Recherche scientifique et innovation technologique / Le PASRES : 10 ans d’appui à la recherche et au développement de la Côte d’Ivoire. Regard sur l’ovni du microcosme scientifique ivoirien

  • 28/02/2018
  • Source : Lebabi.net
Le Programme d’Appui Stratégique à la Recherche Scientifique en Côte d’Ivoire (PASRES) célèbre en cette année 2018 ses 10 ans d’existence mais aussi de soutien et d’appui constants à la communauté scientifique ivoirienne.

Ce programme ivoiro-suisse mis en place en 2007 apparaît malheureusement comme un ovni dans le paysage scientifique en Côte d’Ivoire. Sans être un objet volant non identifié, le PASRES est un Organisme (entendons programme) Véritablement Novateur pour les Ivoiriens (les chercheurs singulièrement). Car tel un ovni dans le milieu de l’art, cet artiste dont l’œuvre inclassable, surprend, tout en ne suivant pas les règles du genre, le PASRES tranche avec l’immobilisme voire la marche à reculons qu’observe le secteur de la recherche scientifique et de l’innovation technologique dans notre pays.

Et pour cause, ce programme s’attaque frontalement aux deux principaux maux de la recherche scientifique en Côte d’Ivoire, maux que n’a de cesse de répéter son Secrétaire Exécutif Dr SANGARE Yaya à savoir le financement et la valorisation économique des résultats de recherche.

Face à ce tableau non mirifique, les Ivoiriens semblent se reposer sur leurs lauriers en exposant itérativement les bonnes performances réalisées dans les deux premières décennies post-coloniales par leur pays dans bien des domaines dont celui de la recherche scientifique. A titre d’illustration, ils ressortent le slogan de la fierté certes mais aussi de la suffisance et donc d’une fétichisation des acquis : « la Côte d’Ivoire est le leader incontesté de l’UEMOA et la deuxième puissance de la CEDEAO après le Nigeria ». Or la recherche scientifique et l’innovation piétinent en Côte d’Ivoire, pays visant…l’Emergence.

L’Emergence est le fruit de la conjugaison de plusieurs compétences et de ce fait la recherche scientifique doit occuper une place de choix dans nos politiques publiques. Les universités ivoiriennes doivent être des incubateurs et des viviers de création de richesse et non des réservoirs exclusifs de demandeurs d’emploi. La recherche scientifique et l’innovation technologique aideront la Côte d’Ivoire à franchir ce cap tant attendu de l’industrialisation et du développement durable.Suivant depuis quelques années les activités du PASRES, nous sommes arrivés à rêver d’autres PASRES en Côte d’Ivoire tant ce programme montre merveilleusement bien que tous les domaines de la recherche revêtent une importance non négligeable pour la société. Qu’il s’agisse des sciences exactes, médicales, humaines, juridiques, économiques et de gestion, de l’énergie, de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, de l’ingénierie et technologie, et même des ONG, tous ces domaines ont vu certains de leurs projets au nombre des 187 financés par le PASRES.

Abordons la question du renforcement des capacités des chercheurs et étudiants des universités et grandes écoles publiques de Côte d’Ivoire. Le PASRES a organisé quantité d’ateliers et de séminaires de formation de ces derniers à la rédaction des articles scientifiques et à l’entreprenariat. Oui, l’université ne doit point se limiter aux cours magistraux, aux travaux dirigés et autres travaux pratiques. Toutes ces sessions de formation visent à assurer une relève qualitative au regard de la transition générationnelle qui s’opère lentement mais indubitablement dans nos universités. Les différentes conférences sur des thématiques à intérêt national (celle de notre regretté Pr KOUASSI Yao sur les causes des conflits en Afrique à l’ENS ou encore l’autre communication d’un de ses pairs sur les conflits entre éleveurs et agriculteurs) soulignent l’intérêt du PASRES pour la cohésion nationale, gage de tout développement. Le soutien accordé aux laboratoires dont le LAASSE (Laboratoire de Sociologie, d’Anthropologie Economique et des Appartenances Symboliques), des disciplines que certains qualifieraient d’inutiles, prouve une fois de plus la vision holistique qu’a le PASRES du développement.

D’aucuns diront que c’est un discours laudateur que nous tenons, si nous ne sommes pas taxés de thuriféraire. Seulement, objectivement, après observation de ses activités, nous pensons que le PASRES est un programme avant-gardiste au niveau de la recherche scientifique en Côte d’Ivoire. Vive les 10 ans de ce programme ambitieux et vivement que le Fonds National pour la Science, la Technologie et l’Innovation récemment créé soit opérationnel de sorte à booster la recherche scientifique et sortir l’innovation technologique de l’ornière au profit de tous et de chacun. 

COULIBALY Aboubakar