"Utiliser un préservatif, c’est consommer un bonbon dans son emballage"

  • 01/12/2013
  • Source : rnw.nl
Tout le monde n’est pas adepte de l’usage du préservatif à Goma, en République démocratique du Congo. Certains comparent une relation sexuelle avec préservatif à "un bonbon dans son emballage" ou trouvent cela "tout simplement incompatible avec la nature de l’acte."

"Moi quand j’utilise un préservatif, c’est comme si je consommais un bonbon dans son emballage. Dans l’acte, je sens la présence, mais pas la sensation effective", explique Ernest Taina, un jeune étudiant de 21 ans vivant à Goma, en République démocratique du Congo (RDC). Il est contre l’utilisation des préservatifs, car il estime que son usage, "c’est comme sentir une bonne odeur, mais ne pas pouvoir la goûter." 
 
Emile Léon, sexologue, tient a rappeler l’importance du préservatif, aussi appeler condom (préservatif, en anglais), lors des relations sexuelles. Son rôle, dit-il, "est plus positif que négatif". Il permet de prévenir les grossesses non-désirables et les infections sexuellement transmissibles (comme le SIDA ou la blennorragie). À condition bien sûr que le préservatif soit correctement utilisé lors de la relation sexuelle. Il perçoit le préservatif comme "un vaccin", car "il remplit la fonction principale vitale de prévenir."
 
Condom neuf troué
 
Vanessa, une jeune fille de 18 ans, ne conçoit pas non plus l’utilisation d’un préservatif avec son conjoint. "C’est incompatible avec la nature de l’acte", dit-elle. "Pour moi, le seul "préservatif" pour me protéger, c’est l’abstinence ou la fidélité. En dehors de ça, je ne crois pas et je n’ai confiance en aucune autre protection sexuelle." Vanessa explique qu’elle a failli être victime d’une erreur de l’industrie des contraceptifs, en s’apercevant que son conjoint était sur le point d’enfiler un préservatif neuf troué. Heureusement l’acte n’était pas encore accompli. "Mais si je n’avais pas eu cette chance de relever ce constat, et que l’un de nous deux avait été infecté par une quelconque infection sexuelle, alors quelles auraient été les conséquences ?", se demande-t-elle.
 
L’avis de Vanessa correspond à une étude menée en 2010 par The Population Services International (ISP), une association internationale pour la santé avec des antennes à Goma et à Gisenyi au Rwanda. Selon cette étude, plus de la moitié des utilisateurs du préservatif se plaignaient de problèmes de rupture, concluant qu’il était nécessaire d’améliorer la sensibilisation sur son utilisation correcte.
 
"Mieux rester ignorant"
 
Mais malgré ceux qui s’opposent à l’utilisation du préservatif, d’autres utilisent le préservatif avec satisfaction lors des rapports sexuels. C’est le cas de James, coordinateur d’une association locale de développement. "Quand je me retrouve dans une situation inattendue, j’utilise un condom, car j’en ai toujours un dans mon portefeuille", explique-t-il.
 
Ernest Tanai, qui n’aime pas utiliser le préservatif, s’est toutefois décidé à l'utiliser après avoir attrapé trois fois la blennorragie. Pour ce qui est du VIH, il ne sait pas s’il est séropositif ou séronégatif, car il n’a jamais fait de test de dépistage. "Mieux rester ignorant de son état sérologique que de savoir", dit-il. Il explique qu’il a peur de devoir utiliser systématiquement un préservatif, mais pour le moment, il l’utilise "pour ne pas attraper une autre maladie" qu'il pourrait éviter.

Par Elvis Katsana, Goma