La Côte d’Ivoire se déchire sur un nouveau projet constitutionnel

  • 10/09/2016
  • Source : France Info
La polémique bat son plein à Abidjan depuis que le président ivoirien Alassane Ouattara a mis en place un groupe d’experts chargé d’élaborer la nouvelle Constitution ivoirienne qui sera soumise à référendum en octobre 2016.

 Ses opposants l’accusent de dérive monarchique. Ils lui prêtent l’intention de préparer un troisième mandat auquel il n’a pas droit.
 
L’une des principales innovations du nouveau texte concerne la création d’un poste de vice-président élu au suffrage universel direct, en même temps que le président de la République.
 
«En cas de vacances du pouvoir, le vice-président garantit la continuité de l’Etat d’une part et le respect du calendrier électoral d’autre part», a expliqué Alassane Ouattara dans un discours à la nation. Pour l’opposition ivoirienne, il s’agit, ni plus ni moins, de préparer le terrain au futur successeur du Chef de l’Etat qu’il choisira le moment venu.
 
«La Côte d’Ivoire danse sur un volcan»
Le Front populaire ivoirien, le parti de l’ancien président Laurent Gbagbo, a été le premier à réagir en appelant à des manifestations de rue dès la fin du mois de septembre pour faire échec à ce projet du président Ouattara.
 
«C’est un autre mandat présidentiel qu’il veut s’octroyer. Parce que, qui dit nouvelle Constitution, dit troisième République. Soyons donc vigilants pour s’opposer à cette mascarade», a aussitôt dénoncé Abou Drahamane Sangaré, fidèle ami et compagnon de lutte de Laurent Gbagbo.
 
Pour lui, «la Côte d’Ivoire n’est plus sur des braises, elle danse sur un volcan». Les dirigeants du Front populaire ivoirien, toutes tendances confondues, prêtent au président Ouattara l’intention de vouloir opérer un passage en force.
 
«Nous considérons que le projet du chef de l’Etat est mal engagé, qu’il est porteur de graves divisions et qu’il contribuera à créer, dans les semaines et mois à venir, de fortes tensions dans ce pays. Nous ne souhaitons pas que cette Constitution, au lieu d’être une Constitution nationale, soit en fait le testament du chef de l’Etat», a martelé Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien.
 
L’opposition propose la convocation d’une assemblée constituante
L’opposition ivoirienne a donc exclu toute rencontre avec le comité d’experts mis en place par le chef de l’Etat. Elle demande la convocation d’une assemblée constituante et critique d’autres dispositions annoncées par Alassane Ouattara comme la création d’un Sénat, d’une Chambre des rois dans une période de vaches maigres pour le budget de l’Etat.
 
Le Comité d’experts en droit constitutionnel mis en place par le président Ouattara s’est mis au travail avec pour mission d’aider le peuple ivoirien à sceller «un nouveau contrat social». Le directeur général de Fraternité Matin, Venance Konan, est parmi les partisans de l’initiative présidentielle. Il soutient que la Constitution du 1er août 2000 est à l’origine des crises en Côte d’Ivoire, en ce sens qu’elle a divisé les Ivoiriens en les catégorisant.
 
L'article 35, assimilé à l'ivoirité
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