Le Mexique enterre ses morts après son pire séisme en un siècle

  • 11/09/2017
  • Source : France24
Trois jour après le séisme survenu au Mexique, les proches des victimes ont commencé dimanche à enterrer leurs morts dans le sud du pays, où des dizaines de personnes sont décédées. De nombreuses répliques et l'aide tardive attisent les tensions.

Les unes à la suite des autres, les processions funéraires se sont longuement succédées, dimanche 10 septembre, à Juchitan, dans le sud du Mexique. Cette ville de 100 000 habitants est située au cœur de l’État d'Oaxaca, terrassé par un tremblement de terre de magnitude 8,2 dans la nuit de jeudi à vendredi. Au moins 70 personnes y sont mortes.

"Nous informons que le bilan des personnes qui ont perdu la vie est passé à 90, dont 71 dans l'État d'Oaxaca, 15 au Chiapas et 4 dans l'État de Tabasco", a indiqué la protection civile mexicaine dans un communiqué diffusé dans la soirée de dimanche.

Un bilan largement revu à la hausse puisque dans l'État d'Oaxaca, le plus meurtri par ce puissant séisme, 25 nouvelles victimes ont été dénombrées dans la journée alors que le pays commençait à enterrer ses morts.

"Je ne sais pas si je pleure de tristesse, à cause du choc ou par peur de ce qui nous attend maintenant", raconte un habitant de Juchitan, Refugio Portales, en suivant le cercueil d'un ami au son des trompettes et tambours d'un orchestre traditionnel mexicain.

Peu avant, une femme de 85 ans, Manuela Villalobos, morte durant son sommeil dans l'effondrement de sa maison, avait été portée en terre entourée de ses proches, dont certains en tenues indigènes aux motifs colorés.

Plus de 800 répliques en trois jours

Depuis jeudi soir, plus de 800 répliques ont été comptabilisées, fragilisant dangereusement des structures déjà endommagées. "Nous avons peur d'entrer dans nos maisons pour retirer les décombres, mais nous n'avons pas le choix parce que personne ne nous aide", regrette Carlos Villalobos Martinez, un retraité de 58 ans ayant échappé "par miracle" avec sa famille à l'effondrement de sa maison.

Plusieurs familles accompagnées d'enfants et de personnes âgées s'étaient installées sur la petite place de l'église, d'autres avaient déployé des hamacs sous des arbres à proximité de leur maison. "Si nous restons dans nos maisons, nous risquons d'y être ensevelis, mais si nous partons dans les abris, on risque de nous voler nos biens", explique Hector Aguilar, un professeur d'histoire de 52 ans.

Parmi la population, l'exaspération semble croissante devant la lenteur, selon eux, de l'aide apportée. La nourriture se fait rare dans la ville et le prix de la tortilla de maïs a plus que doublé en quelques jours, passant de 30 à 70 pesos (environ 3,5 euros). Certains commerçants vendaient, samedi, leurs produits par une fenêtre de crainte d'éventuels pillages.

"En nous unissant, on peut surmonter la catastrophe"

L'aide a toutefois commencé à affluer dans cette région de petites montagnes, où vivent des communautés indigènes parfois isolées. "Nous sommes venus soutenir nos frères qui sont ici à Oaxaca. Il n'y a plus de recherche de personnes, mais du soutien à la communauté", a déclaré à l'AFP Miguel Angel Nava, un secouriste participant à la distribution de vivres et au traitement des blessés.

"C'est une tâche titanesque, c'est un séisme aussi grave que celui de 1985. Mais en nous unissant, on peut le surmonter", a assuré ce volontaire en combinaison orange, tout en se joignant à une chaîne humaine pour déblayer les ruines d'une maison.

Dans le reste du pays, des vivres ont été récoltées pour venir en aide aux survivants, notamment au Zocalo, dans le centre de la capitale Mexico.

L'épicentre du tremblement de terre - le plus puissant en un siècle au Mexique - a été localisé dans le Pacifique, à environ 100 kilomètres au large de Tonala (État du Chiapas), selon le centre géologique américain USGS. La secousse, qui a aussi fait plus de 200 blessés, a été ressentie jusqu'à Mexico, y déclenchant des mouvements de panique, mais aussi au Guatemala, dont quatre habitants ont été blessés.