Fonction publique: l’augmentation salariale est-elle possible en 2014 ?

  • 28/08/2013
  • Source : Nord-Sud

Une contradiction se lit entre la promesse d’augmenter les salaires des fonctionnaires l’année prochaine et la volonté affichée de maîtriser la masse salariale. « Les salaires des fonctionnaires et agents de l’Etat connaîtront une augmentation l’année prochaine », promet le Président Alassane Ouattara lors d’un entretien retransmis sur les antennes de la télévision nationale, dans le cadre de la commémoration du 53ème anniversaire de l’indépendance. Concernant les travailleurs du privé, le chef de l’Etat indique que « le gouvernement va engager des négociations avec le patronat », en vue d’une augmentation des salaires de ceux-ci. Bien avant, en visite d’Etat au Congo Brazzaville, Alassane Ouattara annonçait les couleurs : « nous-mêmes, nous devons faire des efforts par rapport au coût de la vie, en relevant tous les ans les salaires, en faisant une revalorisation.

Nous nous donnons une année. Dès l’année prochaine, nous allons augmenter les salaires à la Fonction publique. » Cette contradiction qui inquiète. Cependant, sur la question de l’augmentation, le chef de l’Etat ne semble pas être sur la même longueur d’onde que ses collaborateurs en la matière. Le doute s’est installé dans l’opinion depuis le communiqué du conseil des ministres tenu à Yamoussoukro le 19 décembre dernier. A la suite d’une communication du ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative, Gnamien Konan, le gouvernement, selon son porte-parole, entérine la décision de proposer une nouvelle grille salariale objective, « qui tienne compte des capacités de l’Etat et du coût de la vie (…) Bientôt sera finie la discrimination salariale pour un même poste. » Si les uns se réjouissent en y voyant une augmentation tous azimuts des salaires, Gnamien Konan, lui, monte au créneau quelques jours après pour repréciser l’enjeu.

A son dire, il s’agit d’harmoniser les salaires pour plus de justice dans son département. « Pour un même grade, des fonctionnaires touchent au moins sept fois plus que certains. C’était une situation ingérable, une injustice », recadre-t-il sur les antennes de la radio onusienne. Validant ainsi le point de vue de l’un de ses collaborateurs, joint par Nord Sud Quotidien au lendemain du communiqué, qui précisait : « A la suite de l’harmonisation, certains fonctionnaires pourraient voir leur salaire baisser et d’autres verront leur salaire augmenter. » On s’installe alors dans une sorte d’imbroglio renforcé par le discours sur la maîtrise de la masse salariale. En 2012, le ratio de la masse salariale sur les recettes fiscales s’établissait à 42,3%, soit au-delà de la norme communautaire qui est de 35%.

Cissé Abdourhamane, directeur de cabinet du ministre auprès du Premier ministre en charge de l’Economie et des finances, regrette que « les effectifs et les dépenses de personnel soient au-delà des normes conseillées tant par les institutions de Bretton Woods que par les institutions communautaires. » Sa sortie s’est faite à l’ouverture d’un séminaire sur le renforcement des capacités de budgétisation et de suivi de la masse salariale organisé par le Centre régional d’assistance technique du Fmi pour l’Afrique de l’ouest (Afritac de l’ouest), du 8 au 12 avril dernier à Abidjan. Il insiste pour dire que la budgétisation et le suivi de la masse salariale constituent des impératifs pour la viabilité des finances publiques. Pour le commis de l’Etat, le processus en cours de maîtrise des effectifs et des dépenses, fondé sur une stratégie de contrôle de la masse salariale constitue un espoir. Rejoignant ainsi l’argumentaire du ministre de la Fonction publique.
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Nesmon De Laure