Filière café-cacao / Avant le verdict aujourd’hui : Les ex-barons entre jeûne, prière, angoisse et espoir

  • 06/11/2013
  • Source : Le Patriote
Sauf revirement de situation, c’est aujourd’hui, après le report de la semaine dernière, que le président du Tribunal, Ahmed Coulibaly doit rende le verdict lié au procès de la filière café-cacao des ex-barons des structures de la mamelle nourricière de la Côte d’Ivoire.

Ce verdict est très attendu par les différents prévenus qui seront ainsi situés sur leur sort dans cette affaire qui défraie la chronique depuis octobre 2007. Selon des indiscrétions, les différents prévenus, sans exception, portent le masque. La sérénité a foutu le camp même si les ex-détenus semblent afficher des mines qui pourraient laisser croire le contraire.
C’est l’angoisse, teintée d’une forte dose d’anxiété et de stress. Ces prévenus, passent le plus clair de leur temps à ressasser les différentes audiences et à trouver des points qui peuvent leur permettre d’échapper à la prison. Et le seul fait d’y penser donne des céphalées à ces anciens bagnards. Des ex-prisonniers ont même vu certaines maladies refaire surface quand d’autres ont contracté des ulcères. Mais qu’à cela ne tienne.

En pareille situation, et comme au moment où ils étaient dans les geôles de la Maca (Maison d’arrêt et de correction et d’Abidjan), Dieu est désormais le bouclier, celui qui délie les nœuds, et la bible, le compagnon inséparable au point où des psaumes ont été appris par coeur. A la veille de ce verdict, l’accent a été mis sur le jeûne et les temps de prières. Des offrandes au Seigneur ont même été faites et nombreux sont ceux qui ont allumé des cierges depuis quelques temps. On n’hésite pas à aller faire des retraites spirituelles pour rester en phase avec le Tout-puissant et porter à ses pieds, ses vœux les plus chers.

Des veillées de prières sont même organisées au domicile de certains prisonniers qui ont décidé de remettre entre les mains du Seigneur, leur destin. Et qui ont même eu des révélations selon lesquelles ils seront libérés. Pour beaucoup, la semaine qui vient de s’écouler a duré une éternité et le long week end, a été une occasion de recevoir le réconfort et les encouragements des parents, amis et connaissances en cette période de stress pour ces ex-barons de la filière café-cacao. «Vraiment, je suis angoissé. Je ne sais que faire et nous attendons tous la décision du président du Tribunal. Nous espérons tous qu’un miracle se produise pour que nous puissions vivre dans la sérénité.

J’avoue que j’ai peur même si j’ai donné les arguments nécessaires qui me disculperaient », a soutenu un ex-dirigeant de la filière à ses proches. Qui a dit cependant s’en remettre à Dieu. Un autre, qui a également requis l’anonymat, estime qu’il ne saurait retourner en prison car ayant fait œuvre utile depuis sa sortie de prison. Pour lui, les actions menées en faveur du monde paysan et dans les zones productrices de café-cacao devraient permettre au Tribunal de première instance d’Abidjan, de passer l’éponge sur les erreurs commises sous la contrainte du défunt régime.
 
La peur d’un retour à la Maca

 
Mieux, d’être plus conciliant à son égard. Ces ex-patrons envisagent difficilement un retour derrière les barreaux car beaucoup parmi eux ont recommencé à (re) vivre à travers des activités entreprises. Arguant même qu’après plus d’un an et demi en prison, et après avoir humé l’air de la liberté, il serait catastrophique pour eux de se retrouver encore à la Maca. D’où leur volonté de faire appel au cas où ils seraient amenés à redevenir des pensionnaires de la célèbre prison de Yopougon.

« Nous espérons aussi que le président Alassane Ouattara nous comprendra et saura intervenir au moment opportun même s’il existe la séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le judiciaire », ont fait savoir des ex-barons de la filière café-cacao poursuivis pour détournement de fonds, escroquerie, abus de biens sociaux, faux et usage de faux. Faut-il le rappeler, il a été requis 20 ans de prison ferme contre Henri Kassi Amouzou (ex-président du Fonds de développement et de promotion des activités des producteurs de café et de cacao / Fdpcc) et chacun de ses lieutenants, notamment Théophile Kouassi (ex-secrétaire exécutif du Fdpcc) ; Ouattara épouse Adou Fatoumata Joëlle Désirée (ex-Dg de Sifca-coop) ; Firmin Kouakou (ex-Dg du Fonds de régulation du café – cacao / Frc) ; Angeline Lahon Kili (ex-présidente du conseil d’administration du Frc) ; Prosper Kouassi Tohouri (ex-directeur des affaires administratives et financières du Frc) ; Jean-Claude Bagnon Bayou (ex-Dg du Fonds de garantie des coopératives de café – cacao / Fgccc) ; Tano Kassi Kadio (ex-Dg de la Bourse du café et du cacao / Bcc) ; Gabriel Yallé Agbré (ex-daaf de l’usine de Fulton à New York) ; Moussa Bado (ex-Dg Forexi) et Diomandé Sindou (expert-comptable). Le procureur a demandé 10 ans de prison pour Mme Obodji née Bossou Amelan Roselyne (ex-daaf du Fdpcc) ; Blaise Kra Banny (ex-Dg adjoint et daaf de Sifca-coop) ; Jean-Claude Amon (ex-Dg de l’usine de Fulton à New-York) et Me Antoine Niamien N’Guessan (notaire).

Il a préconisé 5 ans contre Placide Zoungrana (ex-Pca de l’Autorité de régulation du café et du cacao / Arcc) ; Didier Gbogou Lohoury (ex-Dg de l’Arcc) ; Agbalessi Coffi née Loukou Ahou Dominique (ex-daaf de l’Arcc) ; Lucien Tapé Do (ex-Pca de la Bcc) ; Bolou épouse Dago Sophie Laure-Adèle (ex-daaf de la Bcc) ; Viviane Mensah Magnan (ex-daf de la Bcc) ; Sahé Kouadio, Mathurin Souanga Koffi (ex-Dg de Simatt) ; Okaigny Okaigny (ex-Pca de l’usine de Fulton à New York) et Aka épouse Elloh Evelyne Marguerite (ex-Dg de Coco-service).

Le procureur a par ailleurs, demandé la relaxe de Pauline Kadio Ahoua (trésorière de Sifca-coop) ; Kouassi Kouamé (ex-vice-président de conseil de Sifca-coop) ; Gnako Alfred ; Jacques Mangoua Koffi Sarata (ex-pca du Fgccc) ; Digbeu Toh Lambert (ex-daaf du Fdpcc) pour insuffisance de preuves de leur culpabilité. Mis sous mandat de dépôt depuis juin 2008, les ex-barons de la filière café-cacao ont été mis en liberté provisoire le vendredi 07 janvier 2011, suite à une demande introduite auprès du procureur de la République et examinée par le tribunal.
Jean Eric ADINGRA