Rio 2016: Luc Abalo, handballeur humble parmi les grands

  • 19/04/2016
  • Source : RFI
Luc Abalo fait partie de l’équipe de France de handball qui défendra son titre olympique à Rio en août prochain. Déjà double médaillé d’or, à Pékin et à Londres, le joueur du Paris Saint-Germain pourrait suivre les traces des cinq Français qui sont montés à trois reprises sur la plus haute marche du podium.

Il s’est avancé tout sourire, a tendu son bras, sa poignée de main était ferme. Depuis très longtemps Luc Abalo est habitué à tendre son bras pour placer des buts souvent venus d’ailleurs.

Travailleur et perfectionniste

Luc Abalo est tombé dans le handball lors de son adolescence. Depuis, il n’a pas lâché son petit ballon rond. Pourtant, il a appris cette discipline par hasard pour faire un peu comme les copains. Mais il est né dans une ville où ce sport tient une grande place. A Ivry-sur-Seine, en banlieue parisienne, le handball est une religion.

A Rio en août prochain, Luc Abalo vivra ses troisièmes Jeux olympiques. Ses deux premiers ont été couronnés d’or. Une troisième distinction pourrait le faire entrer dans un cercle très fermé des triples médaillés d’or olympiques.

Mais ne lui demandez pas de voir aussi loin, il a encore tellement à faire avec son club actuel, le Paris Saint-Germain. « Je ne suis pas quelqu’un qui me projette. Quand j’étais petit, je ne pensais pas que je pourrais vivre un jour du handball », relate l’ancien joueur du Club Balonmano Ciudad Real en Espagne.

Chaque chose en son temps...


Considéré comme un magicien dans son sport, Luc Abalo est un homme en perpétuel questionnement : « Je crois que lorsque l’on atteint un certain niveau et un certain âge, on se remet toujours en cause. Je veux répondre présent à chaque rendez-vous. Une fois que l’on a gagné une compétition, on en parle quasiment plus et on passe à autre chose. On est perfectionniste ». Pour le moment, l’international français est concentré sur les quarts de finale de la Ligue des champions qui auront lieu fin avril.

Ensuite, petit à petit, il se mettra dans la tête les Jeux de Rio. Mais ce joueur d’expérience ne devrait plus avoir la nervosité de ses débuts dans le grand bain olympique. « Je me souviens qu’avant Pékin mon stress était de me blesser », commente le champion de France 2016. En Chine, il avait été impressionné par le mélange des nations dans le village olympique où les différences sont gommées par le même rêve de chacun, celui de briller le jour J.

A Londres, c’est plutôt le parcours des Bleus lors de la compétition qui l’a le plus impressionné : « Je savais que je ne serais pas dépaysé. C'était mes plus beaux jeux, car on a résolu tous les problèmes individuels et collectifs. On doutait et on est monté en puissance petit à petit. J’ai été décisif à un certain moment et c’était bien. »

Epanoui dans la simplicité

C’est en janvier 2005 que Luc Abalo a commencé à jouer avec l’équipe de France et qu’il s’est dit qu’il pouvait « briller » avec le maillot tricolore sur les épaules. Au Brésil, Luc Abalo n’aura pas le temps de flâner, ce qu’il aimerait faire après sa carrière de sportif de haut niveau. Cet amateur de peinture et qui prend le pinceau pour changer d’univers rêve de voyage au long cours. « J’ai envie de voir de belles choses et faire des photos », espère Luc Abalo.

Né de parents togolais, Luc Abalo n’a pas grandi dans le coton. Aujourd’hui, il apprécie tout ce qui lui arrive. Il puise sa motivation dans son enfance et quand il se retourne, il se voit encore dans ce HLM où sa mère vit toujours. « C’est mon enfance qui m’a forgé comme ça. On n’a pas les mêmes salaires qu’au football. La vie n’est pas facile. On doit rester vigilant. Il y a encore beaucoup de gens qui galèrent autour de moi », lance-t-il. « Je suis reconnu pour ce que j’ai fait et c’est bien. Mais dans la vie de tous les jours, je ne suis pas Cristiano Ronaldo et c’est tant mieux ».