Etat civil ivoirien: Voici les zones où de nombreux enfants n’ont pas d’extrait de naissance, la stratégie adoptée pour parer à cette situation

  • 10/12/2019
  • Source : Soir Info
Des milliers d’Ivoiriens et particulièrement des enfants en âge d’aller à l’école n’ont pas, en ce XXIe siècle, d’extrait de naissance. Ce phénomène à la peau dure est, malheureusement, observé dans de nombreuses contrées de la Côte d’Ivoire.

Selon les résultats d’une enquête menée par l’Office national de l’état civil et de l’identification (Oneci), les régions du Gbôklê, de la Nawa et de San Pedro raflent la palme avec moins de déclaration de naissance. L’État de Côte d’Ivoire, qui a pris conscience que cet état de fait compromet l’avenir de nombreuses personnes a, à travers la mise en place du Registre national des personnes physiques (Rnpp), décidé de parer à cette situation.

Bien avant de donner la stratégie que le gouvernement entend mettre en place pour résoudre ce problème d’ordre national, Affesi Affesi, chef des nouveaux mécanismes d’identification à l’Oneci, qui a abordé la question, le samedi 30 novembre 2019, au Plateau, au cours d’une formation à l’attention des journalistes, a expliqué les raisons pour lesquelles des milliers d’Ivoiriens ne disposent pas d’extrait de naissance. A l’en croire, les parents et les personnes interrogés lors de l’enquête ont présenté plusieurs tableaux. Celui de l’éloignement des centres de l’état civil des villages, des campements et des hameaux, mais aussi du manque de moyens financiers.

« Dans de nombreux villages, les parents ont fait savoir que l’éloignement de leurs lieux d’habitation des centres de l’état civil est l’une des raisons fondamentales de la non déclaration de leurs enfants à l’état civil. Ils préfèrent renoncer à ce droit cardinal quand ils pensent qu’ils doivent parcourir de longues distances pour établir des documents administratifs à leurs progénitures », a confié le chef des nouveaux mécanismes d’identification à l’Oneci. Ils ont évoqué également, a poursuivi Affesi Affesi, le fait qu’ils soient confrontés à des problèmes d’ordre financier. Ces difficultés relevées par les populations, a-t-il souligné, sont la conséquence du faible taux de déclaration des naissances dans ces différentes régions de la Côte d’Ivoire.

A en croire le chef des nouveaux mécanismes d’identification en 2017, 70,8 % des enfants nés dans ces zones réputées pour leurs faibles taux d’immatriculation des naissances, ne sont pas inscrits dans les registres de l’état civil. La région du Gbôklê a, à elle seule, enregistré 27,7 % d’enfants non déclarés. Vu ces chiffres qui donnent froid dans le dos, l’État a pris l’engagement d’agir à travers la réforme de l’état civil. Il est donc demandé à l’Oneci de mettre tout en œuvre pour permettre à chaque habitant de la Côte d’Ivoire, de jouir du droit fondamental de disposer d’un extrait de naissance, afin d’être considéré comme un citoyen à part entière. Pour accomplir cette mission, a expliqué Affesi Affesi, l’Oneci a décidé de rapprocher les centres d’état civil des populations.

Il s’agit, à travers cette politique, d’implanter au sein des localités, des centres d’état civil, des bureaux d’ état civil, des circonscriptions d’état civil, des points de collecte communautaires, des points de collectes sanitaires , un terminal de déclaration et un dispositif de gestion. Pour une question d’efficacité, des formations ont été données, afin de permettre aux collecteurs de capter les informations relatives aux différentes naissances enregistrées dans leur zone de compétence. A terme , il est question de rapprocher 8700 villages des bureaux d’état civil et de créer des milliers d’état civil complémentaires. Mieux, a confié le chef des nouveaux mécanismes d’identification, il est envisagé la gratuité de la déclaration des naissances. Le caractère gratuit de cet acte, a souligné le responsable de l’Oneci, oblige désormais le parent à déclarer la naissance de son enfant. « Un parent qui ne déclare pas son enfant, peut être sanctionné », a-t-il averti.

Ce mode opératoire, dont la phase pilote concernera deux (2) localités, la Nawa et San Pedro, s’étendra sur une période de 10 ans. Déjà, a révélé le spécialiste, les tests réalisés, de février à mai 2019 dans certaines localités ont permis d’enregistrer un fort taux de déclaration de naissances dans ces contrées. Il en veut pour preuve, le nombre de naissances déclarées dans a Nawa. De 4000 naissances enregistrées en 2014, les déclarations sont passées à 8000 en 2018. La phase de généralisation va, quant à elle, concerner 22 régions ainsi que 48 consulats.

En somme, la modernisation du système de l’état civil ivoirien vise, au dire de M. Affesi, plusieurs objectifs dont le renforcement de la sécurité du territoire et le fait de garantir les droits des populations ivoiriennes.

Elysée YAO