Antennes-relais, champs magnétiques, irradiation des aliments, bancs solaires, scanners médicaux, GSM, ne nous exposons-nous pas inconsidérément aux rayonnements nocifs ? Entre connaissances scientifiques et fausses croyances, la Fondation contre le cancer fait le point.
Trois leucémies qui se sont déclarées en un court laps de temps dans une même école. Voilà qui interpelle. Qui inquiète évidemment aussi. Et l’on se met à se demander si la proximité d’une antenne émettrice de téléphonie mobile ne serait pas en cause. La question de savoir si les téléphones mobiles et leurs antennes émettrices représentent - ou non - un danger pour la santé n’est pas récente. Dès la fin des années 90, on a commencé à s’interroger à ce sujet. Est-il, en 2013, trop tôt pour répondre à la question ? De manière catégorique, oui, sans doute.
Dans le cadre de la matinée d’information organisée par la Fondation contre le cancer et intitulée "Ondes et cancers : entre science et croyances", le Dr Jacques Vanderstraeten, du Centre de recherche en santé environnementale et en santé au travail, de l’école de Santé publique de l’ULB a dressé un état des lieux sur les dangers éventuels des champs électromagnétiques, et plus particulièrement ceux appartenant à la gamme des radiofréquences (RF), en l’occurrence les RF émises par les antennes et combinés de téléphonie mobile ainsi que les systèmes de transmission de données sans fil.
Le cerveau du jeune enfant pénétré plus en profondeur
"Malgré les caractéristiques spécifiques à chacune, les RF émises par ces différents systèmes partagent les mêmes mécanismes d’action sur les tissus vivants et donc, éventuellement, sur la santé. Seule diffère la répartition de l’absorption de leur énergie", précise d’emblée l’expert. Par exemple, à la fréquence de 1 GHz, la quasi-totalité de l’énergie de l’onde incidente est absorbée dans les trois premiers centimètres de profondeur des tissus alors qu’aux plus basses fréquences, elle peut pénétrer jusqu’à plusieurs centimètres, 10 cm à 100 MHz. Cela revient à dire que les RF d’un GSM (supérieur à 900 MHz) tenu à l’oreille sont totalement absorbés dans les premiers centimètres de la moitié du cerveau au côté où l’on tient le combiné. Les lobes temporal et frontal ainsi que le cervelet sont les parties les plus exposées, poursuit le Dr Vanderstraeten qui en profite pour souligner qu’"en raison de ses dimensions, le cerveau du jeune enfant sera pénétré plus en profondeur que celui de l’adulte".
Compte tenu de ces observations, qu’en est-il de la dangerosité d’une telle exposition ? "A ce jour, la seule action connue des RF sur les tissus vivants est leur échauffement", explique l’orateur, précisant que "du fait de leur faible énergie intrinsèque, les RF sont incapables de créer des lésions moléculaires, de l’ADN par exemple". Quant aux basses fréquences du signal GSM émis par les antennes, "elles ne peuvent pas causer d’effets biologiques, assure encore le spécialiste, car il n’y a pas de modulation significative, donc d’extraction, de ces basses fréquences par nos tissus; il n’y a pas de phénomène de résonance possible pour ces basses fréquences qui ne représentent d’ailleurs qu’une proportion très faible de la puissance totale émise.’
Cancérogène possible selon l’OMS
A la question de savoir si les RF sont, oui ou non cancérogènes ou si elles peuvent accroître le risque de tumeurs de la tête et du cerveau, exposés en priorité, à ce jour, les études épidémiologiques (observation des populations) ont analysé la relation entre l’usage du téléphone mobile et la fréquence des tumeurs suivantes : le gliome cérébral (plus de 75 % des cancers cérébraux, le méningiome cérébral (tumeur le plus souvent bénigne), le neurinome du nerf acoustique (tumeur bénigne) et les tumeurs de la glande parotide (glande salivaire). "Les RF possédant une énergie intrinsèque beaucoup trop faible que pour léser l’ADN de nos cellules, rappelle le Dr Vanderstraeten, ces RF sont en principe incapables d’agir sur le cancer par induction de celui-ci. Si une action de leur part existe, ce serait donc plutôt par promotion (accélération du développement du cancer) Cela dit, la réponse apportée par les études épidémiologiques n’est ni certaine ni univoque. A ce jour, on ne peut exclure la possibilité d’un accroissement du risque de gliome cérébral pour une utilisation intensive (plus de 30 minutes par jour) du téléphone mobile durant 10 ans et plus."
Il n’empêche, en 2011, sur base de divers éléments, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé les champs électromagnétiques de radiofréquences des téléphonies mobiles dans le groupe 2B, à savoir comme "cancérogènes possibles pour l’homme".
Les radiofréquences émises par les GSM sont-elles cancérogènes? - Photo à titre d'illustration