Liberia : George Weah entre dans le vif du sujet

  • 23/01/2018
  • Source : Jeune Afrique
Pour le nouveau président du Liberia, George Weah, le plus dur reste à faire. Et s’il veut tenir ses promesses, il va devoir sélectionner les membres de son équipe avec soin.

La fièvre s’est emparée de la nuit moite de Monrovia. Dans le quartier général de George Weah, ce 27 décembre, les téléphones ne cessent de sonner. Depuis la veille, chacun des appels venus des 5 390 bureaux de vote du pays où le parti a envoyé ses militants confirme la tendance. Il est à peine plus de 18 heures lorsque ses proches se décident à aller voir le candidat pour lui annoncer la nouvelle : c’est désormais certain, le gamin aux pieds d’or va devenir président. « Il n’a pas dit un mot. Je pense qu’il était heureux, mais il était surtout stupéfait. Je crois vraiment qu’il n’en revenait pas », confie un membre de son équipe de campagne.

Le lendemain, lorsque la commission électorale officialisera les résultats, un tourbillon d’ivresse s’emparera des rues de la capitale. Le plus célèbre enfant du pays, l’unique footballeur africain à avoir été récompensé par le Ballon d’or, a fait du rêve libérien une réalité. Alors qu’il avait échoué à remporter la présidence en 2005 et la vice-présidence en 2011, cette fois sa victoire a été nette. Mais elle vient de loin. Un an plus tôt, peu nombreux étaient ceux qui croyaient encore en Mister George.

« La plupart de ses anciens soutiens avaient quitté le navire, son parti était désorganisé et réputé violent. Dans les palais présidentiels de la région, beaucoup de nos contacts étaient sceptiques et, surtout, nous n’avions pas un sou », relate l’un de ceux qui ont suivi l’ancien footballeur. Weah a englouti sa fortune d’attaquant star dans ses précédents combats politiques. Il a même été contraint de vendre certaines des nombreuses villas qu’il possède à Accra, Abidjan, Miami, New York ou Paris.

Soutien financier

Dès le début, la campagne est ainsi faite de bouts de ficelle, et l’équipe constituée de beaucoup d’amateurs qui vivent là leur première course à la présidentielle. Il y a les amis de longue date : d’anciens footballeurs bien sûr, comme les Ivoiriens Sekou Coulibaly et Youssouf Fofana, mais aussi des connaissances plus récentes, dont Ousmane Bamba, l’un des piliers de cette aventure électorale, homme d’affaires ivoirien bien connu à Abidjan.

Son nom avait noirci les colonnes des journaux début 2017 lorsqu’il avait été incarcéré pendant deux mois. Soupçonné d’avoir détourné 10 milliards de F CFA (15,2 millions d’euros), il avait crié au complot et au règlement de comptes politique. Fin 2016, ce membre du Rassemblement des républicains (RDR) du président Alassane Dramane Ouattara (ADO) s’était en effet présenté contre le candidat de son propre parti aux législatives ivoiriennes.

Désormais au côté de Weah, il gère notamment l’argent de la campagne. Avec son cousin éloigné, un économiste ivoirien, il passe ses soirées à rédiger des courriers et des demandes d’audience tous azimuts. Grands patrons, footballeurs, politiques, des dizaines de personnes sont sollicitées. Mister George a besoin de soutien financier autant que d’appuis politiques.

Tournée

Dès le début de l’année 2017, l’ancien attaquant se lance ainsi dans une vaste tournée. Entouré de plusieurs hommes d’influence français, il se rend par deux fois à Paris, mais aussi en Israël. À l’occasion d’un forum sur la sécurité, il rencontre plusieurs ministres, dont Tzipi Hotovely, la vice-ministre des Affaires étrangères, ainsi que des chefs d’entreprises spécialisées dans l’agriculture, un secteur que le candidat promet de développer s’il est élu. Grâce à son nom et à ses anciens exploits sportifs, il parvient à ouvrir de nombreuses portes...