Kenya : la colère et la déception des partisans d’Uhuru Kenyatta dans son fief de Gatundu

  • 15/09/2017
  • Source : Jeune Afrique
À Gatundu, ville d’origine d’Uhuru Kenyatta dans le centre du Kenya, les habitants dénoncent une décision injuste et injustifiée de la Cour suprême, et promettent une victoire certaine lors des prochaines élections présidentielles, le 17 octobre. Reportage.

Dominic Marangi pointe fièrement un portail imposant sur lequel on aperçoit le bouclier et les deux lances du drapeau Kényan. « Voici la maison de deux des quatre présidents que le Kenya a eu », dit cet habitant du voisinage. C’est ici, à Gatundu dans le comté de Kiambu, que Jomo Kenyatta le père de l’indépendance, a passé une grande partie de sa vie, loin de la présidence à Nairobi qu’il considérait, disent les habitants, comme hantée par les fantômes des colons anglais. C’est ici aussi, que le premier président a fait prêter des « serments d’allégeance kikuyu » à des milliers de Kényans, afin d’unifier sa tribu derrière lui à la fin des années 1960.

C’est également à Gatundu qu’Uhuru Kenyatta, son fils, est venu voter le 8 août dernier avant que sa victoire ne soit déclarée « nulle et non avenue » par la Cour suprême. Un revers violent pour le président et pour son clan. Les Kikuyus, majoritaires au Kenya (17% de la population) dominent la vie politique du pays depuis l’indépendance, à l’exception des 24 ans au pouvoir de Daniel Arap Moi, un Kalenjin (1978-2002).

Le ton monte d’un cran

Ici, Uhuru Kenyatta aurait remporté plus de 90% des voix le mois dernier. Et la colère contre les juges est grande : « C’est peut-être juste pour eux, les leaders de l’opposition, mais ce n’est pas juste pour nous. La cour n’a pas respecté la volonté des votants », s’exclame Irène Kinyanjui, vendeuse de légumes, en arborant fièrement sa jupe à l’effigie du président. Dans le centre du Kenya, le ton est monté d’un cran la semaine dernière, lorsque Moses Kuria, député fraîchement réélu de la circonscription da Gatundu, a appelé sur sa page Facebook à « une chasse aux 70 000 personnes ayant voté pour l’opposition dans le comté de Kiambu »...