Mamadou Koulibaly dénonce les manipulations économiques des politiciens africains

  • 23/11/2013
  • Source : Partis Politiques
En Afrique du Sud, devant un parterre de personnalités du monde politique, économique et universitaire, le Pr. Mamadou Koulibaly (LIDER) dénonce fermement les manipulations économiques des hommes politiques africains et illustre la notion de croissance appauvrissante: « Selon la logique du PIB, plus les hommes politiques au pouvoir gaspilleront les ressources du pays, plus l’Etat sera grand et plus la croissance s’accélérera et sera forte.

Lorsque le gouvernement fait abattre la clôture d’une université pour la reconstruire en confiant la réalisation d’un tel projet à une entreprise proche du pouvoir, qui la surfacture au gré à gré, sans appel d’offres, c’est bon pour la croissance économique.
 
Lorsque le gouvernement recrute des milliers de nouveaux militaires, policiers et gendarmes triés parmi ses militants qui étaient au chômage et que, pour les payer, il est obligé d’augmenter la masse salariale du secteur public, le budget de l’Etat gonfle et son financement se retrouve soit dans l’aide publique internationale, soit dans l’emprunt public. Tout cela est bon pour la croissance.
 
Lorsque le gouvernement, pour faire face aux échéances du remboursement de la dette publique, se voit obligé d’augmenter les prix des services publics de l’eau, de l’énergie, des transports et d’administrer et de contrôler de plus en plus des prix, cela est bon pour la croissance puisque, à volume égal des productions, les prix en augmentant conduisent automatiquement à une hausse de la valeur du PIB.
 
Construire un pont à six voies entre deux quartiers résidentiels en survolant des bidonvilles pour arriver à des échangeurs à trois étages, le tout financé par endettement public avec l’assurance qu’un péage sera appliqué booste la dépense publique, la dette et le PIB et donc est source de croissance économique.
Construire des autoroutes bitumées dans le village et les plantations du président de la République est appelé de l’investissement public et est bon pour la croissance.
Renouveler sans raison valable les habillements des militaires, les avions et palais présidentiels est bien pour le budget de l’Etat et donc pour la croissance du PIB.
Subventionner à coup de milliards tirés sur le budget de l’Etat des voyages dans les lieux saints du catholicisme et de l’islam est bon pour dynamiser les dépenses publiques et donc bon pour la croissance.
Augmenter les dépenses militaires est bon pour la croissance économique dans un pays où la moitié de la population vit au-dessous du seuil de la pauvreté de un dollar par jour.
Pour financer ces dépenses parfois farfelues et totalement opposées aux intérêts des populations les plus vulnérables, les politiciens détournent des sommes colossales financées par les impôts présents et futurs et qui sont perdues pour des politiques pro-pauvres. Les entrepreneurs, dans leur grande majorité, n’en profitent pas et ne peuvent donc pas créer des emplois pour les populations, qui restent prises en otage par le seul employeur disponible – l’Etat – et pour le contrôle duquel différentes coalitions se forment et entrent en conflit les unes contre les autres.
Les convoitises avides des hommes politiques se substituent à la concurrence saine des entrepreneurs et le PIB annonce pourtant que tout va bien et que la croissance est au rendez-vous. Cette croissance est appauvrissante. Mais pouvons-nous en finir avec l’idolâtrie du PIB ? »