Insécurité à Abidjan: Le règne des braqueurs

  • 29/03/2014
  • Source : Nord-Sud
Outre les dysfonctionnements du système sanitaire, l’affaire Awa Fadiga est révélatrice de l’insécurité qui prévaut à Abidjan. L’agression qui a conduit le jeune mannequin au Centre hospitalier universitaire (Chu) de Cocody n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Il y a moins d’une semaine, devant le siège de Nord-Sud Quotidien, à Cocody-Angré 7e tranche, une scène tout aussi révoltante s’est produite.

A 21 heures, une moto s’arrête au niveau d’une passante. Sur l’engin se trouvent deux jeunes hommes. Ils réclament le sac à main de la dame. Surprise, celle-ci, croyant certainement avoir affaire à des plaisantins, refuse de s’exécuter.

L’un des bandits tente de lui arracher le sac, mais elle continue de résister. D’autres passants assistent à la rixe. Certains ont eu sans doute l’intention d’intervenir, mais n’ont pu le faire avant que le second braqueur sorte un pistolet automatique et menace d’ouvrir le feu sur la victime. Voilà comment l’infortunée s’est résignée à laisser les agresseurs partir avec ses effets.

Quelques jours plus tôt, l’un des responsables de votre journal a été témoin d’une agression quasi similaire non loin du rond-point de la Riviera-Palmeraie. Sous ses yeux, d’autres jeunes gens à moto ont arraché les téléphones portables de plusieurs personnes. La même semaine, encore à la 7e tranche, un ami au footballeur Traoré Lacina a subi le même sort, cette fois-ci en plein après-midi (16 heures), dans une laverie d’autos.

A côté de cette nouvelle forme de criminalité, la vieille pratique du braquage à l’intérieur des taxis regagne elle aussi en intensité. Parfois, vous empruntez le véhicule avec un seul occupant visible, à savoir le conducteur, et chemin faisant, un autre surgit à l’arrière de la voiture, et vous êtes pris en sandwich. C’est ce qui est visiblement arrivé à la pauvre Awa Fadiga.

Ce qui inquiète le plus, c’est l’insouciance dans laquelle les bandits opèrent. Ils savent que les équipes du Centre de commandement des décisions opérationnelles (Ccdo), pièce maîtresse du dispositif anti-criminalité, ne sont pas à tous les coins de rue, et n’interviennent qu’après les faits. Ils savent aussi que la vidéo surveillance annoncée par le ministre de la Sécurité, Hamed Bakayoko, n’existe qu’à quelques endroits.

Ils savent enfin que la police criminelle, plus efficace contre ce type de banditisme, est de moins en moins opérationnelle. Non seulement les agents se plaignent d’être sous-équipés, mais ceux que nous avons interrogés avouent avoir « baissé les bras » à cause de la corruption qui gangrène l’appareil judiciaire. 
 
 
Par Cissé Sindou