la chute du bus de la SOTRA dans la lagune en août 2011 (au moins 37 morts).
 
Dans cet autre drame qui met en jeu le destin d’une jeune opératrice économique ivoirienne, la responsabilité du Chef de l’Etat est pleinement engagée, ne serait-ce qu’au nom du principe de la continuité de l’Etat, des nombreuses et démesurées promesses de campagne et surtout au regard des engagements pris vis-à-vis des fournisseurs de l’Etat.

En effet, son geste doit être perçu comme un geste économique et politique de révolte contre les autorités ivoiriennes actuelles.
Le paiement de la dette intérieure sous Alassane Dramane Ouattara reste un véritable chemin de croix, un supplice pour les fournisseurs de l’Etat.
Non seulement ceux-ci perçoivent des miettes par rapport à ce que l’Etat leur doit, mais ils sont victimes de prélèvements illicites allant de 10 à 30 % sur leurs factures, imposés par certains agents du Trésor véreux et leurs démarcheurs.

L’espoir que les fournisseurs de l’Etat avaient placé dans les déclarations du pouvoir qui promettait de payer la totalité des factures est resté vain, sans compter le traitement sélectif des dossiers entre les fournisseurs ‘’pro-GBAGBO’’ ou non et le désaccord du gouvernement et les responsables des fournisseurs sur le montant global à payer...
 
Pendant ce temps, les fournisseurs broient du noir. Nombreux sont ceux qui ont cessé leurs activités faute de paiement de leurs factures. Certains n’arrivent pas à assurer leurs soins de santé et scolariser leurs enfants. 
 
Dans cette perspective, la politique de promotion de l’entreprenariat féminin ne saurait durablement prospérer en considérant les nombreux obstacles socio-culturels, économiques et politiques.
 
L’acte de Mandjara OUATTARA est certainement la partie visible d’un iceberg où les victimes silencieuses, en particulier les femmes, se comptent en grand nombre, exposées à toutes les formes de chantages, y compris celles attentatoires à leur dignité de femmes, d’épouses ou de mères. L’effet de contagion est à craindre, vu la surdité et l’indifférence du régime face aux souffrances des populations. Et quand l’humiliation atteint le seuil de l’intolérable, certains, comme Mandjara, dans un dernier geste de désespoir, finissent par s’en prendre à leur propre intégrité physique pour formuler cette négation ultime de ceux qui cherchent à les soumettre.
 
Au regard de ce qui précède, le Front Populaire Ivoirien (FPI), parti politique profondément attaché au respect des droits de l’homme en général, du droit à la vie et soucieux de la promotion socio-économique des femmes en particulier, ne saurait rester indiffèrent.

NOTRE POSITION
 
 
La Direction du FPI avec à sa tête son Président, le camarade Pascal Affi Nguessan :
 
 
ØExprime ses souhaits de prompt rétablissement à mademoiselle Mandjara OUATTARA ;
Ø Marque sa solidarité à l’endroit de la famille de l’intéressée ainsi qu’à l’endroit de tous les indignés de Côte d’Ivoire ;
Ø Invite le gouvernement à apporter des réponses idoines aux préoccupations des opérateurs économiques de Côte d’Ivoire ;
 
Ø Invite le Chef de l’Etat à appliquer ses promesses de campagne de sorte que l’immolation ne soit pas LA SOLUTION ultime aux souffrances des ivoiriens.
 
Fait à Abidjan, le 26 mai 2014
 
Pour le Front Populaire Ivoirien
La Secrétaire Générale Adjointe
Chargée de la Famille, de la Femme et de l’Enfant 
 
BAMBA Massani