Gestion d’une paroisse catholique à Yopougon : Les fidèles et Mgr Lézoutier à couteaux tirés

  • 19/09/2013
  • Source : Notre Voie

Les fidèles de la paroisse Notre Dame de l’Annonciation de Yopougon Nouveau quartier et l’évêque coadjuteur, Mgr Jean Salomon Lezoutier, ne sont pas en odeur de sainteté. A cause de l’affectation précipité du curé Raoul Joachim Yobou. 
 
« Sur le plan socio-politique, les choses ne vont pas comme il se doit compte tenu de l’impact de la crise post électorale. Mais si on ne peut pas se refugier dans la religion pour panser nos plaies, en ce moment qu’allons-nous devenir ? Nous en avons assez de la manière dont Mgr Lézoutier gère notre paroisse avec les affectations qui laissent à désirer », confie une fidèle de la paroisse Notre Dame de l’Annonciation qui a requis l'anonymat. Les fidèles sont d’autant plus déçus de la façon dont les choses se passent au sein de leur paroisse qu’ils ne savent plus à quel saint se vouer. Ils disent ne pas comprendre pourquoi Mgr Lézoutier ne respecte pas les critères relatifs à la période qu’un curé doit passer au sein d’une paroisse. Ils ont pris le cas du curé Raoul Yobou qui, selon eux, n’a passé que 10 mois à Notre Dame de l’Annonciation du Nouveau quartier.

Et que celui qui l’a précédé n’a fait que 2 ans. L’abbé Raoul Yobou, selon les fidèles, avaient engagés de grands chantiers au sein de la paroisse comme son agrandissement, la construction de la grotte, la restructuration du centre médico-social, etc. Les fidèles qui se plaignent disent que l’abbé Raoul Yobou dés son affectation au sein de la paroisse a institué une gestion transparente d’autant qu’il y avait l’opacité au niveau du paiement des factures de la Compagnie ivoirienne d’électricité (Cie), de la Sodeci et même de l’encaissement des loyers des magasins. A les en croire, ce sont les paroissiens qui orchestraient une gestion opaque qui font à Mgr Lézoutier des rapports pas fondés sur la gestion de la paroisse. « Ceux-ci ont rapporté à Mgr Lézoutier que le curé Raoul Yobou a prié pour le président Laurent Gbagbo et Mme Simone Gbagbo lors de la fête des pères et celle des mères. L’évêque coadjuteur a pris cela en mal », ont révélé les fidèles. 
 
La pétition, selon les fidèles, est l’expression de leur ras-le-bol. Ce qui ne constitue t-il pas une grande première dans l’histoire de l’Eglise catholique en Côte d’Ivoire ? Pourquoi Mr Lézoutier a refusé de recevoir les fidèles qui ont tenté de le rencontrer fin juillet dernier? 
 
Le révérend père Benoît Kouassi, directeur du bureau de communication et des publications, porte-parole du diocèse de Yopougon, dans son droit de réponse paru dans un quotidien, le 30 août dernier, face aux accusations des fidèles de la paroisse suscitée a reconnu que les curés sont affectés pour six ans au sein d’une paroisse. « Cependant, Ils peuvent être envoyés à tout moment, ailleurs pour des besoins précis de l’Eglise et pour une juste cause. Ce fut le cas du curé de Notre Dame de l’Assomption. Nulle part dans le droit canonique, il est dit que l’évêque doit consulter les fidèles laïcs quant aux affectations et nominations des curés comme le réclame ce groupe de dissidents de la paroisse », a-t-il argumenté. L’affectation du curé Raoul Yobou, a-t-il dit, est un besoin ecclésial. Et que ce n’est pas la première fois qu’un curé qui n’est pas en fin de mandat est affecté pour les besoins de l’Eglise et d’autres charges. 
 
Lors du colloque organisé, en juillet dernier, à la cathédrale Saint Paul du Plateau, dans le cadre du jubilé de diamant du sacerdoce du cardinal Bernard Agré, le curé de la paroisse St Viateur de la Riviera-Palmeraie, Père Charles Koffi, dans sa communication intitulé «Les critères d’une Eglise autonome selon le Cardinal Agré», a touché du doigt le problème des affectations des prêtres. « Tout ceci, en réalité, pose le problème de la gestion des ressources humaines trop dépendante de la volonté et aussi de l’ethnie du chef et de son entourage. Notre Eglise a aussi besoin de grandir un peu plus dans la gestion de ses hommes, dans le strict respect des dispositions canoniques et en refusant la discrimination ethnique », a-t-il dit. Et de s’interroger : « On se pose toujours la question, à un certain niveau, de savoir dans quelle logique les nominations sont faites ? La promotion si tant est qu’on peut en parler, est-elle le résultat de l’âge, de l’ancienneté, de la compétence ou de l’appartenance à la même communauté ethnique ou à la même promotion de classe ? Est-ce une logique spirituelle, pastorale, budgétaire ou ethnique qui guide les choix ? »
 
Gomon Edmond