Meurtre de Michael Brown : tout comprendre de l'affaire qui secoue l'Amérique

Depuis la mort de Michael Brown, un jeune homme noir tué par un policier le 9 août, les rues de Ferguson, ville de 21 000 habitants de la banlieue de Saint Louis (Missouri), connaissent de violents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre. La population qui réclame justice dénonce les violences policières et le racisme des autorités.

Que sait-on des circonstances de la mort de Michael Brown ?

Le samedi 9 août, en début d'après-midi, Michael Brown, un adolescent noir marchait non armé dans la rue en compagnie d'un ami. Peu après 14 heures, il a été abattu par un policier devant un immeuble d'habitations.

Ce que dit la police

Selon le chef de la police de Saint Louis, Jon Belmar, un officier en patrouille s'est arrêté à hauteur des deux passants. Il est sorti du véhicule. Michael Brown l'y aurait alors violemment repoussé avant d'« agresser physiquement l'officier de police dans l'habitacle ». Le policier aurait fait feu une fois depuis l'intérieur du véhicule, alors que Michael Brown essayait de s'emparer de son arme. Il aurait ensuite tiré à plusieurs reprises sur la victime.

Une version contestée par la famille et les témoins

Dorian Johnson, l'ami qui se trouvait alors avec Michael Brown, ainsi que plusieurs témoins, affirment que le jeune homme se trouvait à une dizaine de mètres du véhicule et les mains en l'air quand il a été abattu. Selon Dorian Johnson, lui et son ami marchaient au milieu de la chaussée quand une voiture de police s'est arrêtée pour leur demander d'utiliser le trottoir.

Etats-Unis: manifestations dans le Missouri après la mort d'un jeune Noir

Des manifestants ont défilé lundi 11 août dans les rues de la ville américaine de Ferguson, près de Saint-Louis (Missouri), après la mort d'un jeune Noir abattu par un policier, un incident aux circonstances controversées qui a provoqué des émeutes et mobilisé la communauté noire. 01:11

Plusieurs témoins évoquent alors une courte confrontation verbale avant que Michael Brown ne s'éloigne. C'est alors que le policier aurait ouvert le feu. « En sentant le premier projectile, mon ami s'est retourné et a levé les mains en l'air (...). Le policier a continué à avancer avec son arme et a tiré plusieurs coups de feu supplémentaires », a raconté Dorian Johnson.

Combien de balles a reçu la victime ?

Lors d'une conférence de presse, le chef de la police de Saint Louis, Jon Belmar, a évoqué un premier tir, provenant selon lui de l'intérieur du véhicule, puis plusieurs balles tirées depuis l'extérieur. « Plus de deux, mais certainement pas beaucoup plus », a-t-il précisé. La version officielle de la police est là encore contestée. Dorian Johnson a évoqué quatre tirs distincts, tandis que des témoins oculaires en ont compté davantage. La mère de Mike, Lesley Mac Spadden, a quant à elle affirmé que son fils avait reçu huit balles.

Qui va mener l'enquête ?

La police du comté de Saint Louis est chargée de déterminer si les tirs du policier étaient justifiés. Face aux accusations de racisme, le FBI a annoncé deux jours après la mort de Michael Brown, qu'il lançait sa propre enquête afin d'éclaircir s'il y a eu ou non une violation des droits civiques.

La police avait initialement prévu de dévoiler le nom de l'officier de police qui a abattu le jeune homme, mais s'est finalement ravisée, par crainte pour la sécurité de ce dernier. Elle se refuse également à communiquer la couleur de peau de l'officier, qui travaillait depuis six ans pour la police de Saint Louis.

Qui était Michael Brown ?

Le jeune homme, surnommé « Big Mike », venait d'avoir 18 ans et de terminer le lycée. Deux jours après sa mort, il devait commencer des études dans une université de commerce à Vetterott (Missouri). Il se trouvait en vacances chez sa grand-mère, à Ferguson, lorsqu'il a été tué. Ses proches le décrivent comme un adolescent sans histoire et travailleur.

Quatre nuits d'affrontements dans les rues de Ferguson

Peu après la mort de Michael Brown, une foule s'est rassemblée samedi 9 août sur la scène de crime avant de se rendre dans la soirée devant le commissariat, dans le calme. Le lendemain, les rassemblements pacifiques se sont poursuivis, encadrés par une très importante présence policière. Le soir, les premières scènes de violences et des pillages ont éclaté et se sont étendues aux quartiers voisins.

Depuis quatre jours, des forces de l'ordre lourdement armées font usage de grenades assourdissantes, de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc pour disperser les manifestants. Malgré l'appel au calme lancé par Barack Obama le 12 août, la tension ne retombe pas. Mercredi 13 août, un jeune homme a été grièvement blessé par balle par les forces de l'ordre. La police a procédé à de nombreuses arrestations et demande à la population de rester chez elle. Plusieurs journalistes ont également été interpellés alors qu'ils prenaient des photos des manifestations.