La guerre du Biafra : 50 ans après une histoire toujours dans les mémoires

  • 31/05/2017
  • Source : afrik.com
Il est des guerres qui marquent la mémoire. Et celle du Biafra en est une. Entre 1967 et 1970, plus d’un million de Nigérians trouvent la mort au cours de la tentative de sécession de la région pétrolière du Biafra. 50 ans après, sans en connaître les tenants ou les aboutissants, ni même pour beaucoup où le conflit a exactement eu lieu, chacun sait confusément qu’un drame s’y est déroulé, qu’il y était question de contrôle des réserves pétrolières mais aussi de problèmes religieux opposant une minorité chrétienne d’une vingtaine de millions sur les près de 200 millions d’âmes que compte le Nigeria.

« Aucun des problèmes qui ont mené à la guerre du Biafra n’a encore été résolu. Ils sont encore là. Nous avons une situation qui rampe vers le type de conditions qui ont vu le début de la guerre  ». Espérons (seulement) que l’Histoire ne soit pas au Nigeria un éternel recommencement.

50 ans après un des conflits les plus meurtriers d’Afrique, le président intérimaire Yemi Osinbajo a lancé en début de semaine un appel pour que la nation reste unie, alors que l’agitation se renouvelle autour de l’idée de création d’un état indépendant de Biafra : "Aucun pays n’est parfait. Dans le monde, nous avons vu et continué à voir des expressions de mécontentement intra-national ", a déclaré le président par intérim. "La vérité est que beaucoup, sinon la plupart des nations du monde, sont constituées de peuples et de cultures, de croyances et de religions, qui se retrouvent unies par le fait de circonstances".

Rappel historique

 Juillet 1966. Un coup d’état militaire instaure un Gouvernement fédéral militaire (GFM). A sa tête, le lieutenant colonel chrétien Yakubu Gowon, placé là par la junte musulmane, et chargé de rétablir au plus vite le régime civil. A la recherche d’unité nationale, Lagos ne peut éviter les persécutions dont est victime l’ethnie Igbo (chrétienne) dans le nord du pays. Huile sur le feu : le gouverneur militaire de la région Est - fief du peuple Igbo - le lieutenant colonel Chukwuemeka Odumegwu Ojukwu refuse de reconnaître la légitimité de Gowon. Chronique d’une guerre annoncée.

 Mai 1967 : proclamation de l’indépendance du Biafra

Dernier effort pour sauver le pays de la guerre civile, les autorités ghanéennes tentent une médiation pour trouver un consensus politique à la crise. L’accord d’Aburi (janvier 1967) propose l’abandon du système des régions au profit de la division du territoire en douze Etats fédéraux. Insuffisant pour le gouvernement d’Ojukwu, qui déclare que tous les revenus générés dans la région seront désormais bloqués par le gouvernorat du Biafra. A titre de réparation pour le coût des transferts de population engendrés par l’exode des Igbos du Nord fuyant la répression.

L’Assemblée consultative de la région de l’Est enfonce, le 26 mai 1967, le dernier clou du cercueil de la réconciliation nationale, en votant la sécession du Biafra. Lagos déclare l’état d’urgence. Trois jours plus tard, Ojukwu proclame l’indépendance de la République du Biafra, renommée par la suite Golfe du Biafra. La réaction du GFM ne se fait pas attendre. Et ce qui n’était, au départ, que « des mesures policières », s’est rapidement transformé en une véritable guerre civile. Un conflit où, au plus fort des combats, les troupes fédérales aligneront près de 250 000 hommes...