Lenteur dans la libéralisation de l’espace audiovisuel : Et si les politiciens ivoiriens craignaient les débats contradictoires

  • 20/07/2016
  • Source : Lebabi.net
En Côte d'Ivoire, l'absence de télévisions privées n'est pas due au fait que l'on craint pour l’avenir de la Radio télévision ivoirienne (RTI) dont certainement les audiences risquent d'en pâtir, mais cela est du fait des hommes politiques qui ont peur de débats contradictoires.

C’est du moins ce que pense Geoffroy Kouaho, juriste-consultant, politiste,  qui  estime qu'il y a un manque de débats contradictoires en Côte d’Ivoire du fait de l’unicité d’une chaîne de télévision.
 
"La Côte d’Ivoire est le seul après l'Érythrée qui ne dispose que d’une seule chaîne de télévision" a-t-il révélé.
 
Selon lui, une démocratie se construit à partir de débats contradictoires, surtout à la télé qui a un impact direct sur les populations, indiquant que les politiciens ont peur du débat contradictoire.
 
En effet depuis le l’ère  Bédié à celle du Président actuel  Alassane  Ouattara, en passant bien-sûr par les dix années de pouvoir de Laurent Gbagbo, chaque Gouvernement a annoncé en fanfare la libéralisation de l'espace audiovisuel ivoirien.
 
Mais près de deux décennies plus tard, force est de constater que les ivoiriens qui n’ont pas le luxe de s’offrir  des chaînes câblées se contentent des programmes de la seule chaîne disponible.
 
En 2013, lors de la célébration de la liberté de la presse, la ministre de la communication Affoussiata Bamba Lamine, justifiait la non-diffusion des sorties de l'opposition par le fait que la Côte d'Ivoire sortait d'une crise et qu'il fallait laisser du temps aux populations pour se remettre des séquelles des guéguerres pouvoir-opposition.
 
Trois ans plus-tard et alors que la Côte d'Ivoire fait ses valises pour aller à l'émergence à l’horizon 2020, l'opposition est toujours quasi inexistante à la télévision nationale si ce n’est l’apparition sporadique de leaders soupçonnés d’être des collabos et de prêcher pour la chapelle du pouvoir en place. 
 
Alors que les autorités étatiques  à travers reportages, publi-reportages, éditions spéciales, émissions taillées sur mesure peignent un tableau reluisant de leurs actions en étalent leurs prouesses, à l’ensemble de la population,  l'opposition elle ne dispose que de la presse écrite pour réagir, laissant une faible manœuvre au citoyen lambda qui n’a pas le temps d’acheter un journal et de porter ainsi  un jugement impartial.
 
Pourtant  ceux que nos dirigeants se plaisent à imiter réagissent différemment. En France par exemple, à chaque sortie du président Hollande, l'opposition, à travers les chaînes privées tirent souvent à boulets rouges sur lui, non pas pour  le livrer à la vindicte populaire ou fomenter un coup d’Etat, mais  pour plutôt rééquilibrer  le débat et permettre aux français d’appréhender le sujet sous un autre angle, qui à eux de se faire leur propre point de vue.
 
Mais ici, de quel canal dispose l’opposition pour réagir à part les réseaux sociaux, la presse écrite et une certaine presse en ligne qui n'est pas encore officiellement reconnue.
 
Malgré ces tares, le pouvoir actuel a fait l’effort  en matière de volonté de libéralisation de l'espace audio visuel, en lançant, fin mai des appels d’offres pour l’ouverture de l’espace audiovisuel ivoirien. 
 
Selon le chronogramme, les dossiers de candidatures seront analysés le 31 octobre 2016 pour aboutir à la signature des conventions avec les opérateurs attributaires, une fois que le premier site de diffusion du réseau TNT sera opérationnel.
 
Vivement donc la fin de l'année pour voir émerger d'autres chaînes de télévision.

Ahopol