Sommet USA-Afrique en août: "Un vrai intérêt" de Washington pour l’Afrique

  • 24/01/2014
  • Source : AIP
Abidjan - Les Etats-Unis accueilleront, en août prochain, premier sommet africain qui réunira quelque 47 pays, ce qui traduit "un "vrai intérêt" de Washington pour l’Afrique dont les performances économiques sont indéniables en ce 21ème siècle.

Au nombre des raisons de cet intérêt de Barack Obama pour l’Afrique au milieu de son second mandat, l’on note "une vraie volonté politique de développer des partenariats avec le continent africain", estime Jérôme Pigné, doctorant à l’EHESS, l’Ecole des hautes études en sciences sociales, rattaché également à l’Institut de recherche des Nations unies sur le désarmement.
 
"Il y a de réels enjeux économiques. Il ne faut pas avoir peur de le dire, sans pour autant tomber dans le fantasme des enjeux géostratégiques ou encore de la théorie du complot qui viserait à sécuriser un certain nombre d’intérêts comme on a pu l’entendre par le passé, notamment à propos de l’Irak", explique-t-il.
 
"Au-delà du prisme sécuritaire, il y a deux variables – à mon avis – qui sont importantes, à savoir d’un côté les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) et de l’autre côté l’Iran, qui peuvent être perçus comme des concurrents, même si c’est réfuté de manière officielle par Obama. Lorsqu’il dit que nous ne sommes plus dans un prisme ou dans un paradigme de guerre froide, c’est vrai. Mais il y a de réels enjeux derrière, ainsi que d’influences politiques", soutient Jérôme Pigné.
 
Selon lui, en matière d’intérêts économiques, les USA ont clairement un retard à rattraper, notamment pour contrer l’influence chinoise sur le continent africain. "Pour donner quelques chiffres, la Chine c’est 100 milliards sur le plan commercial, en moins de dix ans, avec deux partenaires principaux qui sont le Nigeria et l’Algérie. Et quand on connaît le prisme américain notamment sur l’Afrique occidentale, le Nigeria et l’Algérie sont deux partenaires principaux. Par conséquent, il y a vraiment une volonté de suivre de près ce qui se passe au niveau de la Chine et au niveau des intérêts commerciaux", poursuit l’expert français.
 
"La Chine s’est aussi positionnée dernièrement avec un certain nombre de soldats au sein de la Minusma dans l’intervention au Mali. Il y a donc des aspects économiques, commerciaux mais aussi l’influence politique – d’une manière générale – de la Chine ou de pays comme l’Iran aussi", ajoute-t-il.
 
Sur les 47 pays invités, les Etats-Unis ont toute une relation à construire plus particulièrement avec l’Afrique francophone. On le voit notamment par rapport à la question de la Centrafrique ou par rapport au Mali. Les Américains ont, de fait, laissé la France et l’Europe se positionner tout d’abord, après l’intervention Serval de la France, il y a maintenant un an, se justifie Jérôme Pigné, pour qui, les Etats-Unis vont toujours avoir une position assez ferme sur ces questions-là.
 
Pour M. Pigné, Obama s’autorise une relation décomplexée vis-à-vis de l’Afrique dont les populations ont été déçues de son premier mandat marqué par une seule visite au Ghana. "Mais au-delà de cela, je pense qu’il faut surtout voir la realpolitik. L’Afrique, aujourd’hui, est incontournable dans les relations internationales et elle l’est aussi dans les relations extérieures des Etats-Unis", conclut-il.
 
(AIP)
ask/tm