Le cacao ouest-africain à nouveau dans la tourmente

  • 30/01/2017
  • Source : RFI
Le prix du cacao a tellement chuté que la Côte d'Ivoire, premier producteur mondial, fait de la rétention de fèves tandis que le Ghana, numéro deux, veut libéraliser la filière.

Le cacao ouest-africain est en pleine tourmente. Le prix mondial a dégringolé de 30% depuis août dernier, ce qui a poussé la Côte d'Ivoire, premier producteur mondial, à cesser de vendre le cacao à travers sa messagerie électronique il y a un mois. Si les multinationales qui broient les fèves sur place s'en sortent, les exportateurs plus modestes manquent de liquidités et ils ne paient plus les producteurs depuis la mi-décembre.

150 000 à 250 000 tonnes de cacao seraient stockées en Côte d'Ivoire, c'est autant d'argent bloqué par le Conseil du café cacao à ses propres dépens, alors que l'organisme doit garantir le paiement des producteurs. Cette situation rappelle de mauvais souvenirs : à la fin des années 80, la Côte d'Ivoire de Félix Houphouët-Boigny avait tenté de faire remonter les cours du cacao en faisant de la rétention. En vain. La Côte d'Ivoire avait finalement dû brader ses fèves.

Vers une production record en Côte d'Ivoire

A force de crier au loup sur la pénurie future de cacao ces dernières années, on a poussé l'industrie à fabriquer des produits moins riches en chocolat. Alors que l'offre, elle, a été encouragée, jusqu'au Pérou. En Côte d'Ivoire, les producteurs mieux récompensés d'année en année ont défriché pour planter du cacao et utilisé plus d'engrais. Résultat cette année, la Côte d'Ivoire va battre un record de production avec 1,5 million de tonnes de cacao, la pluie ayant été au rendez-vous.

D'où cette chute des cours, subie également par le Ghana voisin. Le deuxième producteur mondial a la double peine : il ne peut pas étendre aussi facilement sa production parce qu'il n'a pas le même réservoir de terres. En pleine disette budgétaire, le nouveau gouvernement ghanéen de Nana Akufo Addo remet en cause les subventions aux engrais et aux semences du Cocobod, l'organisme public équivalent de la Caisse de stabilisation ivoirienne, démantelée dans les années 90.

Place aux investisseurs privés au Ghana, le nouveau pouvoir veut libéraliser la filière cacao. Ce que la Côte d'Ivoire a fait il y a vingt ans avant de revenir à un système régulé après l'élection d'Alassane Ouattara. L'histoire du cacao se répète, au gré des cours mondiaux.