Les deux Ivoiriens accusés de cybercriminalité au Gabon remis en liberté

  • 03/10/2016
  • Source : Les Afriques
L’affaire avait fait grand bruit en pleine crise électorale gabonaise avec des ramifications d’interférence étrangère, selon les premières déclarations des autorités gabonaises qui annonçaient l’arrestation d’un groupe d’informaticiens cybercriminels ivoiriens au service du candidat Ping.

 Le watergate gabonais s’écroule comme un château de sable avec la remise en liberté des deux présumés cybercriminels.
 
Accusés de piratage informatique par le gouvernement et le camp d’Ali Bongo pendant la dernière élection présidentielle au Gabon, N’Cho Yao et Zian Smith, tous deux ingénieurs informaticiens, ont été libérés ce samedi 1er octobre par les autorités gabonaises.

Ils sont arrivés en début de soirée à l’aéroport d’Abidjan en provenance de Libreville où ils ont passé 38 jours en détention. Un autre placé en détention, Yeo Sihifowa Namogoh, lui, par contre, n’a pas été libéré. 
 
Les deux informaticiens ivoiriens avaient été arrêtés à l’aéroport de Libreville le jour même de leur entrée sur le territoire alors qu’ils avaient été invités au Gabon dans le cadre de la sécurisation informatique par une société de sécurité appartenant à un proche du président Ali Bongo, bien avant la mise aux arrêts d’un autre Ivoirien Yeo Sihifowa Namogoh qui, lui, fut recruté par le camp du candidat Jean Ping pour mettre en place une base informatique de collecte des résultats de la présidentielle. 
 
Yéo avait été appréhendé par les forces spéciales gabonaises lors de l’assaut du quartier général du candidat Ping. Présentés à l’opinion nationale et internationale comme des spécialistes en piratage informatique et des hackers, Yeo Sihifowa Namogoh, N’Cho Yao et Zian ont toujours affirmé au personnel diplomatique ivoirien en poste à Libreville qu’ils étaient au Gabon pour vendre leur expertise en toute légalité.

Une de nos sources qui s’intéresse au dossier soutient a fortiori que le transfert des données de la présidentielle gabonaise ne se faisait pas par voie numérique, informatique ou électronique, mais plutôt par voie manuelle à travers la confrontation des procès-verbaux.

Thèse confirmée et soutenue par le ministre de la Justice, démissionnaire du Gabon, Faustin Moundouga, qui avait opposé une fin de non-recevoir au président Ali Bongo qui lui aurait demandé à l’époque des faits, selon ses déclarations, d’instruire le procureur de la République afin que ce dernier procède à l’inculpation des présumés hackers ivoiriens. 
 
Toutefois, soulignons que les faits portés à la connaissance de l’opinion relevant d’une gravité nous laissent constater, le cas échéant, l’écroulement d’un château de termite. Car, le 1er août, dans un communiqué, le gouvernement gabonais a accusé une cellule de cybercriminels ivoiriens d’avoir conçu une application pirate «pour porter atteinte à la sûreté de l’État».

Dans de termes graves : «Le ministre de la Défense nationale informe l’opinion nationale et internationale que le Gabon fait l’objet de menaces portant gravement atteinte à la sécurité et la sûreté de l’État»», indique d’entrée le communiqué signé par le ministre de la Défense, Mathias Otounga Ossibadjouo. 
 
La libération des deux jeunes informaticiens accusés à tort ou à raison de cybercriminalité pose plusieurs interrogations... Ce qui est certain, outre la collaboration entre les deux États, c'est qu’aucune charge n’a été retenue contre les deux informaticiens mis aux arrêts durant 38 jours et qu’ils n’avaient rien fait d’illégal.

Mieux, les deux pays ont choisi la voie de la raison pour éviter tout autre rebondissement sur le dossier, car, selon nos sources, les deux camps au Gabon ont eu recours à des experts informaticiens ivoiriens qui ont bâti de part et d’autre une base de données de traitement et de collecte des résultats. 
 
Au grand bonheur de leurs proches et parents, N’Cho Yao et Zian Smith, après un entretien avec l’ambassadeur de Côte d’Ivoire au Gabon, Phillipe Mangou, ont atterri à Abidjan le samedi 1er octobre sans faire la moindre déclaration. Cependant, Yeo Sihifowa Namogoh dont l’arrestation fut médiatisée reste toujours en détention au Gabon. 
 
RODRIGUE FÉNELON