Présidentielle de 2020 / Cei : ça passe ou ça casse entre le pouvoir et l’opposition

  • 25/10/2019
  • Source : Soir Info
La Côte d’Ivoire est en passe de se lancer dans ce qui apparaît aux yeux d’observateurs, comme une autre roulette russe électorale en 2020. Ça passe ou ça casse. Et pour cause! La crise autour de la Commission électorale indépendante (Cei), entre le pouvoir d’Abidjan et l’opposition significative, est loin d’avoir connu son épilogue voire son dénouement, après la mise en place d’une nouvelle Commission centrale, que préside le magistrat Coulibaly Kuibiert Ibrahime. La question qui est sur quasiment toutes les lèvres, est de savoir si, en l’absence des tendances Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, dans cette nouvelle Cei, celle-ci incarne la Côte d’Ivoire dans sa pluralité démocratique au plan politique.

De l’avis du Dr Gnaka Lagoké, un Ivoirien vivant aux États-Unis, spécialiste des questions politiques africaines, avec qui nous avons échangé, par téléphone, hier mardi 22 octobre 2019, «cette Cei est taillée sur mesure pour faire avancer les intérêts stratégiques et politiques du camp Alassane Ouattara». «La Cei n’est pas indépendante. Elle ne le sera pas. Elle n’est pas représentative des différentes factions politiques en Côte d’Ivoire et des couches socio-politiques en Côte d’Ivoire», a fait valoir cet enseignant. La nouvelle loi sur la Cei, qui est contestée par l'opposition, a été adoptée et promulguée par le chef de l’État. L'opposition, incarnée par le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) et la plateforme Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (Eds) proche de Laurent Gbagbo, continue de contester cette loi, la jugeant non consensuelle. Elle a introduit une requête en vue de la rendre plus consensuelle.

La nouvelle Cei comprend 15 membres, notamment un représentant du président de la République, un du ministre de l’Intérieur, six de la société civile, six des partis politiques et un représentant du Conseil supérieur de la magistrature.

Le président du Pdci-Rda, Henri Konan Bédié dit HKB, a affirmé, samedi 19 octobre 2019, à Yamoussoukro, à la Place Jean-Paul II, devant une foule estimée par des organisateurs à 150 000 personnes, que la requête formulée par les groupes parlementaires de l’opposition à la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples (Cadhp), sur la Cei, a été jugée recevable. «Je voudrais vous informer officiellement que la requête adressée par les groupes parlementaires de l'opposition ivoirienne dont le Pdci-Rda, à la Cour africaine des droits de l'Homme et des peuples, exprimant notre opposition à l'application de la nouvelle loi sur la Cei, a été jugée recevable par cette Cour», a déclaré Hkb, lors d'un meeting clôturant les journées politiques de son parti. Avant d’ajouter que l’opposition «espère une conclusion heureuse dans les prochains moments sur cette question».

Les nuages avant la tempête?

L’enjeu pour le «Sphinx de Daoukro» et ses nouveaux alliés de l’opposition, à travers cette requête déposée en juillet 2019, est d’obliger le pouvoir à aller à une mise à plat totale de cette Cei qui, pour l’opposition, reste fortement liée au pouvoir en place. Si Bédié et les siens peuvent se satisfaire d’une «victoire symbolique» sur le Rhdp, il reste que la partie est loin d’être gagnée.