Kouadio Konan Bertin dit « KKB », un cadre du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci), a annoncé mardi avoir fait « la paix » avec Henri Konan Bédié, président de cette formation politique dont il est issu, après « quelques années de rapports un peu tumultueux ».
« Depuis quelques années, mes rapports avec le président Henri Konan Bédié ont été un peu tumultueux, et nous nous sommes retrouvés ce week-end (à Daoukro, ville natale de M. Bédié, située dans le centre-est ivoirien) pour faire la paix, mais définitivement », a dit KKB dans un entretien à APA.
L’ex-président de la jeunesse du Pdci, Kouadio Konan Bertin, s’est réjoui de l’ambiance lors de cette rencontre aux allures d'une retrouvaille entre un « père » et son « fils », confiant que l’ex-président ivoirien Henri Konan Bédié « ne pouvait qu'être heureux ».
« Nous sommes allés faire la paix, parce que nos militants du Pdci ne comprendraient pas mon attitude de visiter les autres leaders, sans chercher à régler mes problèmes avec le président Bédié », a-t-il dit, tout en insistant « le président Bédié et moi avons fait la paix ».
Selon lui, « en politique, il y a un temps pour se battre et un temps pour faire la paix », surtout que la Côte d'Ivoire « a trop souffert de la guerre, de la division et des querelles inutiles ». Une raison qui l’a amené à « défiler à la Haye pour rendre visite à Laurent Gbagbo », issu d’un parti autre que le sien.
« Traditionnellement opposé au Pdci, ces incessants voyages (vers la Cour pénale internationale pour rencontrer l’ex-président Laurent Gbagbo) ne visent qu'un seul objectif, la recherche de la paix par le dialogue », a-t-il ajouté, souhaitant que « les leaders politiques ivoiriens apprennent à se parler ».
Il s’est félicité qu'au sortir de la Haye pour la dernière fois, il ait lancé l’idée que les acteurs politiques et leurs sympathisants sortent « définitivement de la logique de la belligerance pour s‘installer et s’engouffrer dans la voie de la paix ».
M. KKB, qui estime que « le pouvoir ne se donne jamais », n’était pas ostensiblement partisan de l'alternance politique au profit du Pdci au sein du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), la coalition au pouvoir, de laquelle l’ex-parti unique vient de se retirer.
« Je ne cherche pas forcément à avoir raison de mon père Henri Konan Bédié, ce n’est pas dans notre culture. Le plus important, c’est que nous avançions », a déclaré KKB, dont la candidature à la présidentielle de 2015 n’avait pas été parrainée par le Pdci, qui a soutenu Alassane Ouattara pour un second mandat.
S’exprimant sur l’amnistie prise par le président Alassane Ouattara ayant permis la libération de près de 800 personnes dont Simone Gbagbo, l’épouse de l’ex-président ivoirien, il a salué cet « acte concret qui booste la réconciliation » d’où « il faut saisir cette opportunité pour s’asseoir et se parler ».
« Il faut qu'on discute et cherchions à régler nos différends par la voie du dialogue », a-t-il poursuivi, laissant entendre qu' après sa rencontre avec M. Gbagbo à la Haye, il croit que l’ex-chef de l’Etat ivoirien « n’est pas dans la logique de vengeance et de la haine, mais bien au contraire ».
La Côte d’Ivoire a connu en 2010/2011 une crise postélectorale ayant fait plus de 3.000 morts. Pour KKB, « après la partie militaire il faut qu' on fasse place à la politique » pour favoriser la discussion, car « on ne peut pas reconstruire le pays avec le cœur plein de haine et de vengeance ».
AP/ls/APA
KKB fait la «paix» avec Bédié après des années de «rapports un peu tumultueux»